Je
tenais régulièrement mon blog, alimenté par des détails plus ou moins
croustillants de mon avancée (ma « non-avancée » devrais-je dire) avec
Veronica. J’étais plus ou moins évasif, tout en étant néanmoins fortement peu
convaincu de la véracité de son existence… Tout du moins de la totalité de son
histoire.
Après
la question restait posée : qu’est ce qui était faux ? Qu’est ce qui
ne l’était pas ?
Durant
l’hiver, quelque part dans le mois de décembre, par mégarde je lui avais envoyé
un email à partir de mon compte mail de blogueur.
Sans
me googliser, elle s’était contentée de me demander qui était « le pseudo »
en question, et en d’autres termes la personne qui répondait à son mail (mail
qui lui confirmait que j’étais au restaurant et que donc je n’étais pas
« seul » pour décrocher mon téléphone…)
C’est
à ce moment précis, que je me suis rendu compte de la gaffe que j’avais faites.
La première chose que j’ai faites a été de rendre « invisible »
toutes les notes dans lesquelles je parlais d’elle, afin que le rapport entre
ce « pseudo » et mon identité soit flou.
Je
ne sais par quel miracle, j’ai réussi à noyer le poisson. Une ou deux fois la
question est revenue oralement, jusqu’à ce qu’elle m’écrive par mail qu’elle
avait compris que j’avais utilisé le portable d’un ami pour lui envoyer un mail
(mon portable, comme tout bon Smartphone se respectant, étant souvent en rade
de batterie…)
Cette
situation m’allait très bien.
Mais
le doute restait néanmoins total. Il était « probable » qu’elle m’ait
lu.
Je
suis alors passé en mode « discret», parlant de moins en moins d’elle sur
mon blog.
Je
crois aussi que j’avais besoin de cesser de parler d’elle, car sans cesse, les
commentaires qu’on me faisait étaient là pour me prouver par A plus B qu’elle
était mytho sur toute la ligne. Son « surnom » d’ailleurs, sur mon
blog «Meetic Girl » est rapidement devenu « Mytho Girl ».
Je
ne voulais pas, voir en face ce mensonge permanent qui était pourtant si
évident pour toutes celles et ceux à qui je racontais mon histoire.
Et
puis les jours ont continué à passer, inlassablement.
Jusqu’à
cette discussion, alors que je squattais une salle de réunion vide, durant
laquelle elle me parla de ce dicton Argentin comme quoi une femme pour réussir
sa vie devait faire 3 choses : avoir un enfant (chose qu’elle n’avait pas
encore fait)(enfin… si c’était le cas elle ne me l’avait pas dit…), planter un
arbre, et écrire un livre.
« J’ai
commencé à écrire un blog… » Avait-elle commencé timidement…
Mon
sang n’avait alors fait qu’un tour.
Piège
? Ou vérité ?
A
l’époque j’avais déduis que cela ne pouvait être uniquement qu’un blog rattaché
à sa société. En effet lors de mes multiples investigations, j’avais plus ou
moins réussi à supposer qu’elle travaillait dans plusieurs entreprises,
suppositions qui avec le recul, s’avérèrent être fausses.
Alors
de quel blog parlait-elle ?
Je
finis par l’apprendre.
- Pourquoi
as-tu cette adresse mail si étrange ? Tu m’as bien donné une explication, mais
elle ne tient pas la route…
-
… Si je te le dis, me promets tu de ne pas chercher quelque chose ?
-
Bien sûr.
Et
bien en fait, c’était son nom de blogueuse « Je tiens un blog depuis la
mort de mes parents… Mais cela fait longtemps que je n’y vais plus… Les notes
dessus sont assez anciennes… »
C’était
là, en face de moi, et pourtant, dans mes investigations inquisitrices, à aucun
moment je n’avais pensé à tout simplement « googliser » son
identifiant d’adresse mail.
Avec
le recul, je ne comprends même pas comment, uniquement avec son prénom et le
mot « blog », je n’ai pas été de suite frappé par le fait que la
première page sur Google pointait directement sur son blog perso.
Très
perso.
Tout
y était.
Depuis
son inscription sur Meetic.
Ses
différents prétendants.
Notre
première discussion.
Le
rendez-vous manqué.
Nos
échanges épistolairement électroniques.
Notre
premier coup de fil, et les autres.
Son
départ.
Sa
maladie.
Tout.
Tout
était minutieusement raconté, détaillé.
Cela
rajoutait une cause à la véracité de son histoire.
Mentir
c’est une chose, mais mentir tout en le racontant dans un blog, en tant que
blogueur, je peinais à le croire. Il y avait pourtant cette histoire de cette
jeune adolescente, racontée dans la préface. Cette mauvaise blague.
Tout
n’était que mensonge. Mytho. Pipo.
Blague.
Bad
trip.
Partant
de là, étant donné que dans la blogosphère, on va jusqu’à utiliser « la
mort » pour avoir de l’audience, tout restait possible.
Et
puis, en étudiant mot par mot, toutes ses notes, j’ai découvert certaines
choses…
Les
fois durant lesquelles elle ne répondait pas, c’était parfois totalement
volontaire. Ou du grand amoureux « ne démontrant pas assez mes
sentiments » je passais pour « le gros relou », pour ne pas dire
le pot de colle. Alors elle faisait la morte. Volontairement, en filtrant.
De
la même manière lorsqu’elle ne rappelait malgré avoir promis le fait qu’elle me
rappellerait, elle prétextait l’oubli.
Mais
ça ne l’était pas tout le temps.
Ça
ne l’était jamais d’ailleurs.
J’ai
également appris l’existence d’un « autre » prétendant. Un dénommé
« homme à la moto ». Un ancien collègue à elle, dont elle avait perdu
la trace, avant de la retrouver.
Il
semblait représenter l’homme fantasme.
Symbole
de puissance, de liberté.
D’amour
impossible.
C’est
lorsque je lui ai parlé de lui, ou lorsque j’ai vainement tenté de faire une
allusion trop grosse à la moto, qu’elle a fini par comprendre que je lisais son
blog.
Alors que je lui avais promis que je ne le chercherais pas. Et que même si j’étais amené à le trouver, je me défendrais de le lire.
Alors que je lui avais promis que je ne le chercherais pas. Et que même si j’étais amené à le trouver, je me défendrais de le lire.
Chose
que j’ai faites, pendant environ 6h.
Alors
oui, je lui avais menti.
Oui,
comme mon ex l’avait fait auparavant, j’avais lu son blog en secret.
J’avais
déduis beaucoup de chose.
J’avais
violé une partie de son âme.
Oui.
Je lui avais menti.
Comme
elle m’avait menti pour ses photos. Entre autre.
Comme
peut être, elle m’avait menti sur le fait de savoir que « l’ami » via
lequel je lui avais envoyé le mail, était moi.
Peut-être
qu’elle aussi.
Elle
me lisait en secret.
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