vendredi 31 mai 2013

Des vacances de trop


11/04/2011

Elle est donc partie en vacances. Sans me dire quoi que ce soit le vendredi. Je devais juste me rappeler qu’elle partait en vacances, et que je n’avais pas à m’inquiéter de quoi que ce soit.

 

Je m’inquiétais de son absence, du non-retour de mes mails, de mes SMS, etc.

Et puis le lundi, j’ai eu un email de sa part « Pourquoi t’inquiètes-tu pour rien ? Je t’ai dit que je partais en vacances… »

 

Oui, je le savais qu’elle partait en vacances.

Quelles craintes avais-je à avoir, au final, de la voir repartir 2 semaines durant dans son « beau » cocon familial, avec son ex le demi-dieu ? Aucune, vraiment.

Aucune.

Au final, ce n’était que l’homme qui lui avait demandé en mariage. Qu’est-ce au final qu’une déclaration dans ce genre…

 

-       J’essaie de te joindre, mais tu ne réponds pas. Où est ton téléphone ?

-       Tu vas rire, j’ai oublié le chargeur à Paris…

-       … Et, tu ne peux pas emprunter un portable à l’un de tes « beaux » enfants ?

-       Non, je n’ai pas envie de t’appeler en leur présence…

-       Intéressant… Et Internet ? Tu le fais d’où ?

-       Un cybercafé. Ma belle-fille regarde ses mails, donc je ne sais pas trop combien de temps je vais rester. Je te maile, car c’est plus facile que par gtalk

 

 

Pas de téléphone. Juste un « bête » oubli du chargeur.

Je me disais que ça l’arrangeait bien, de ne pas avoir son chargeur de téléphone. De ne pas avoir à « avoir peur » que je l’appelle, à un moment où elle s’y attendrait le moins.

A un moment, où elle serait avec son ex.

 

Alors j’attendais, qu’elle se connecte.

Qu’elle réponde à ses mails.

 

Et à chaque fois, je lui disais, « appelle-moi ».

Je l’implorais pour qu’elle m’appelle.

Mais elle refusait, à chaque fois.

M’expliquant qu’elle ne pouvait pas. Qu’elle ne voulait pas qu’on la surprenne.

Qu’elle ne voulait pas que mon numéro de téléphone apparaisse sur un téléphone d’un de ses beaux enfants.

 

Non, Gtalk lui suffisait.

 

Elle me racontait qu’il n’y avait pas beaucoup de neige.

Qu’elle faisait du parapente avec son ex, fendu de sensations fortes.

Qu’elle passait beaucoup de temps avec sa belle-fille.

Qu’elle pensait à moi, mais « pas trop ».

Qu’elle fuyait, son futur.

Qu’elle ne pensait pas à un futur appartement tous les deux… Non, elle profitait, de son cocon familial.

 

Elle fuyait.

 

Moi, je fuyais, mais vers l’avenir.

J’étais en plein préparatifs pour mon départ vers mon nouvel appartement, qui avait lieu quinze jours plus tard.

Préparation des cartons, synchronisation des amis qui allaient m’aider, réservation du camion…

« Tu fais appel à des amis ? Pourquoi ne fais-tu pas plutôt appel à des déménageurs… »

 

Oui pourquoi pas.

1500€ l’appel de base à des déménageurs, en effet, pourquoi se poser la question.

La réponse était pourtant simple : « car je n’ai pas 1500€ à donner à déménageurs, quand des amis peuvent me le faire au prix d’un déjeuner ‘open bar’ au mac do ».

 

J’allais passer les 2 prochains mois à payer 2 loyers, celui de mon nouvel appartement en location, et celui de l’appartement qui était en vente. Celui-là même que je fuyais, et que mon ex n’acceptait pas de payer en sa totalité.

Payer 1500€ en plus, ça aurait été plus qu’un grand luxe…

Luxe qui me rappelait à quel point nous étions différent l’un de l’autre.

 

Et puis les doutes de son côté, se sont fait de plus en plus nombreux.

 

Elle ne comprenait pas pourquoi je n’étais pas connecté lorsqu’elle l’était.

ET pourquoi je l’étais, lorsqu’elle ne l’était pas.

Nous nous rations en permanence.

 

J’étais las, de la savoir si distante, ne comprenant pas, pour quelle raison j’avais du mal à accepter le fait qu’elle préférait partir en vacances, plutôt que de chercher, de façonner la suite de son histoire à travers la recherche d’un appartement. D’un nouveau départ.

Pourquoi est-ce qu’elle préférait fuir dans sa famille, plutôt que d’affronter son futur proche, les yeux dans les yeux.

 

Pourtant, me confiera-t-elle plus tard, elle pensait sans cesse à moi. Chaque jour de plus en plus fort.

 

Hasard du destin, ou destinée, c’est à ce moment que Soso s’est jeté dans mes pattes.
Ou plutôt, c’est à ce moment que j’ai été la chercher.

jeudi 30 mai 2013

Comment gâcher un week end de rêve ?


30/03/2011

-       Allo ? C’est moi… ça va ? Tu fais quoi ce week-end ?

-       Et bien écoute, j’ai un entrainement vendredi soir, samedi rien, et dimanche j’ai un match. Mais je peux m’arranger si tu as des projets…

-       Ah bon ok…

-       Tu veux que je m’organise ?

-       Non non… Vas-y. Va à ton sport…

 

Je savais, je savais que son « Ah bon OK » était une sorte de résignation, de déception. Je commençais à la connaitre.

C’est d’Aliénor que j’ai appris le pourquoi du comment, Aliénor qui était devenue LA grande confidente de Veronica, la « meilleure » amie.

La meilleure amie « mono latérale ».

 

Et je pense que lorsqu’Aliénor s’est confiée à moi, elle ne savait pas que je n’étais pas au courant… Elle m’a brièvement parlé d’un concert, auquel elle voulait me convier, mais je n’étais pas disponible.

Pas en mode « free as a bird ».

 

Le concert, elle m’en avait effectivement parlé, 2 ou 3 mois auparavant, lorsqu’elle se remettait de sa mononucléose. A l’époque, le mois d’avril était encore loin… Et je lui avais dit « tu sais, on aura le temps de se voir d’ici là… Histoire de reparler en détails de ce projet. »

 

Muse, et U2. A Buenos Aires.

En mode VIP.

Rien que ça.

 

Alors je lui ai envoyé un mail, pour lui dire que « oui, j’étais vraiment prêt à faire des efforts d’organisation… ».

Mais non.

Ce n’était pas assez pour elle.

 

C’était un mercredi soir, et j’aurais dû partir le vendredi soir avec elle, jusqu’à quelque part dans le lundi.

J’aurais dû ne pas avoir à demander des jours de congés, comme son ex (boss de sa boite donc) était libre.

Il fallait que je m’organise, et ça, ça, ce n’était pas dans le domaine de l’acceptable pour elle.

 

Je l’ai rappelé au téléphone.

J’ai tenté de la convaincre que oui, je pouvais m’organiser, mais que je devais absolument le savoir… Mais non. Ce n’était pas envisageable pour elle.

 

Et puis le vendredi soir est arrivé.

Et elle est partie, à ce week-end. Ce week-end prévu pour 2 personnes.

Avec qui était-elle partie ? Son ex, sûrement. Qui d’autre…

Elle a coupé les ondes plusieurs jours durant

Et moi, je vivais, sans savoir, avec qui elle était. L’imaginant s’envoyant en l’air, dans un palace… Sans parler du concert en lui-même, qui devait être grandiose, surtout en mode VIP.

 

Ces 3 jours m’ont paru interminables.

 

Et puis, elle est revenue.

Et a demandé comment j’allais.

 

Comment peut-on aller après 3 jours de la sorte…

Mal.

 

Tout le week-end, je m’étais dit que j’avais à faire à quelqu’un de complètement tarée, qui ne comprenait pas ma vie. Que non, je ne pouvais pas m’absenter de mon travail quand je le voulais, sans un minimum d’organisation. Que oui, je pouvais faire beaucoup de choses, mais qu’il fallait me parler, et accepter ma vie.

Tout le week-end, je me suis demandé, avec qui elle était.

Qui était celui qui était à ma place dans l’hôtel qu’elle avait réservé.

Qui était dans les draps de soie du palace.

Qui avait le droit à la limousine à la sortie de l’aéroport.

 

C’est volontairement, qu’elle ne m’avait pas dit, avec qui elle était partie.

 

« C’était un des enfants de mon ex.

C’est avec lui que j’ai partagé la limousine,

C’est avec lui que j’ai été au palace.

Que j’étais dans les loges VIP du concert.

C’était avec lui, mais tu étais dans mes pensées… »

 

J’étais dans ses pensées.

La belle affaire.

 

Mais avec le recul, je me suis dit que cela n’aurait pas eu de sens…

On se serait vu, 3 jours.

Soit.

 

On aurait fait connaissance, 8h durant dans le vol Paris/Buenos Aires.

Soit.

 

On aurait peut-être fait l’amour dans la limousine… avant de le refaire dans les draps de soie. Peut-être même qu’on l’aurait fait dans les toilettes de l’avion.

Le concert aurait été génial.

 

Et puis on serait revenu en France.

 

Et elle serait retournée chez son ex.

 

Et moi, chez la mienne.

Dans nos appartements en commun.

 

Elle serait retournée travailler chez son ex. Son demi-dieu d’ex.

Et moi, j’aurais passé mes journées à crever de jalousie de savoir qu’elle bossait toujours pour lui… Qu’il partageait toujours ses locaux.

Qu’on n’avait pas d’endroits (hormis l’hôtel comme un homme et sa maitresse ou sa pute) pour se voir… Et consommer notre amour.

 

Mais elle cherchait quelque chose de magique, pour commencer notre relation…

 

Ça aurait pu être magique.

Mais ça n’a pas eu lieu.

 
Une fois de plus.

lundi 27 mai 2013

Final countdown


Les jours avançaient et se ressemblaient.

 

Ils étaient assez régulièrement bercés de longs coups de fil durant mes heures de travail avec Veronica, qui prenait toujours mal le fait que je raccroche. Le départ au Québec en tête, et Veronica au téléphone, le tout dans un nouvel environnement à manipuler des nouvelles techniques de programmation que je ne maitrisais pas, j’avais multiplié les semaines de retard.

 

J’avais dû gérer en plus les multiples visites de l’appartement d’avec mon ex, qui tardait à se vendre. Nous avions finalement réussi à trouver un acheteur, et à signer le compromis de vente début mars.

 

Il était temps pour moi de changer, de partir vite de cet environnement. Croiser mon ex tous les jours, l’entendre roucouler avec son nouveau Jules au téléphone me rendait fou. J’étais de plus victime de son humeur. Nous devions malgré tout continuer à cohabiter, pour des raisons financières entre autre.

 

Elle ne comprenait pas pour quelle raison j’étais prêt à payer un double loyer 2 mois durant, plutôt que de continuer à partager cet appartement, l’appartement de la trahison. La cohabitation avait duré malgré tout presque 6 mois. Le temps pour moi d’apprendre à la détester.

Le temps pour moi de trouver des acheteurs, avant de trouver enfin un appartement à louer.

 

Ma deadline approchait à grand pas : je me devais de trouver un appartement rapidement, avant que Veronica mette fin à son histoire. Je devais m’installer « seul ». Un point qu’elle avait mis du temps à comprendre. Qu’elle avait par la suite compris avec beaucoup de pleurs… « Je pensais que notre prochain appartement, on le choisirait tous les deux… »

Elle n’avait pas de colocation aussi douloureuse que la mienne à gérer. Et puis, elle était du genre à fuir, là où j’avais tendance à aller de l’avant.

 

En quelques coups de fil, avec énormément de chances, je finis par trouver un appartement correspondant dans les grandes lignes à ce que je souhaitais.

De toute façon, le choix était limité… C’était le seul.

Le seul que j’avais visité, le seul de disponible.

Le seul qui concordait avec mon budget, ma localisation, la superficie souhaitée.

 

Veronica ne comprenait pas que je ne pouvais pas signer un bail en disant « oui, en fait je vais payer avec une seconde personne, ma future femme, mais je ne l’ai pas encore vue. Mais ne vous inquiétez pas, elle viendra, et en plus elle a plein d’argents sur des comptes bloqués ! »

Elle était dans son monde de Bisounours, logée à l’œil chez son ex, propriétaire, 10 ans durant. Elle n’était pas vraiment consciente de l’offre et de la demande de l’immobilier à Paris et dans sa région.

 

Les jours avançaient donc.

Ponctués par nos longs coups de fil.

Par les coups de fil qu’elle donnait à Aliénor.

Par les coups de fil qu’Aliénor me donnait, tentant de résumer comme elle pouvait les précédents coups de fils d’avec Veronica tel un hibou. Tel Hedwige dans Harry Potter.

 

Quelques évènements venaient néanmoins pimenter le quotidien.

La fois, durant laquelle, j’avais exigé qu’elle vienne au pied de mes bureaux, étant donné qu’étant en arrêt maladie, ça ne lui coutait rien de prendre la voiture.

Sans quoi, j’envisageais de tout arrêter.

Elle avait alors réclamé les clés à son ex, lequel avait refusé de les lui donner.

Elle lui avait alors demandé qu’il l’emmène au pied de mes bureaux. Chose qu’il avait bien évidemment refusé.

En pleurs, fébrile, elle avait alors appelé Aliénor, pour lui demander de faire le taxi.

 

Aliénor ne savait que faire… hésitant entre faire l’aller et retour, mais embêtée par l’urgence de la situation, ainsi que le timing serré avec l’heure de sortie d’école de ses gosses.

Alors qu’elle était dans tous ses états, partagée entre la colère et la tristesse de me perdre, une voix d’homme la coupa :

« Non mais vous allez arrêter d’embêter Veronica ? Elle est fragile en ce moment… alors laissez la tranquille. Merci. »

 


Aliénor fut bouche bée.

L’ex de Veronica venait de lui raccrocher au nez. Pensant sûrement que c’était moi.

Rapidement, il l’a rappela, s’excusant platement, pensant effectivement m’avoir au bout du téléphone.

Après s’être confondu en excuses, il lui expliqua que Veronica était une bonne fille, mais était un peu perdue, très fragile et très dépendante en ce moment. Toute cette histoire (sa maladie, l’annonce à l’aéroport, la demande en mariage, le mois de test) l’avait épuisée, et elle peinait à se remettre d’aplomb.

Aliénor lui demanda, s’il connaissait mon existence. Il confirma.

-       Pourquoi ne pas l’appeler une bonne fois au téléphone, pour crever l’abcès ? 

-       Je suis un peu trop vieille France pour ça… 

 

Tout était dit.

En quelques mots, l’existence de son ex venait d’être démontrée, ex qui était au courant de mon existence, conscient de la place que je prenais dans le cœur de Veronica, et au petit soin pour elle, le temps de la remettre en forme.

 

Malgré sa faiblesse, elle était assez en forme pour s’envoyer en l’air (dans les 2 sens du terme) les week-ends. Un week-end à Amsterdam… durant lequel, elle confiera à Aliénor « à quel point c’est trop bon de s’envoyer en l’air en étant complètement drogué », et un autre week-end à Barcelone…

 

De mon côté, je m’accrochais à mes projets à courts termes (mon déménagement essentiellement), pour ne pas trop penser aux parties de jambe en l’air de mon amoureuse… avec son ex, qu’elle appelait sur son blog (et lorsqu’elle en parlait avec Aliénor) : « mon mec ».

 

Il n’y a que pour moi qu’elle faisait la différence.

 

Et puis il y eu cet autre petit épisode sortant un peu du commun.

Après avoir eu confirmation auprès de mon responsable, comme quoi ma mission dans cette nouvelle entreprise se déroulait bien, (et en d’autres termes que je pouvais l’esprit léger déménager tout à côté de cette nouvelle entreprise, sans avoir l’appréhension de perdre ma mission dans les semaines qui venaient), j’organisais mon déménagement. Celui-ci était prévu le lendemain de mon anniversaire.

 

J’avais profité de cette journée pour poser un jour de congé afin de préparer mon déménagement.

Je devais le matin aller récupérer un fauteuil de bureau pour mon ordinateur, qu’un particulier m’avait vendu via eBay, suite à quoi je déjeunerais avec Aliénor, avant de signer l’état des lieux, et déposer quelques affaires dans mon nouvel appartement.

 

Je n’ai jamais aimé rouler en voiture à Paris.

Une perpétuelle appréhension liée au fait que sans mon GPS je suis complètement perdu, et qu’un automobiliste perdu à Paris, est un automobiliste qu’on va klaxonner.

Et j’ai juste horreur qu’on me klaxonne.

 

De plus, les places de stationnement libres à Paris, on en parle souvent, mais on n’en voit jamais.

 

Je me rendis néanmoins comme convenu chez le vendeur pour récupérer mon siège d’ordinateur quasi neuf.

Hasard ou destinée, le bureau de Veronica, se trouvait tout à côté de là où j’étais.

Ni une ni deux, je décidais de me rendre au pied du bureau, et de la guetter.

 

Elle m’avait dit que 4 fois par an, elle participait à une réunion, une sorte de bilan comptable. Un truc chiant, auquel elle se devait d’assister, et qu’elle n’aurait probablement pas la possibilité de venir me rejoindre en bas.

Et pour une fois, elle avait vu juste.

Pour une fois, notre première rencontre n’aurait pas lieu.

Pour une fois.

Comme une impression de déjà-vu…

 

Je lui ai envoyé un SMS pour lui signaler que j’étais en bas de son immeuble, que je l’attendais.

Elle m’a répondu qu’elle ne pouvait pas. Qu’elle n’était pas disponible.

 

J’aurais pu rester plus longtemps, mais d’une part je n’avais pas de carte de stationnement (et les pervenches à qui j’avais assuré que j’étais sur le départ ne semblaient pas d’humeur à plaisanter), d’autre part j’avais un déjeuner de prévu avec Aliénor.

 

Déjeuner un peu entaché par le coup de fil de l’agent immobilier qui me louait l’appartement, qui m’annonçait du plus simplement possible, que l’état des lieux n’aurait pas lieu à 14h ce jour comme cela était initialement prévu.

-       Ecoutez-moi bien, on est moins de 24h avant le début de mon déménagement, je ne vais pas pouvoir faire l’état des lieux, je n’aurais pas les clés, et vous ne voulez pas que je panique ? 

-       Vous n’avez qu’à venir les chercher demain, à la première heure… 

-       Demain j’ai un déménagement de prévu. J’aurais un peu autre chose à faire que de venir chercher des clés… 

 

Tout fini par s’arranger.

Le premier jour de mes 31 ans, j’étais donc nouvellement locataire d’un chouette 52m² vierge de toute femme.

Loin de ma précédente histoire.

 

De plus… Le mois de Mars touchait presque à sa fin. Et avec lui, se terminait le mois d’engagement de Veronica envers son ex.

jeudi 23 mai 2013

La meilleure Amie


« J’aimerais bien avoir un avis extérieur te concernant… » m’avait-elle confiée.

 

Mes photos la laissaient perplexes.

Elle voulait avoir une opinion plus objective que la mienne sur qui j’étais, pourquoi, comment.

Se rencontrer aurait été trop simple…

 

Je n’étais plus le bel homme qu’elle avait repéré sur Meetic.

Je lui envoyais souvent des photos, dès lors qu’elle m’en demandait. J’étais devenu cet homme, blanc pâle à cause de la fatigue d’une collocation qui durait trop, et affaibli pour cause de vacances trop lointaines, tant par le passé que par le futur. Cet homme peu souriant… Car mal à l’aise de sourire en plein open-space, en mode « je me prends en photo avec mon flash car tu me l’as demandé… ».

 

Oui. Il m’arrive d’être normal. Voire même de ne pas être au mieux de ma forme.

D’être loin de ma « photogénie » surnaturelle, que je dois avoir 1 fois sur 1000.

Dans l’ombre.

Lorsque je ne sais pas qu’on me prend en photo.

Et que je suis dans un contexte particulier.

Avec des retouches d’images.

Avec d’autres personnes sur moi…

 

Bref, dans des contextes très particuliers. Mais bon, les photos sur Meetic, sont censées représenter le « best of » des photos qu’on a…

Dans mon cas, en tout cas ça l’était.

 

Et ça, elle l’avait rapidement compris.

 

Mais elle voulait en savoir plus sur moi.

Sur mon physique. Sur mon caractère. Mon comportement. Sur la vision que je donnais d’elle à mes proches. Sur tout ça.

Il fallait que cela vienne d’une autre personne.

 

C’est à ce moment qu’Aliénor est entrée en jeu.

 

Aliénor, est une bloggeuse avec laquelle j’étais en contact plus ou moins suivi depuis quelques années. Quarantenaire, mère des « 2 plus beaux enfants du monde » (vive l’objectivité lui avais-je soufflé lorsqu’elle m’avait déclaré ça), mariée, posée.

Une vie tranquille de housewife plus ou moins desperate en fonction des journées.

 

Lorsque je lui avais parlé de mes projets de m’expatrier à l’étranger, elle m’avait fait comprendre sa déception, qu’après toutes ces heures de tchat et d’échanges par mails, nous ne nous étions jamais rencontrés « In Real Life ».

 

Et puis le hasard avait voulu que j’atterrisse dans une société située à côté de chez elle, près d’un grand centre commercial, composé de chouettes galeries marchandes dans lesquelles elle aimait se perdre lors de journées de «shopping », ou de ses journées de blues (qui rimaient aussi avec des journées « shopping »).

Elle avait tenté de m’expliquer pourquoi cela faisait du bien de dépenser de l’argent lorsque ça n’allait pas, et pourquoi une femme devait avoir des milliers de sacs et de paires de chaussures, mais je crois bien avoir reconnu que les hommes (en tout cas celui que j’étais) n’étaient pas « programmés » pour comprendre ce genre de comportement chez les femmes.

 

Et puis on a décidé de se voir. Pour de vrai.

La première fois fut assez… étrange.

Elle, me découvrait. Mettait une tête sur tous ces mails, tchats échangés.

Sur les notes de mon précédent blog.

Sur mes récentes souffrances.

Sur mon corps de sportif s’entretenant et étant parano sur son alimentation.

Moi je la découvrais. Dans son principal complexe inavoué, son corps, lui aussi en mauvais rapport avec la nourriture.

Elle n’avait jamais réussi à me faire comprendre qu’elle se considérait comme obèse. J’avais du mal avec le concept de « Fat and proud » : « mais moi je ne suis pas proud… je suis juste faible » m’avait-elle confiée, presque honteuse.

 

Malgré tout cela, nous sommes très vite devenus encore plus intimes.

Et ce malgré nos 10 ans qui nous séparaient, sa vie de femme mariée par rapport à ma vie de nouveau célibataire, ma vie d’homme pressé par rapport à sa vie de desperate housewife.

 

Rapidement, je lui ai raconté mon histoire avec Veronica.

Peut-être parce qu’elle était voyeuse… peut-être parce que j’étais exhibe.

 

Si mon entourage, ma famille, mes lecteurs de blog semblaient tous affirmer avec la même persuasion le fait que j’avais à faire à une mytho, elle, semblait convaincue de tout la concernant. Son histoire. Son passé. Son identité. Son physique.

 

Peut-être son côté fleur bleue…

Ou peut-être sa naïveté.

 

C’est grâce à elle que j’ai compris plus de choses sur son comportement. Entre autre sur ses colères.

Aliénor était latine. Comme Veronica.

 

Alors lorsque Veronica m’a demandé si j’avais une amie qui pourrait lui parler de moi, avec des yeux de femmes, c’est tout de suite à Aliénor que j’ai pensé.

Parce qu’elle était latine, parce qu’elles avaient la même passion : le shopping.

 

Après lui avoir promis monts et merveilles (restaurants onéreux, restaurants onéreux voire même d’autres restaurants onéreux), Aliénor a fini par accepter d’établir un contact avec Veronica. Avec le recul je crois qu’elle était un peu apeurée mais aussi plutôt excitée d’avoir au téléphone cette fameuse femme qui faisait battre mon cœur de pierre (et d’artichaut) depuis des mois.

 

Je me souviendrais toujours de ce premier coup de fil, qu’Aliénor a donné à Veronica. En oubliant de se mettre en « numéro privé », oubli qu’elle regrettera moult fois par la suite…

« Elle a l’air sympa. Là on parle en Espagnol. On se marre bien… »

La peur n’avait duré que quelques instants.

 

Et puis ce qui était initialement un simple coup de fil, est devenu un interrogatoire dans un sens. Une confession dans un autre.

Veronica s’est livrée sur des sujets très sensibles comme son rapport avec la nourriture depuis la mort de ses parents. Son engagement sur un mois avec son ex.

 

C’est durant un de ses premiers coups de fil (que j’appris plus tard), que Veronica expliqua à Aliénor, qu’elle était l’esclave de son ex.

En bonne pratiquante de « BDSM », elle n’était pas libre de partir sans que son « maitre » la libère. Cela expliquant pourquoi un mois durant, elle était radicalement persuadée, de ne pas flancher, et de ne pas vouloir me voir : elle était profondément engagée, pour ne pas dire soumise.

 

C’est lors de cette confidence, que je compris, avec 4 mois de retard, ce qu’elle avait voulu dire lorsque dans les premiers mails, elle avait parlé de rapport avec son ex de type « Sexe 2.0. Pervers ? Voyeur ? Ça te parle ? Je ne t’en dis pas plus, tu risquerais de fuir en courant ».

 

C’est une des excuses qui est revenue par la suite, m’expliquant pourquoi elle ne pouvait pas s’abandonner à moi. Elle ne voulait pas me le dire pour me « protéger ». Bien consciente que cette pratique était assez, incomprise des non-initiés dont je faisais partie. Elle ne voulait pas que ce genre de détails « salisse »  un peu plus sa tablette, déjà chargée la concernant.

« Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ? »

« Je t’ai menti pour te protéger ».

 

Mentir pour protéger.

La belle affaire.

 

Durant ces premiers coups de fil, Aliénor fut harcelée en mode inquisitrice de questions me concernant.

« Comment est-il ? Est-il mignon ? Est-il grand ? Fort ? Oui ? Dans ce cas, pourquoi n’es-tu jamais sortie avec lui ? Pourquoi ? Ah… Et si tu n’avais pas rencontrée ton mari ? »

Chaque question était savamment posée une première fois, avant d’être de nouveau posée une seconde fois, d’une certaine manière déclinée.

Technique de communication parfaitement bien huilée, qu’Aliénor avait compris trop rapidement, se sentant à chaque fois un peu plus coupable d’en dire autant sur moi.

 

Et puis, les coups de fils se sont multipliés, Veronica étant en énième arrêt maladie pour cause de grande fatigue.

Aliénor, est vite (trop vite ?) devenue, selon Veronica « une bonne amie ».

Une amie prête à tout.

Une amie confidente. Compréhensive.

Sa meilleure amie en fait.

 

A tel point que parfois, je recevais un SMS de Veronica, me demandant si je savais pour quelle raison Aliénor ne décrochait pas son téléphone.

 

Je pars du principe de ne pas regretter les choses qui sont faites, partant du principe qu’elles sont faites.

Mais tant pour Aliénor, que pour l’évolution de notre relation, je crois que si ça avait été à refaire… Je n’aurais jamais introduit Aliénor dans notre histoire.

Non, cette histoire était la nôtre. La sienne. Celles de nos millions de lecteurs.

Mais nous ne devions être que deux.

 

Il était trop tard. Le numéro de téléphone n’était pas masqué, et en quelques coups de fil, Aliénor s’est rapidement rendu compte de la lourde tâche de la promotion improbable en tant que « meilleure amie de la vie » qu’elle venait d’obtenir trop rapidement auprès de Veronica.

vendredi 17 mai 2013

Un mois de réflexion


Le mois de mars avait commencé. Le 4ème mois maintenant durant lequel je parlais à une inconnue du net, que je n’avais jamais vue auparavant.

4 mois, dont environ 3 mois passé à l’étranger.

A la fois pour cause de vacances, pour cause de congés maladie, pour cause de repos pour se remettre de ses congés maladie, pour cause de baby sitting, pour cause de malaise vagal et finalement pour cause de « 2ème chance » auprès de son ex.

 

Le premier coup de fil qu’elle m’a donné après être revenue en France, elle l’a passé dans la rue.

 

Elle avait plusieurs nouvelles à m’annoncer.

La première était qu’après de longues heures de négociation, elle avait réussi à accorder à son ex un mois d’essai, un mois durant lequel il devrait faire en sorte d’être irréprochable. Un mois durant lequel il ne devrait pas la tromper. Un mois durant lequel il devrait lui montrer, la nouvelle vision de la vie qu’il aurait pour lui.

 

Un mois durant lequel elle réfléchirait sur sa décision finale, celle de replonger ou non avec lui.

 

« Tu comprends, j’ai vécu 10 ans avec lui, je peux bien lui accorder ça. En plus, lui initialement il voulait 3 mois, j’ai réussi à négocier seulement 1 ».

 

Je ne savais pas si je devais la féliciter ou pas.

Quelle belle victoire.

 

« Et tu penses qu’il va cesser comme ça, de t’être infidèle ? Tu crois qu’un homme change, comme ça, en claquant des doigts ? »

Elle me répondit que oui. Le genre de « oui » qui résonne comme un « non ».

 

L’ex en question.

« Il est en train de faire des examens. Il a de très grosses migraines… Si jamais c’était plus grave que ça, ce que je n’espère pas, j’accepterais de l’épouser, afin de légalement récupérer l’entreprise en cas de décès… »

 

Je me voyais déjà attendre l’annonce des funérailles pour espérer passer une nouvelle vie avec elle. D’un autre côté, je n’aurais pas été « embêté » par son ex, dans le cas où il aurait fallu que j’attende qu’il soit 6 pieds sous terre....

 

Elle non plus n’allait pas bien.

Anémie permanente liée au stress.

Et à sa bizarre manière de gérer la nourriture lorsque rien ne va niveau mental, datant de la mort de ses parents.

Affaiblie en permanence.

 

Affaiblie mais toujours aussi amoureuse.

 

Je pensais, enfin « nous pensions » que ce mois serait le mois du silence, silence qu’elle s’était tacitement imposée par respect par rapport à son ex.

Au lieu de ça, nos coups de fil, nos SMS, et nos emails se sont multipliés.

 

Et nous avons fini par ne plus être 2 dans cette histoire.

Une 3ème est venue nous rejoindre.