mardi 30 avril 2013

Tentative de plan cul


04/02/2011

Il n’y a que moi qui me pensais célibataire. Pour elle, nous étions déjà ensemble. Quelque chose avait déjà commencé, notre histoire. Histoire inexplicable, et incompréhensible…Ni pour l’un, ni pour l’autre.

Encore moins pour les autres…Amis, proches, famille, ou lecteurs/lectrices voyeurs de nos blogs respectifs.

 

J’aimais m’exhiber, dans ce journal « intime ». Même si le terme « intime » peut encore faire rire…

 

Lorsque j’étais enfant, j’ai longtemps minutieusement tenu un journal intime. Tellement intime que j’invitais ma mère et mes amis à le lire. C’est donc naturellement que lorsque la technologie l’a permis, je suis devenu blogueur, plus ou moins influent.

 

Un blog (ou web log soit journal du net), est un espace dans lequel chacun raconte sa vie. Cela peut être orienté en mode professionnel, en mode « régime/cuisine », en mode « journal d’ado avec des photos de mes meilleures keupines », en mode « photos érotiques d’un couple face à la routine », voire même en mode « journal intime. Tout court ».

 

C’est dans ce dernier mode que je sévissais.

 

C’est une vraie drogue que d’écrire. Veronica, aussi était une droguée de la plume. Ou plutôt du clavier.

 

J’ai commencé à écrire à une période de ma vie durant laquelle, visiblement, le taf passait loin derrière… J’écrivais des tartines, à peu près toute ma journée. Avec le recul, c’en est même flippant de voir à quel point je me consacrais peu à mon job…

Toutes ces années d’écritures assidues (une note tous les jours, 4 ou 5 ans durant) m’ont permis de créer pas mal de liens avec pas mal de monde.

De me faire des amis… et d’en perdre également (pour ceux qui avaient le malheur de tomber sur mon blog, et des notes où je les taillais violemment… ou ceux qui n’étaient pas d’accord avec mes opinions sur la vie ou sur la politique…)

 

Pour la plupart, je n’ai jamais eu l’opportunité ou la chance de les croiser « In Real Life ». Pour les parisiens ou les parisiennes c’était assez simple, mais pour ceux ou celles disséminés partout en France, c’était plus compliqué.

 

Assez tôt, j’ai sympathisé avec une Lyonnaise. Quelqu’un d’un peu spéciale, un peu rêveuse dans son monde. Elle est rapidement devenue une correspondante au quotidien avec laquelle je prenais plaisir à écrire tous les jours. Souvent, nos emails tournaient plus à l’affrontement qu’autre chose… Mon côté intolérant face à une personne un peu autiste dans l’âme finissait toujours par faire des étincelles. Et puis ma vie m’a appris à être un peu plus tolérant, et à accepter pas mal de différences.

 

Le fait est que lorsque nous nous sommes connus, sur Internet, j’étais en couple. Elle aussi.

Le fait est que j’étais sur le point de l’être de nouveau. Et je n’aurais jamais eu l’opportunité d’essayer un jour dans ma vie, le « sex friend ». Ou « plan cul entre amis ».

 

C’est d’elle que l’idée est venue…

Je viendrais chez elle, on ferait connaissance… Et puis peut être qu’elle me montrerait ses derniers bas, que je la prendrais en photo, et la séance glisserait petit à petit en une partie de cul, histoire de profiter tous les deux de notre célibat.

De la « baise » entre amis, avec ce qu’il faut de tendresse, sans prise de tête, c’était un beau programme. Le tout entre 2 visites de sa ville.

Une simple rencontre entre 2 amis de mails de 4 ans d‘âge, passionnés d’écriture. Toujours prêt à s’écouter l’un l’autre, et surtout très régulièrement prêt à se chamailler. 

 

Je n’ai pas mis longtemps à être convaincu. L’occasion était trop belle.

 

Le rendez-vous avait été planifié le week-end qui précéderait le retour de Veronica, soit le week-end du 20 février. Une semaine avant le retour planifié, du 28 février, week-end durant lequel, enfin je rencontrerais Veronica.

 

« Tu n’as pas l’impression de la tromper en faisant ça ? » m’a-t-on plusieurs fois demandé dans mon entourage…

 

Le sujet avait été également abordé avec Veronica, qui, au début de nos échanges par mails et au téléphone, m’avait expliqué qu’elle acceptait que je puisse avoir des aventures, dès lors que ça ne soit que physique et qu’elle le savait.

 

Pas de sentiment.

Étonnant pour une femme qui avait vécu les 10 dernières années de sa vie à supporter l’adultère de son ex copain.

 

Et puis, pour tromper quelqu’un, il faut être avec quelqu’un.

A partir de quand, « sommes-nous avec quelqu’un » ?

Être au téléphone, virtuellement, ou être juste assez proche d’une personne pour l’entendre susurrer des mots d’amour, des souffles d’excitations sexuelles ou autres promesses d’un avenir conjugué à deux, ce n’était pas selon moi, « être » avec quelqu’un.

 

Avec le recul, j’aurais eu beaucoup de mal à la supporter l’imaginant avec quelqu’un d’autre que moi…

 

C’était « peut être bientôt être avec quelqu’un ». « ou pas ».

 

Et puis, si comme elle le prétendait, elle était bien la femme de ma vie qu’elle envisageait devenir, alors il me fallait, au moins une fois dans ma vie, « consommer » ce que tant d’autres personnes désignaient sous le terme « Plan cul » ou « sexfriend ».

Bon. « Il me fallait »… Non, ce n’est pas le bon terme… juste « j’avais besoin » de connaitre ce à quoi ça ressemblait.

 

Avec le recul, je dois bien admettre ne jamais avoir réussi à poser la différence entre « Plan cul » (ou PC), et « sexfriend » (un coup d‘un soir n‘étant pas dans ma définition du plan cul…).

Une histoire d’affection ? Du fait qu’un PC ne fait que baiser, alors qu’un sexfriend pourra faire d’autres choses ? Ou peut-être tout simplement que le terme « PC » est trop sec, trop orienté cul à proprement parlé.

 

Bref.

Tout était planifié, mes billets de train commandés, et je n’avais qu’une hâte, c’était de prendre mon train vendredi soir, pour passer un bon petit week-end.

Elle était impatiente de me voir. Et peut-être de glisser.

Aussi impatiente que moi j’étais excité.

Par le concept surtout…

 

Mais c’était compter sans la « bonne nouvelle » dont Veronica m‘a fait part, au téléphone, un samedi soir alors que j’étais seul dans mon grand appartement vide…

 

«J’ai une bonne surprise pour toi. Mon ex m’a appelé pour me dire qu’il avait réussi à se libérer une semaine, et qu’il souhaitait venir me rejoindre en Argentine, afin qu’on passe à 3 la dernière semaine, avec sa fille. M’étant engagé avec toi, je lui ai répondu que s’il voulait venir une semaine avec sa fille, alors il la récupérerait, mais que moi, je retournerais en France, afin de voir mon prince charmant qui m’attend depuis trop longtemps. Du coup, je serais là le week-end prochain. C’est génial non ? »

 

Génial.

C’était le mot.

jeudi 25 avril 2013

Le retour non planifié

Elle avait très mal pris, le fait que je lui mente, et que je la lise.

Avant au final, d’utiliser cette arme contre moi, en faisant par moment passer des idées, des concepts, ou des textes pour que je les lise.

 

J’ai aussi rapidement compris (mon passé de blogueur découvert aidant) qu’elle s’auto censurait.

 

Cette raison aurait pu être suffisante pour que l’on cesse de se parler.

Pour « qu’elle » cesse de me parler. J’avais menti.

J’avais violé son âme, son intimité, en lisant son journal, intimement exposé à la terre entière.

Son blog, dont le pseudo était le même que son adresse email.

 

Peut-être attendait elle… que je la lise.

 

Elle non plus ne le savait pas vraiment…

Mais vu tous les moyens de « dissimulation » mis en œuvre pour préserver son anonymat, la question pouvait se poser.

 

Et puis c’est arrivé durant une énième conversation sur gtalk.

Un mercredi soir.

 

« J’ai une bonne nouvelle. Je reviens le 28 février. »

 

Nous étions le 2 février lorsqu’elle m’a appris ça…

Encore 26 jours à l’attendre… Après tout, il y en avait déjà 75 derrière. Alors, qu’est-ce qu’un quart d’attente en plus…

 

« Mais pourquoi dans si longtemps ? »

 

Les vacances.  

Les vacances de sa belle-fille.

De la belle-fille de son ex qui l’avait foutue dehors.

La belle-fille qu’elle avait élevée 10 ans durant. Qui arpentait fièrement ses 13 ans.

 

« Je dois garder ma belle-fille durant les vacances. Quelque part ça fait un peu parti de mon ’job’ mais en plus je le fais avec plaisir. J’ai élevé 10 ans durant les enfants de mon ex, alors je lui dois bien ça. Surtout qu’avec sa nouvelle belle-mère ça ne se passe pas très bien ».

 

Son ex.

Son ex réapparaissait indirectement dans sa vie, à travers sa belle-fille…

« Mais tu ne lui dois rien ! »

 

Elle ne le faisait pas pour son ex, mais pour sa belle-fille. Et aussi car elle l’aimait.

Plus que moi.

« Tu comprendras quand tu auras élevé pendant 10 ans un enfant… »

 

Elle devait passer les vacances avec elle, et plutôt que d’aller à Courchevel, elle lui avait proposé de l’accueillir 2 semaines durant en Argentine.

Ce qui repoussait sa venue à la fin du mois de Février, car au final elle reviendrait avec elle.

 

Moi qui espérait chaque jour son retour, lorsque la nouvelle est tombée en début du mois de Février, je lui ai violemment expliqué ma vision de voir les choses, comme quoi c’était un peu du grand n’importe quoi… Sans parler de combien de temps me ferait-elle encore attendre…

 

Il a plané quelques heures un vague espoir qu’elle revienne pour quelques jours…

 

Espoir rapidement dissipé. A mon grand dam.

Ce soir-là, lorsque j’en ai discuté avec mes collègues de sport, qui suivaient de loin cette histoire, elle avait gagné des points supplémentaires, au niveau du manque de crédibilité.

« Encore un argument qui tombe bien » m’avaient ils soufflé…

 

En effet, alors qu’il aurait fallu que je l’accompagne pour 3 jours à Buenos Aires, venir quelques jours en France, voir son « amoureux » qu’elle convoitait depuis bientôt 4 mois à grand coup d’heures « surtaxées » au téléphone, non, ce n’était pas possible pour elle.

De mon côté, c’est l’argent qui me manquait, pour aller la rejoindre. Car malgré les sentiments, il n’y a que dans les films romantiques que l’on fait des choses incroyables en étant fauchées.

Mais elle, de l’argent, elle en avait à foison. Enfin disons autrement qu’elle ne donnait pas l’impression de manquer.

 

Une fois de plus, peut être grâce à la magie du désespoir, et aux quelques photos qu’elle m’avait envoyée pour me faire « patienter », j’ai fini par accepter l’idée de ne la voir qu’à la fin du mois.

Attendre. Encore. Et toujours.

 

Sur une de ses photos, il y avait sa belle-fille. La « nouvelle excuse » à cause de qui, je devais encore attendre de la voir.

 

Peut-être qu’enfin, s’il n’y avait pas d’accident d’avion ou de mononucléose, je la verrais. Peut- être.

Mais 25 jours me séparaient encore de ma rencontre avec la « future femme de ma vie », comme elle se définissait elle-même.

 

Le moment idéal, donc, pour profiter peut être une dernière fois de ma vie de célibataire.

vendredi 19 avril 2013

Le Blog roman

Durant nos longues heures de discussion j’apprenais à mieux la connaître et vice et versa.

Je tenais régulièrement mon blog, alimenté par des détails plus ou moins croustillants de mon avancée (ma « non-avancée » devrais-je dire) avec Veronica. J’étais plus ou moins évasif, tout en étant néanmoins fortement peu convaincu de la véracité de son existence… Tout du moins de la totalité de son histoire.

 

Après la question restait posée : qu’est ce qui était faux ? Qu’est ce qui ne l’était pas ?

 

Durant l’hiver, quelque part dans le mois de décembre, par mégarde je lui avais envoyé un email à partir de mon compte mail de blogueur.

Sans me googliser, elle s’était contentée de me demander qui était « le pseudo » en question, et en d’autres termes la personne qui répondait à son mail (mail qui lui confirmait que j’étais au restaurant et que donc je n’étais pas « seul » pour décrocher mon téléphone…)

 

C’est à ce moment précis, que je me suis rendu compte de la gaffe que j’avais faites. La première chose que j’ai faites a été de rendre « invisible » toutes les notes dans lesquelles je parlais d’elle, afin que le rapport entre ce « pseudo » et mon identité soit flou.

 

Je ne sais par quel miracle, j’ai réussi à noyer le poisson. Une ou deux fois la question est revenue oralement, jusqu’à ce qu’elle m’écrive par mail qu’elle avait compris que j’avais utilisé le portable d’un ami pour lui envoyer un mail (mon portable, comme tout bon Smartphone se respectant, étant souvent en rade de batterie…)

Cette situation m’allait très bien.

Mais le doute restait néanmoins total. Il était « probable » qu’elle m’ait lu.

 

Je suis alors passé en mode « discret», parlant de moins en moins d’elle sur mon blog.

Je crois aussi que j’avais besoin de cesser de parler d’elle, car sans cesse, les commentaires qu’on me faisait étaient là pour me prouver par A plus B qu’elle était mytho sur toute la ligne. Son « surnom » d’ailleurs, sur mon blog «Meetic Girl » est rapidement devenu « Mytho Girl ».

Je ne voulais pas, voir en face ce mensonge permanent qui était pourtant si évident pour toutes celles et ceux à qui je racontais mon histoire.

 

Et puis les jours ont continué à passer, inlassablement.

Jusqu’à cette discussion, alors que je squattais une salle de réunion vide, durant laquelle elle me parla de ce dicton Argentin comme quoi une femme pour réussir sa vie devait faire 3 choses : avoir un enfant (chose qu’elle n’avait pas encore fait)(enfin… si c’était le cas elle ne me l’avait pas dit…), planter un arbre, et écrire un livre.

 

« J’ai commencé à écrire un blog… » Avait-elle commencé timidement…

 

Mon sang n’avait alors fait qu’un tour.

Piège ? Ou vérité ?

A l’époque j’avais déduis que cela ne pouvait être uniquement qu’un blog rattaché à sa société. En effet lors de mes multiples investigations, j’avais plus ou moins réussi à supposer qu’elle travaillait dans plusieurs entreprises, suppositions qui avec le recul, s’avérèrent être fausses.

 

Alors de quel blog parlait-elle ?

 

Je finis par l’apprendre.

- Pourquoi as-tu cette adresse mail si étrange ? Tu m’as bien donné une explication, mais elle ne tient pas la route… 

- … Si je te le dis, me promets tu de ne pas chercher quelque chose ?

- Bien sûr.

 

Et bien en fait, c’était son nom de blogueuse « Je tiens un blog depuis la mort de mes parents… Mais cela fait longtemps que je n’y vais plus… Les notes dessus sont assez anciennes… »

 

C’était là, en face de moi, et pourtant, dans mes investigations inquisitrices, à aucun moment je n’avais pensé à tout simplement « googliser » son identifiant d’adresse mail.

Avec le recul, je ne comprends même pas comment, uniquement avec son prénom et le mot « blog », je n’ai pas été de suite frappé par le fait que la première page sur Google pointait directement sur son blog perso.

Très perso.

 

Tout y était.

Depuis son inscription sur Meetic.

Ses différents prétendants.

Notre première discussion.

Le rendez-vous manqué.

Nos échanges épistolairement électroniques.

Notre premier coup de fil, et les autres.

Son départ.

Sa maladie.

Tout.

Tout était minutieusement raconté, détaillé.

 

Cela rajoutait une cause à la véracité de son histoire.

Mentir c’est une chose, mais mentir tout en le racontant dans un blog, en tant que blogueur, je peinais à le croire. Il y avait pourtant cette histoire de cette jeune adolescente, racontée dans la préface. Cette mauvaise blague.

Tout n’était que mensonge. Mytho. Pipo.

Blague.

Bad trip.

 

Partant de là, étant donné que dans la blogosphère, on va jusqu’à utiliser « la mort » pour avoir de l’audience, tout restait possible.

 

Et puis, en étudiant mot par mot, toutes ses notes, j’ai découvert certaines choses…

 

Les fois durant lesquelles elle ne répondait pas, c’était parfois totalement volontaire. Ou du grand amoureux « ne démontrant pas assez mes sentiments » je passais pour « le gros relou », pour ne pas dire le pot de colle. Alors elle faisait la morte. Volontairement, en filtrant.

De la même manière lorsqu’elle ne rappelait malgré avoir promis le fait qu’elle me rappellerait, elle prétextait l’oubli.

Mais ça ne l’était pas tout le temps.

Ça ne l’était jamais d’ailleurs.

 

J’ai également appris l’existence d’un « autre » prétendant. Un dénommé « homme à la moto ». Un ancien collègue à elle, dont elle avait perdu la trace, avant de la retrouver.

Il semblait représenter l’homme fantasme.

Symbole de puissance, de liberté.

D’amour impossible.

 

C’est lorsque je lui ai parlé de lui, ou lorsque j’ai vainement tenté de faire une allusion trop grosse à la moto, qu’elle a fini par comprendre que je lisais son blog.
Alors que je lui avais promis que je ne le chercherais pas. Et que même si j’étais amené à le trouver, je me défendrais de le lire.

Chose que j’ai faites, pendant environ 6h.

Alors oui, je lui avais menti.

Oui, comme mon ex l’avait fait auparavant, j’avais lu son blog en secret.

J’avais déduis beaucoup de chose.

J’avais violé une partie de son âme.

 

Oui. Je lui avais menti.

Comme elle m’avait menti pour ses photos. Entre autre.

 

Comme peut être, elle m’avait menti sur le fait de savoir que « l’ami » via lequel je lui avais envoyé le mail, était moi.

Peut-être qu’elle aussi.

Elle me lisait en secret.

lundi 15 avril 2013

SMS

La magie de notre relation, la magie du désespoir, la magie de la distance, peut-être même également la magie de Noël, j’ai fini par accepter ses excuses. Et nous sommes repartis de plus belle.

 

-       Comment fais-tu pour être si gentil… me disait-elle sans cesse.

 

« Tu es trop bon avec un c », me disait-on également … Je crois que je croyais plus en cette seconde définition du moment.

 

Cependant, son retour en France commençait à se planifier. Quelque part aux alentours du 12 janvier, peu de temps après la fête de l’anniversaire de sa grand-mère.

Cependant, elle était assez bizarre, et même si elle ne le disait pas ouvertement, elle mangeait de moins en moins.

Un problème de mal de gorge qui l’empêchait d’avaler la moindre gorgée. Mais elle ne semblait pas y prêter la moindre importance.

 

Une fatigue croissante également, qu’elle mettait sur le compte du contrecoup de sa cassure, en quelque sorte, une fatigue normale, nécessitant une récupération réparatrice pour être de nouveau en bonne forme.

Elle devait atterrir un mercredi. J’avais de mon côté quasiment réserver mon week-end pour le passer à ses côtés.

 

Et puis j’ai reçu ce SMS.

Le premier SMS depuis 2 mois, l’obligeant ainsi à me laisser pour la première fois un numéro de téléphone au bout duquel je pourrais la joindre…

Elle ne serait plus la seule à pouvoir me joindre, à mon tour j’aurais la possibilité de l’appeler, quand j’en aurais envie… (En d’autres termes, en dehors des heures de boulot…)

 

« J’ai eu un petit malaise, je suis aux urgences. Tout va bien ne t’en fais pas. V »

 

Le mot « malaise », « urgences » et « tout va bien » dans une même phrase ne collent pas vraiment.

J’ai mis du temps à accepter la vérité, sa version des faits, son « cadeau » de Noël n’aidant pas…

 

Une mononucléose.

 

« La maladie du baiser » que la plupart des personnes attrapent en étant ado.

A un stade néanmoins relativement avancé. Le foie était atteint.

Un ami docteur m’a confirmé que c’était plus délicat à gérer, une fois adulte…

 

Cela expliquant cependant le mal de gorge aggravé d’une part… mais aussi la fatigue récurrente.

 

Cela pouvait également expliquer une raison supplémentaire pour ne pas revenir en France. Une première fuite. Pour ne pas se montrer.

Peut-être aussi pour cacher quelque chose ? Mais pour cacher quoi ?

Une histoire improbable, sortie de l’imagination d’une nana en mal d’amour, désirant s’inventer une vie ?

Un physique inventé ?


 

Quels mystères cachait-elle ?

 

Et puis j’ai fini par me résigner. A grand coup de questions en mode inquisiteur…

Ses symptômes semblaient bien correspondre m’a confirmé un ami médecin.

« Effectivement ça correspond bien » m’a confirmé ma sœur.

« En tout cas Wikipedia confirme les symptômes qu’elle te donne.»

 

Ma sœur n’a jamais cru en l’histoire de Veronica. Elle voulait pourtant y croire, mais elle soupçonnait Veronica d’avoir de multiples mensonges sous le coude, qu’elle était prête à dégainer à tout moment. Même si je sais que sincèrement, elle voulait que Veronica existe bel et bien…  

 

Veronica m’appelait quand elle le pouvait. M’expliquant qu’elle faisait tous les jours des prises de sang, et qu’elle avait un traitement pour que ça aille mieux. Elle avait également droit à de l’injection de vitamines en intraveineuses…

 

« Oui… Depuis la mort de mes parents j’ai un rapport assez étrange avec la nourriture… Quand ça ne va pas je me fais vomir… et là, ces derniers temps, ça n’allait pas fort… »

 

Une casserole de plus à trainer.

Elle commençait à faire pas mal de bruit en marchant…

 

Chaque jour elle pensait que ça allait mieux, et chaque jour les médecins lui affirmaient le contraire. Comme quoi le traitement ne marchait pas.

Elle a néanmoins fini par sortir 2 semaines plus tard.

 

La mononucléose, qui contrairement aux idées reçues ne s’attrape pas uniquement durant l’adolescence mais peut aussi se contracter via des aérosols, a ce gros inconvénient d’épuiser physiquement une personne. Surtout adulte.

« Il faut que je me repose » me répétait-elle sans cesse.

Nouvel argument pour ne pas revenir, nouvelle « fuite en avant ».

 

Repose-toi. Soit.

Mais pas trop longtemps quand même…

 

Alors que là-bas, l’été battait son plein, en France l’hiver se retirait petit à petit. Je finis par retrouver une mission à la mi-janvier.

 

Un début de mission est toujours un moment particulièrement stressant. Convaincre des interlocuteurs une heure durant que vous êtes le candidat idéal, reste la partie la plus facile et la plus agréable. Un peu comme de mesurer la partie « émergeante » d’un iceberg en quelque sorte.

Ensuite, il y a la phase de tests. La première ligne droite, avec le tournant qui arrive très rapidement en bout de ligne droite.

C’est le moment durant lequel, il faut commencer à aller sous l’eau, pour mesurer l’iceberg dans sa totalité.

 

J’ai pourtant donné le meilleur de moi-même.

Mais mes journées étaient parsemées de longues heures au téléphone avec Veronica Tantôt à roucouler, tantôt à l’inquisition.

Tantôt à s’engueuler. Tantôt à l’entendre pleurer.

Tantôt à lui susurrer des mots doux, tantôt des scénarios sexuels, plus qu’érotiques qui (me confiait-elle honteuse) la mettait dans tous ses états.

Le plus compliqué pour moi étant de trouver un endroit discret dans lequel je pouvais m’adonner à elle.

Mon travail était devenu secondaire.

 

Parfois, lorsque je l’appelais, elle ne me répondait pas.

Parfois, cela était volontaire. D’autres fois ça ne l’était pas.

 

Je crois qu’elle ne savait pas vraiment si j’étais trop collant ou non.

 

Elle n’aimait pas taper des SMS, et du coup répondait rarement aux miens.

Par contre, elle aimait que je lui écrive des longs mails dans lesquels je lui déclarais ma flamme. Ou dans lesquels je lui racontais ma journée.

 

Lorsque je lui expliquais que je ne pouvais rester plus longtemps au téléphone, ou que j’allais déjeuner avec mes collègues (afin d’intégrer la nouvelle équipe), elle comprenait, non sans bien me souffler à l’oreille l’idée comme quoi que je devais gérer mes priorités…

Elle (au téléphone), la « future femme de sa vie », comme elle se définissait, ou mon énorme estomac à rassasier à toute heure.

 

Un vrai échange mono-latéral réciproque.

 

Infatigable, impassiblement, chaque jour, lorsque je lui posais mon éternelle question « tu reviens quand ? »

Chaque jour, elle m’envoyait paître.

Toujours en mode défensive.

Avec toujours cette même réponse : « Je dois me reposer tu comprends ? »

 

Oui, ça je le comprenais.

Je ne le comprenais que trop.

 

Par contre, je comprenais assez mal toutes les sorties nocturnes qu’elle faisait avec ses amis. Sortie rimant avec guitare au coin du feu, alcool, shit… et rythme de vie bien évidemment totalement décalé.

 

Elle fuyait.

Indéniablement, elle fuyait son retour en France.

Elle me fuyait moi.

Elle fuyait d’affronter la réalité.

La nouvelle vie sans son ex qu’elle devrait s’inventer… 

Le passé qu’elle devrait essayer d’oublier.

Sa belle-famille qu’elle devrait cesser de voir, incluant ses enfants, qu’elle avait élevé 10 ans durant.

Son ex, qui était tout pour elle depuis 10 ans.

Son indépendance totale à sa boite, à son ex.

Repartir à zéro, sans repère à 30 ans, cela peut rapidement s’avérer compliqué.

 

Surtout lorsque l’on avance en marche arrière.

 
Indéniablement… Elle fuyait.

vendredi 12 avril 2013

La photo de Noël

« Sois indulgent… Et joyeux Noël »

 

Avec son mail, il y avait une photo en pièce-jointe.

Une belle brune. Dans un soutien-gorge noir. Un porte jarretelle noire. Un string noir.

Des bas noirs.

Un tatouage au niveau du nombril.

Une peau très claire.

 

« Sympathique… dommage que ce ne soit pas toi sur la photo… » lui avais-je répondu.

 

Non, ça ne pouvait être elle.

Comme tout mec possédant Internet, un de mes hobbies était de surfer sur le net afin de dénicher des photos d’illustres inconnues pour agrandir ma collection caché dans un répertoire de mon ordinateur connu de moi seul. D’autres préfèrent des photos de professionnelles, refaites de partout. Je trouve que le côté amateurisme donne beaucoup plus de charme à quelque chose de parfait.

 

Et là, très clairement, la photo était trop parfaite.

« C’est mon ex qui m’a prise en photo » m’avait-elle affirmé.

 

Non, cela ne pouvait juste pas être elle. Et puis, elle était bien blanche par rapport à sa précédente photo en maillot de bain… Et ce tatouage ?

Non. Cela ne pouvait juste, pas être elle.

 

« … C’est moi sur la photo. Je ne t’ai jamais dit pour mon tatouage, mais, nous sommes nous toujours tout dit ? M’as-tu un jour demandé si j’avais un tatouage ? »

 

Le doute m’avait alors violemment assailli.

Cela pouvait-il être vraiment elle ?

M’aurait elle, comme cadeau, envoyé une photo d’elle, prise par son ex, en petite tenue?

 

Je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer la scène… « Tiens je m’habille sexy pour le repas de Noël, tu peux me prendre en photo s’il te plaît ? Oh comme ça, pour envoyer au mec qui sera ton remplaçant… Cela ne te pose pas de problème, non ? »

 

Non, cela ne lui en posait pas.

Aucun.

 

Malheureusement pour elle, en plus de ne pas être dupe, je fais partie de la génération Internet.

Et Internet, fait des miracles.

Si Internet ne m’avait pas permis d’en apprendre plus sur elle, je n’avais pas dit mon dernier mot.

 

J’avais déjà eu l’opportunité d’utiliser un site assez puissant, permettant de faire de la recherche inversée à partir d’une image : et de signaler ainsi tous les sites référant cette image.

 

C’est au petit matin de Noël que j’ai effectué ma recherche, la nuit portant trop souvent conseil.

 

Un an plus tôt, j’annonçais à mon ex que je souhaitais qu’on se lance dans un projet bébé… Les années se suivent, et celle-là ne ressemblait pas à la précédente… 

 

Je me suis connecté sur le site, j’ai transmis la photo… et là je suis tombé de mon siège.

Sa photo apparaissait sur plein de sites.

Celle-là même fraîchement réalisée la veille.

D’autres, assez similaires (toujours en petite tenue donc) étaient proposées.

 

Il s’agissait d’un mannequin Argentin.

La ressemblance était troublante.

J’ai également pu voir que les 3 photos du « salon » dans lequel elle prétendait être apparaissaient également. Ainsi qu’une des 2 photos « d’elle jeune ».

 


Je me souviens être violemment tombé des nues lorsque j’avais découvert cette triste vérité.

 

Alors…

Quelles photos d’elle étaient vraies ?

Les 4 de Meetic ?

Une des 4 de Meetic ?

Celle en maillot de bain ?

Une des 2 photos « de son enfance » ?

 

Était-elle mannequin en fait ?

 

Et surtout…

M’avait-elle seulement, un jour envoyé une vraie photo d’elle ?

 

Je ne savais, comment lui expliquer mon désarroi, et mon incompréhension face à cette mauvaise blague.

 

Je lui ai envoyé un mail, avec une autre photo de sa prétendue « pose » de la veille, lui expliquant que j’aurais préféré qu’elle m’envoie celle-ci, plutôt que celle qu’elle m’avait envoyée.

 

Qu’elle m’avait ouvertement menti, alors que je lui avais proposé d’avouer son mensonge, mais qu’elle n’avait pas daigné accepter cette solution.

 

Joyeux Noël.

 

J’étais attablé avec toute ma famille, et avec les enfants de mon frère, venus pour la bûche de Noël du goûter lorsque que j’ai eu sa réponse.

 

Vive le Smartphone.

Esclave et pourtant tellement impatient d’être contactable, tout le temps…

 

Dans son mail, elle avouait.

 

Elle avouait son mensonge.

Que pouvait-elle avouer d’autres ?

 

De mon côté, j’étais obligé de mentir à mon tour. Je ne pouvais pas admettre le fait que bien sûr, j’avais vérifié sur un site de recherche inversé si la photo était bien d’elle car c’était aller au-devant de la question suivante : « tu ne me fais donc pas confiance ? »

 

Non… La preuve.

La preuve « en images » comme on dit.

 

Son excuse fut pathétique.

Comme toujours.

Elle m’avait expliqué que, son ex lui avait dit qu’il était simplement hallucinant et dangereux d’envoyer des photos d’elle en petite tenue à un illustre inconnu (avec lequel elle parlait depuis 2 mois…), qu’elle n’avait jamais vu, et qui pouvait être peut être un dangereux psychopathe. Etant donné que ce mannequin lui ressemblait comme 2 gouttes d’eau, pourquoi ne pas lui envoyer ça à la place ?

« Il n’y verra que du feu »

Ah oui ! Pourquoi pas !

Avait-elle connement accepté.

Et ils avaient trouvé ça drôle.

Drôle.

 

Ah, ah, ah.

 

Il n’y verra que du feu.

 

Quel beau manipulateur.

L’arroseuse arrosée.

Quel excellent stratagème pour me faire fuir après un si gros mensonge.

 

N’importe qui serait parti.

Mais moi je suis resté.

 

Peut-être que le seul et unique cadeau de Noël qu’elle m’a fait ce jour-là, c’est d’admettre que les 4 photos de Meetic n’étaient pas les siennes. Elle les avait récupérées au hasard d’une recherche sur « Google images » en tapant « grande brune » sur Internet.

 

« Je n’allais pas mettre des photos de moi que des inconnus pourraient voir sur Meetic ».

Quel drôle d’idée en effet… Ce n’est pas du tout le principe finalement…

 

-       Et au final, quelles photos sont de toi ?

-       Celle où je suis en maillot de bain est vraiment de moi. Elle a été prise pendant la période durant laquelle nous étions à la plage, mon ex et moi. Je l’ai prise exprès pour toi.

 

Ce n’est pas l’unique cadeau qu’elle m’a fait, mais ça elle ne s’en est pas rendu compte : elle m’a aussi offert une triste vérité sur son histoire : le bénéfice du doute.

 

Toute son histoire, devenait alors bancale.
Tout comme notre relation.