mardi 2 avril 2013

Allo ? C’est Veronica

Pris de court. Ne sachant pas de quoi parler. Découvrant cette voix à forte consonance Espagnole. Latine serait le mot juste, mais étant incapable de faire la différence entre ces deux accents...

 

Je lui ai demandé comment ça allait, ce qu'elle faisait.

Elle m'a dit qu'elle était en voiture, trop nerveuse pour m'appeler comme ça, en tournant en rond dans son appartement.

Elle allait rejoindre son ex quelque part vers Versailles, pour se promener, pour parler de la situation.

 

Il neigeait à gros flocon, alors je lui ai demandé comment cela roulait, avec la voiture.

« Alors on discute ensemble une dizaine de jours par gtalk, et tu n'as pas d'autres choses à me dire que la météo ? »

 

Pan.

Ça... c'est fait. Merci pour ce petit tacle à la gorge, j'en avais bien besoin pour arranger la situation...

 

Et puis on a sonné à l’entrée. Une visite.

Je me dépêchais de raccrocher, ravi de ce premier coup de fil, et impatient qu’il y en ait d’autres.

Alors qu’elle venait de se garer.

 

Visite qui ne donnera rien au final.

Le coup de fil non plus ne donnera rien.

En fait Si : elle était agacée que je raccroche à cause d’une visite. Une première esquisse de son caractère.

 

8 minutes.

"La voix d'un adolescent... Comme si c'était celle de mon beau fils de 21 ans" mentionnera-t-elle plus tard.

 

De son côté, elle avait passé sa journée dans les bras de son ex.

A pleurer.

A se souvenir.

A se câliner

A baiser m'avouera-t-elle plus tard.

 

Un genre de pied de nez pour la "pouffe" comme elle la surnommait, qui avait pris une nouvelle place dans la vie de son ex. "Elle aussi elle sera cocue... Au moins une fois".

 

De mon côté, je ne savais pas quelle conclusion tirer de cette discussion au téléphone.

C'était bel et bien une voix de femme, un peu cassée.

Avec un fort accent espagnol... Des « r » qui roulent, et des « s » qui sifflent.

 

Mais pour le reste...

 

Je me sentais ridicule, de lui avoir parlé de météo, après ces quelques jours de relation épistolaires.

Mais se dire quoi ? "Alors, le voyage se prépare ? Alors, tu vas revoir ton ex ? Alors, tu as mis des bas aujourd'hui ? "

 

C'est durant ce week-end, dans les bras de Marco, qu'elle lui a parlé de moi pour la première fois.

"S’il te plaît vraiment et que c'est un mec sérieux, pourquoi pas. Mais s'il te fait souffrir, il aura à faire à moi" lui avait-il confié...

 

Et puis ils ont baisé. Et ils ont sans doute recommencé.

Pendant que je tentais de vendre cet appartement qui ne se vendait désespérément pas.

 

Je crois que je ne comprendrais jamais, tout ça.

 

De la même manière, qu'elle ne comprendra ou n'aura jamais compris, que durant toute la collocation que j'ai pu avoir avec mon ex, jamais je ne l'ai touché, et réciproquement. Que rien que son regard me dégouttait.

 

Alors, la voir raconter dans ses bras les prémices de sa nouvelle vie... Cela m'échappait.

 

Je lui ai envoyé deux mails, durant le week-end.

Mails auquel elle n'a pas répondu.

J'appris plus tard que cette non réponse était volontaire.

 

Et puis, nous avons finalement recommencé à parler, sur gtalk le lundi.

 

Seule une petite illusion à ma voix d'adolescent... Et malgré tout une grande révélation...

"Je ne sais pas si c'est le fait de te parler ou pas... mais j'ai des papillons dans le ventre..."

 

Et puis nous avons continué à parler de tout et de rien.

Du fait que son "ex" (ou pas...) et moi avions la même passion pour les bédés, et la guitare électrique. Que sûrement on s'entendrait bien.

J'ai appris à quel point elle pouvait dépenser pour certains achats. Mettre plus de mille euros dans un sac ou dans des chaussures par exemple. Elle a alors justifié ses envies en disant "on ne vit qu'une fois, et parfois pas très longtemps".

 

Phrase idéale pour rebondir sur le fait que je ne l'avais toujours pas vue... Elle s'est embourbée en justification par rapport au fait que si elle décédait dans l'avion, et qu'on ne se serait pas vu, j'arriverais à survivre sans l'avoir vu, alors que si on se voyait le lendemain, je n'aurais pas pu continuer à vivre sans elle.

 

Quelle justification boiteuse, pleine de pathétisme.

Aussi boiteuse que la fois durant laquelle elle m'a demandé si je la trouvais mignonne sur ses photos de Meetic.

 

C'est à ce moment, qu'elle m'a sortie cette phrase, SA phrase : "il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous". Phrase qu’elle avait empruntée à Paul Eluard.

 

Elle a bon dos cette phrase.

Super bon dos.

 

Et puis surprise, le mardi matin, elle m'a rappelé. Elle venait de se prendre la tête avec une personne en garant sa voiture, et n'avait d'autre personne à appeler. Une vingtaine de minutes. Pour rien. Pour parler, pour vider son sac... Comme si j'étais un bon ami de longue date...

Ou qu'en sais-je.

 

Puis, elle m'a rappelé, sur l'heure de midi. Une quarantaine de minutes.

Peu de temps avant que j'aille déjeuner. J'ai d'ailleurs du raccrocher car j'allais déjeuner.


Ça l'a tout simplement excédé, et elle n'a pas attendu longtemps pour me l'apprendre, le fait que je mette fin à la conversation, lorsque l'heure était venue d'aller manger. Une belle preuve du fait qu'avec elle, ce soit un don de soi sans demi-mesure : avec elle, il fallait ne vivre que pour elle.

 

Aucun besoin primaire ne devait transcender, aussi vital soit-il. "Il va falloir que tu apprennes à gérer les priorités dans ta vie".

 

A part ce petit détail, ces fois ci, cela s’étaient bien mieux passées que les fois d'avant, et les papillons étaient bien au rendez-vous, d’un côté… comme de l’autre.

Comme une concrétisation de cette atmosphère bizarre, incroyable et si douce qui planait sur nos mails.

 

"Je suis contente de t'avoir parlé ce matin. Je n'avais pas eu un bon ressenti samedi. Je pensais que c'était pareil pour toi, que tu t'es dit quelle idiota, qui ne parle pas...

Vivement que tu vendes cet appartement. J'imagine à quel point cela doit être dur. "

 

L'imagination était bien éloignée de la réalité, ce n’était pas dur.
C’était invivable.

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