Je
lui ai demandé comment ça allait, ce qu'elle faisait.
Elle
m'a dit qu'elle était en voiture, trop nerveuse pour m'appeler comme ça, en
tournant en rond dans son appartement.
Elle
allait rejoindre son ex quelque part vers Versailles, pour se promener, pour parler
de la situation.
Il
neigeait à gros flocon, alors je lui ai demandé comment cela roulait, avec la
voiture.
« Alors
on discute ensemble une dizaine de jours par gtalk, et tu n'as pas d'autres
choses à me dire que la météo ? »
Pan.
Ça...
c'est fait. Merci pour ce petit tacle à la gorge, j'en avais bien besoin pour
arranger la situation...
Et
puis on a sonné à l’entrée. Une visite.
Je
me dépêchais de raccrocher, ravi de ce premier coup de fil, et impatient qu’il
y en ait d’autres.
Alors
qu’elle venait de se garer.
Visite
qui ne donnera rien au final.
Le
coup de fil non plus ne donnera rien.
En
fait Si : elle était agacée que je raccroche à cause d’une visite. Une
première esquisse de son caractère.
8
minutes.
"La
voix d'un adolescent... Comme si c'était celle de mon beau fils de 21 ans"
mentionnera-t-elle plus tard.
De
son côté, elle avait passé sa journée dans les bras de son ex.
A
pleurer.
A
se souvenir.
A
se câliner
A
baiser m'avouera-t-elle plus tard.
Un
genre de pied de nez pour la "pouffe" comme elle la surnommait, qui avait
pris une nouvelle place dans la vie de son ex. "Elle aussi elle sera
cocue... Au moins une fois".
De
mon côté, je ne savais pas quelle conclusion tirer de cette discussion au
téléphone.
C'était
bel et bien une voix de femme, un peu cassée.
Avec
un fort accent espagnol... Des « r » qui roulent, et des
« s » qui sifflent.
Mais
pour le reste...
Je
me sentais ridicule, de lui avoir parlé de météo, après ces quelques jours de
relation épistolaires.
Mais
se dire quoi ? "Alors, le voyage se prépare ? Alors, tu vas revoir ton ex
? Alors, tu as mis des bas aujourd'hui ? "
C'est
durant ce week-end, dans les bras de Marco, qu'elle lui a parlé de moi pour la
première fois.
"S’il
te plaît vraiment et que c'est un mec sérieux, pourquoi pas. Mais s'il te fait
souffrir, il aura à faire à moi" lui avait-il confié...
Et
puis ils ont baisé. Et ils ont sans doute recommencé.
Pendant
que je tentais de vendre cet appartement qui ne se vendait désespérément pas.
Je
crois que je ne comprendrais jamais, tout ça.
De
la même manière, qu'elle ne comprendra ou n'aura jamais compris, que durant
toute la collocation que j'ai pu avoir avec mon ex, jamais je ne l'ai touché,
et réciproquement. Que rien que son regard me dégouttait.
Alors,
la voir raconter dans ses bras les prémices de sa nouvelle vie... Cela
m'échappait.
Je
lui ai envoyé deux mails, durant le week-end.
Mails
auquel elle n'a pas répondu.
J'appris
plus tard que cette non réponse était volontaire.
Et
puis, nous avons finalement recommencé à parler, sur gtalk le lundi.
Seule
une petite illusion à ma voix d'adolescent... Et malgré tout une grande
révélation...
"Je
ne sais pas si c'est le fait de te parler ou pas... mais j'ai des papillons
dans le ventre..."
Et
puis nous avons continué à parler de tout et de rien.
Du
fait que son "ex" (ou pas...) et moi avions la même passion pour les
bédés, et la guitare électrique. Que sûrement on s'entendrait bien.
J'ai
appris à quel point elle pouvait dépenser pour certains achats. Mettre plus de
mille euros dans un sac ou dans des chaussures par exemple. Elle a alors
justifié ses envies en disant "on ne vit qu'une fois, et parfois pas très
longtemps".
Phrase
idéale pour rebondir sur le fait que je ne l'avais toujours pas vue... Elle
s'est embourbée en justification par rapport au fait que si elle décédait dans
l'avion, et qu'on ne se serait pas vu, j'arriverais à survivre sans l'avoir vu,
alors que si on se voyait le lendemain, je n'aurais pas pu continuer à vivre
sans elle.
Quelle
justification boiteuse, pleine de pathétisme.
Aussi
boiteuse que la fois durant laquelle elle m'a demandé si je la trouvais
mignonne sur ses photos de Meetic.
C'est
à ce moment, qu'elle m'a sortie cette phrase, SA phrase : "il n'y a pas de
hasard, il n'y a que des rendez-vous". Phrase qu’elle avait empruntée à
Paul Eluard.
Elle
a bon dos cette phrase.
Super
bon dos.
Et
puis surprise, le mardi matin, elle m'a rappelé. Elle venait de se prendre la
tête avec une personne en garant sa voiture, et n'avait d'autre personne à
appeler. Une vingtaine de minutes. Pour rien. Pour parler, pour vider son
sac... Comme si j'étais un bon ami de longue date...
Ou
qu'en sais-je.
Puis,
elle m'a rappelé, sur l'heure de midi. Une quarantaine de minutes.
Peu
de temps avant que j'aille déjeuner. J'ai d'ailleurs du raccrocher car j'allais
déjeuner.
…
Ça
l'a tout simplement excédé, et elle n'a pas attendu longtemps pour me
l'apprendre, le fait que je mette fin à la conversation, lorsque l'heure était
venue d'aller manger. Une belle preuve du fait qu'avec elle, ce soit un don de
soi sans demi-mesure : avec elle, il fallait ne vivre que pour elle.
Aucun
besoin primaire ne devait transcender, aussi vital soit-il. "Il va falloir
que tu apprennes à gérer les priorités dans ta vie".
A
part ce petit détail, ces fois ci, cela s’étaient bien mieux passées que les
fois d'avant, et les papillons étaient bien au rendez-vous, d’un côté… comme de
l’autre.
Comme
une concrétisation de cette atmosphère bizarre, incroyable et si douce qui
planait sur nos mails.
"Je
suis contente de t'avoir parlé ce matin. Je n'avais pas eu un bon ressenti
samedi. Je pensais que c'était pareil pour toi, que tu t'es dit quelle idiota, qui ne parle pas...
Vivement
que tu vendes cet appartement. J'imagine à quel point cela doit être dur.
"
L'imagination
était bien éloignée de la réalité, ce n’était pas dur.
C’était invivable.
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