vendredi 12 avril 2013

La photo de Noël

« Sois indulgent… Et joyeux Noël »

 

Avec son mail, il y avait une photo en pièce-jointe.

Une belle brune. Dans un soutien-gorge noir. Un porte jarretelle noire. Un string noir.

Des bas noirs.

Un tatouage au niveau du nombril.

Une peau très claire.

 

« Sympathique… dommage que ce ne soit pas toi sur la photo… » lui avais-je répondu.

 

Non, ça ne pouvait être elle.

Comme tout mec possédant Internet, un de mes hobbies était de surfer sur le net afin de dénicher des photos d’illustres inconnues pour agrandir ma collection caché dans un répertoire de mon ordinateur connu de moi seul. D’autres préfèrent des photos de professionnelles, refaites de partout. Je trouve que le côté amateurisme donne beaucoup plus de charme à quelque chose de parfait.

 

Et là, très clairement, la photo était trop parfaite.

« C’est mon ex qui m’a prise en photo » m’avait-elle affirmé.

 

Non, cela ne pouvait juste pas être elle. Et puis, elle était bien blanche par rapport à sa précédente photo en maillot de bain… Et ce tatouage ?

Non. Cela ne pouvait juste, pas être elle.

 

« … C’est moi sur la photo. Je ne t’ai jamais dit pour mon tatouage, mais, nous sommes nous toujours tout dit ? M’as-tu un jour demandé si j’avais un tatouage ? »

 

Le doute m’avait alors violemment assailli.

Cela pouvait-il être vraiment elle ?

M’aurait elle, comme cadeau, envoyé une photo d’elle, prise par son ex, en petite tenue?

 

Je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer la scène… « Tiens je m’habille sexy pour le repas de Noël, tu peux me prendre en photo s’il te plaît ? Oh comme ça, pour envoyer au mec qui sera ton remplaçant… Cela ne te pose pas de problème, non ? »

 

Non, cela ne lui en posait pas.

Aucun.

 

Malheureusement pour elle, en plus de ne pas être dupe, je fais partie de la génération Internet.

Et Internet, fait des miracles.

Si Internet ne m’avait pas permis d’en apprendre plus sur elle, je n’avais pas dit mon dernier mot.

 

J’avais déjà eu l’opportunité d’utiliser un site assez puissant, permettant de faire de la recherche inversée à partir d’une image : et de signaler ainsi tous les sites référant cette image.

 

C’est au petit matin de Noël que j’ai effectué ma recherche, la nuit portant trop souvent conseil.

 

Un an plus tôt, j’annonçais à mon ex que je souhaitais qu’on se lance dans un projet bébé… Les années se suivent, et celle-là ne ressemblait pas à la précédente… 

 

Je me suis connecté sur le site, j’ai transmis la photo… et là je suis tombé de mon siège.

Sa photo apparaissait sur plein de sites.

Celle-là même fraîchement réalisée la veille.

D’autres, assez similaires (toujours en petite tenue donc) étaient proposées.

 

Il s’agissait d’un mannequin Argentin.

La ressemblance était troublante.

J’ai également pu voir que les 3 photos du « salon » dans lequel elle prétendait être apparaissaient également. Ainsi qu’une des 2 photos « d’elle jeune ».

 


Je me souviens être violemment tombé des nues lorsque j’avais découvert cette triste vérité.

 

Alors…

Quelles photos d’elle étaient vraies ?

Les 4 de Meetic ?

Une des 4 de Meetic ?

Celle en maillot de bain ?

Une des 2 photos « de son enfance » ?

 

Était-elle mannequin en fait ?

 

Et surtout…

M’avait-elle seulement, un jour envoyé une vraie photo d’elle ?

 

Je ne savais, comment lui expliquer mon désarroi, et mon incompréhension face à cette mauvaise blague.

 

Je lui ai envoyé un mail, avec une autre photo de sa prétendue « pose » de la veille, lui expliquant que j’aurais préféré qu’elle m’envoie celle-ci, plutôt que celle qu’elle m’avait envoyée.

 

Qu’elle m’avait ouvertement menti, alors que je lui avais proposé d’avouer son mensonge, mais qu’elle n’avait pas daigné accepter cette solution.

 

Joyeux Noël.

 

J’étais attablé avec toute ma famille, et avec les enfants de mon frère, venus pour la bûche de Noël du goûter lorsque que j’ai eu sa réponse.

 

Vive le Smartphone.

Esclave et pourtant tellement impatient d’être contactable, tout le temps…

 

Dans son mail, elle avouait.

 

Elle avouait son mensonge.

Que pouvait-elle avouer d’autres ?

 

De mon côté, j’étais obligé de mentir à mon tour. Je ne pouvais pas admettre le fait que bien sûr, j’avais vérifié sur un site de recherche inversé si la photo était bien d’elle car c’était aller au-devant de la question suivante : « tu ne me fais donc pas confiance ? »

 

Non… La preuve.

La preuve « en images » comme on dit.

 

Son excuse fut pathétique.

Comme toujours.

Elle m’avait expliqué que, son ex lui avait dit qu’il était simplement hallucinant et dangereux d’envoyer des photos d’elle en petite tenue à un illustre inconnu (avec lequel elle parlait depuis 2 mois…), qu’elle n’avait jamais vu, et qui pouvait être peut être un dangereux psychopathe. Etant donné que ce mannequin lui ressemblait comme 2 gouttes d’eau, pourquoi ne pas lui envoyer ça à la place ?

« Il n’y verra que du feu »

Ah oui ! Pourquoi pas !

Avait-elle connement accepté.

Et ils avaient trouvé ça drôle.

Drôle.

 

Ah, ah, ah.

 

Il n’y verra que du feu.

 

Quel beau manipulateur.

L’arroseuse arrosée.

Quel excellent stratagème pour me faire fuir après un si gros mensonge.

 

N’importe qui serait parti.

Mais moi je suis resté.

 

Peut-être que le seul et unique cadeau de Noël qu’elle m’a fait ce jour-là, c’est d’admettre que les 4 photos de Meetic n’étaient pas les siennes. Elle les avait récupérées au hasard d’une recherche sur « Google images » en tapant « grande brune » sur Internet.

 

« Je n’allais pas mettre des photos de moi que des inconnus pourraient voir sur Meetic ».

Quel drôle d’idée en effet… Ce n’est pas du tout le principe finalement…

 

-       Et au final, quelles photos sont de toi ?

-       Celle où je suis en maillot de bain est vraiment de moi. Elle a été prise pendant la période durant laquelle nous étions à la plage, mon ex et moi. Je l’ai prise exprès pour toi.

 

Ce n’est pas l’unique cadeau qu’elle m’a fait, mais ça elle ne s’en est pas rendu compte : elle m’a aussi offert une triste vérité sur son histoire : le bénéfice du doute.

 

Toute son histoire, devenait alors bancale.
Tout comme notre relation.

2 commentaires:

  1. Si ça se trouve, la réalité t'aurait bien plus déçu? Autant se faire plaisir à rêver, si on ne peut pas toucher.
    Et si malgré l'aveu tu veux bien continuer à lui parler, c'est que tu es quelqu'un d'assez bien pour passer les premières barrières et c' est tant mieux.
    Pour une simple photo qui t'aurait déplu, tu aurais pu risquer de passer à côté de 2 beaux mois de sommeil embelli de doux rêves qui font du bien.
    On connaît les règles sur Internet.
    Passer au delà une fois que tu as fait connaissance, c'est là que tu décides vraiment en connaissance de cause. si tu as pris du bon pendant ce temps, ne t'en plains pas.
    Si tu râlais parce que tu as perdu ton temps, tu passerais pour un benêt, niais. Un ingrat qui ne sait pas dire merci pour une leçon qui si elle est apprise et retenue, pourra lui faire gagner bien du temps par la suite.
    Pas d'accord?

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  2. Un Bennet, tu ne crois pas si bien dire !
    :-)
    Merci de ta visite !

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