vendredi 19 avril 2013

Le Blog roman

Durant nos longues heures de discussion j’apprenais à mieux la connaître et vice et versa.

Je tenais régulièrement mon blog, alimenté par des détails plus ou moins croustillants de mon avancée (ma « non-avancée » devrais-je dire) avec Veronica. J’étais plus ou moins évasif, tout en étant néanmoins fortement peu convaincu de la véracité de son existence… Tout du moins de la totalité de son histoire.

 

Après la question restait posée : qu’est ce qui était faux ? Qu’est ce qui ne l’était pas ?

 

Durant l’hiver, quelque part dans le mois de décembre, par mégarde je lui avais envoyé un email à partir de mon compte mail de blogueur.

Sans me googliser, elle s’était contentée de me demander qui était « le pseudo » en question, et en d’autres termes la personne qui répondait à son mail (mail qui lui confirmait que j’étais au restaurant et que donc je n’étais pas « seul » pour décrocher mon téléphone…)

 

C’est à ce moment précis, que je me suis rendu compte de la gaffe que j’avais faites. La première chose que j’ai faites a été de rendre « invisible » toutes les notes dans lesquelles je parlais d’elle, afin que le rapport entre ce « pseudo » et mon identité soit flou.

 

Je ne sais par quel miracle, j’ai réussi à noyer le poisson. Une ou deux fois la question est revenue oralement, jusqu’à ce qu’elle m’écrive par mail qu’elle avait compris que j’avais utilisé le portable d’un ami pour lui envoyer un mail (mon portable, comme tout bon Smartphone se respectant, étant souvent en rade de batterie…)

Cette situation m’allait très bien.

Mais le doute restait néanmoins total. Il était « probable » qu’elle m’ait lu.

 

Je suis alors passé en mode « discret», parlant de moins en moins d’elle sur mon blog.

Je crois aussi que j’avais besoin de cesser de parler d’elle, car sans cesse, les commentaires qu’on me faisait étaient là pour me prouver par A plus B qu’elle était mytho sur toute la ligne. Son « surnom » d’ailleurs, sur mon blog «Meetic Girl » est rapidement devenu « Mytho Girl ».

Je ne voulais pas, voir en face ce mensonge permanent qui était pourtant si évident pour toutes celles et ceux à qui je racontais mon histoire.

 

Et puis les jours ont continué à passer, inlassablement.

Jusqu’à cette discussion, alors que je squattais une salle de réunion vide, durant laquelle elle me parla de ce dicton Argentin comme quoi une femme pour réussir sa vie devait faire 3 choses : avoir un enfant (chose qu’elle n’avait pas encore fait)(enfin… si c’était le cas elle ne me l’avait pas dit…), planter un arbre, et écrire un livre.

 

« J’ai commencé à écrire un blog… » Avait-elle commencé timidement…

 

Mon sang n’avait alors fait qu’un tour.

Piège ? Ou vérité ?

A l’époque j’avais déduis que cela ne pouvait être uniquement qu’un blog rattaché à sa société. En effet lors de mes multiples investigations, j’avais plus ou moins réussi à supposer qu’elle travaillait dans plusieurs entreprises, suppositions qui avec le recul, s’avérèrent être fausses.

 

Alors de quel blog parlait-elle ?

 

Je finis par l’apprendre.

- Pourquoi as-tu cette adresse mail si étrange ? Tu m’as bien donné une explication, mais elle ne tient pas la route… 

- … Si je te le dis, me promets tu de ne pas chercher quelque chose ?

- Bien sûr.

 

Et bien en fait, c’était son nom de blogueuse « Je tiens un blog depuis la mort de mes parents… Mais cela fait longtemps que je n’y vais plus… Les notes dessus sont assez anciennes… »

 

C’était là, en face de moi, et pourtant, dans mes investigations inquisitrices, à aucun moment je n’avais pensé à tout simplement « googliser » son identifiant d’adresse mail.

Avec le recul, je ne comprends même pas comment, uniquement avec son prénom et le mot « blog », je n’ai pas été de suite frappé par le fait que la première page sur Google pointait directement sur son blog perso.

Très perso.

 

Tout y était.

Depuis son inscription sur Meetic.

Ses différents prétendants.

Notre première discussion.

Le rendez-vous manqué.

Nos échanges épistolairement électroniques.

Notre premier coup de fil, et les autres.

Son départ.

Sa maladie.

Tout.

Tout était minutieusement raconté, détaillé.

 

Cela rajoutait une cause à la véracité de son histoire.

Mentir c’est une chose, mais mentir tout en le racontant dans un blog, en tant que blogueur, je peinais à le croire. Il y avait pourtant cette histoire de cette jeune adolescente, racontée dans la préface. Cette mauvaise blague.

Tout n’était que mensonge. Mytho. Pipo.

Blague.

Bad trip.

 

Partant de là, étant donné que dans la blogosphère, on va jusqu’à utiliser « la mort » pour avoir de l’audience, tout restait possible.

 

Et puis, en étudiant mot par mot, toutes ses notes, j’ai découvert certaines choses…

 

Les fois durant lesquelles elle ne répondait pas, c’était parfois totalement volontaire. Ou du grand amoureux « ne démontrant pas assez mes sentiments » je passais pour « le gros relou », pour ne pas dire le pot de colle. Alors elle faisait la morte. Volontairement, en filtrant.

De la même manière lorsqu’elle ne rappelait malgré avoir promis le fait qu’elle me rappellerait, elle prétextait l’oubli.

Mais ça ne l’était pas tout le temps.

Ça ne l’était jamais d’ailleurs.

 

J’ai également appris l’existence d’un « autre » prétendant. Un dénommé « homme à la moto ». Un ancien collègue à elle, dont elle avait perdu la trace, avant de la retrouver.

Il semblait représenter l’homme fantasme.

Symbole de puissance, de liberté.

D’amour impossible.

 

C’est lorsque je lui ai parlé de lui, ou lorsque j’ai vainement tenté de faire une allusion trop grosse à la moto, qu’elle a fini par comprendre que je lisais son blog.
Alors que je lui avais promis que je ne le chercherais pas. Et que même si j’étais amené à le trouver, je me défendrais de le lire.

Chose que j’ai faites, pendant environ 6h.

Alors oui, je lui avais menti.

Oui, comme mon ex l’avait fait auparavant, j’avais lu son blog en secret.

J’avais déduis beaucoup de chose.

J’avais violé une partie de son âme.

 

Oui. Je lui avais menti.

Comme elle m’avait menti pour ses photos. Entre autre.

 

Comme peut être, elle m’avait menti sur le fait de savoir que « l’ami » via lequel je lui avais envoyé le mail, était moi.

Peut-être qu’elle aussi.

Elle me lisait en secret.

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