vendredi 29 mars 2013

01/12/2010

Le rendez-vous avait été annoncé sur Gtalk, le système de discussion instantanée proposé par Google.

Il fallait que ça soit annoncé en direct.

"Je pars la semaine prochaine sur un événement que l'on va gérer l'an prochain. Et ça se passe... En Argentine..."

 

J'ai accueilli la nouvelle avec le sourire.

Étant content pour elle qu'elle puisse revenir au pays pour se ressourcer.

Une finale de Polo, le 11 décembre.

 

Google, non sans lutter un peu pour avoir l'information, a confirmé cette date. Enfin une chose de vraie et de vérifiable dans toute cette histoire.

 

"J'irais voir ma famille. Marco viendra sûrement m'accompagner. Il apprécie beaucoup mon grand-père."

 

Sa famille était au courant de la rupture. Mais pas de la raison. Raison volontairement mise sous silence par Marco, qui contactait au quotidien le grand père de Veronica pour une histoire d'importation de Vin Argentin.

 

"Donc, soit on se rencontre avant ton départ (soit d'ici 8 jours) soit on se rencontre après..." lui dis-je.

"Avant mon départ, cela me semble un peu précipité, non ? ", petite phrase ponctuée d'un smiley.

 

Elle voulait que je sois amoureux de son âme avant d'être amoureux de son physique.

Incapable de comprendre son attirance pour moi, il aurait fallu que je ponctue tous mes mails de "je t'aime".

 

Je t'aime.

 

4 ans durant, je ne l'avais jamais dit à la femme avec laquelle je partageais mon toit, et ma couche, et il aurait fallu que je le dise à une femme que je n'aurais jamais vue de toute ma vie...

 

Drôle de concept.

 

La peur d'être seule sûrement... La peur de ne pas être aimée...

- Tu sais Veronica, chaque jour je suis un peu plus impatient de te rencontrer

- Alors préviens-moi quand tu seras amoureux et transi.

- Et toi, es-tu amoureuse et transie ?

- Pas encore, il y a encore beaucoup de points à aborder... Si Marco ne m'accompagnait pas, viendrais tu à Buenos Aires, alors que tu ne m'as pas vu IRL ? Viendrais tu, de l'autre côté de l'atlantique ? Ou n'es-tu pas assez à point ?

 

Non.

Bien sûr que non.

Si la raison officieuse était bien entendu le fait que je ne prendrais pas ce risque, avec une inconnue, la raison officielle était plus classe : une bête histoire de jours de congés que je n'avais pas.

Mais ma réponse ne lui a pas convenue. La semaine de vacances n'était en fait qu'un week-end.

 

Peu importe, pour elle, le « test » avait échoué.

Chaque test échoué, repoussait d'un jour ou deux le jour de notre première rencontre. Je l'ai deviné, et elle m'a confirmé cette règle tacite, en ajoutant une autre règle du jeu, simple, et si légère : "Il n'y a pas de demie mesure avec moi. Tu me suis ou tu me fuis."

 

La question qui m'est alors venue en tête, a été la suivante :

- Donc, tu veux bien que je te suive sans demie mesure, de l'autre côté de l'océan sans t'avoir vu, par contre tu refuses de venir prendre un café avec moi, un soir à Paris ?

- Oui. Je suis bizarre.

 

Bizarre.

Folle.

Psychopathe.

Louche.

Barge.

Paradoxale.

Complètement tarée.

 

Puis elle a admis que Buenos Aires était trop précipité. Mais pourquoi pas la saint Valentin à New York pour le mois de Février ?  Quel beau projet effectivement. Central Park sous la neige, en tête à tête... Main dans la main...

 

Et puis le tchat a dérivé façon lubrique. C'était la première fois que ça se passait...

Elle a parlé de bas, du fait que "j'avais l'autorisation de me faire plaisir en pensant à elle", puis on a parlé de sous-vêtements, de ceux qu'on pourrait aller en acheter ensemble.

 

Elle a décrit la première fois, la première rencontre, telle qu'elle l'imaginait : "Je voudrais que notre première fois, se fasse ailleurs. Histoire d'être hors de tout contexte pour démarrer, ou pas, une histoire. Mais bon, nous avons un peu de temps, non ? "

 

Non.

 

Nous n'avons pas un peu de temps.

 

La vie est trop courte pour louper les petits plaisirs de la vie, pour passer à côté de peut-être une belle histoire d'amour. Pour recommencer un nouvel avenir l'année d'après, peut être en France, peut être loin de la France.

 

Et ce voyage en Argentine...

Je ne sais pas pourquoi, j'avais en tête le fait que ça serait forcément plus long que prévu. Mi-décembre... Noël approchant... Veronica n'ayant pas de famille en France...

 

Lors d'une soirée, j'ai eu droit à quelques confidences de sa part. Confidences suite à mes questions inquisitrices.

Je crois que j'essayais de savoir si c'était vraiment une femme en face de moi. D'où provenait sa famille "compliquée", pourquoi elle était si mystérieuse.

Je lui ai demandé la taille de ses bas. Je lui ai demandé pour sa famille, et pourquoi il n'y avait rien sur elle sur Google. Elle a répondu en plusieurs fois, excédée par mon insistance...

 

Son père faisait de la politique en Argentine, et à une certaine époque, les « opposants à la dictature» (dont il faisait partie) disparaissaient dans d’étranges circonstances...

Alors, elle a cherché à se protéger, à ne pas trop faire parler d'elle, pour que, le « nettoyage » ne remonte pas jusqu'à elle.

Encore une bonne couche d'extraordinaire et d'improbable à son histoire.

Tout en restant plausible... Comme tout le reste...

 

Puis elle s'est déconnectée sauvagement. Agacée. En colère.

 

Elle m'a répondu le lendemain, par mail. Calmée par la déception qu'elle avait qu'après ces semaines de tchat et d'échanges par email, je sois toujours aussi perplexe par rapport à son existence. Par rapport à la véracité de son identité, de son genre, de sa situation.

De sa vie.

 

Je l'ai sentie agacée. Meurtrie par mes questions, tout en étant déstabilisé par ses réponses.

Elle donnait une fois de plus l'impression d'être perdue. Perdue dans une réalité qui lui échappait.

 

De mon côté, toutes les réalités, elles, étaient bien là.

Ma mission professionnelle arrivant à sa fin (ce qui impliquait un départ à zéro à ce niveau également...).

La collocation, devenait chaque jour plus délicate.

L'appartement, lui, ne se vendait pas.

Et les visites, tous les week-ends qu'il fallait organiser.

Seul.

 

Mettre l'appartement en ordre, répéter toujours les mêmes phrases, répondre régulièrement aux mêmes questions, faire face à la même réaction positive ou à une moue boudeuse.

Attendre des visites qui ne viennent pas... et accueillir celles qui viennent.

 

Et puis... Alors qu'une visite devait arriver, le téléphone a sonné.

Un numéro Inconnu.

« Allo ? C'est Veronica ».

lundi 25 mars 2013

26/11/2010

Suite à cette soirée d'échange de mails s'en est suivi un silence radio. Je n’ai compris que plus tard qu'elle souhaitait me laisser retomber mon désir, mon attirance, suite à son histoire de rencontre.

 

Et puis, elle est revenue à la charge, sur mes projets "secrets".

 

Alors, je lui ai tout raconté.

Le Québec.

Tout plaquer, pour partir loin, loin de tout ça.

Loin de cette France qui n'avance pas.

Loin de tous ces souvenirs douloureux, sentimentalement parlant.

Partir pour repartir à zéro.

 

Elle m'en a voulu, de s'être confiée corps et âmes, et que je lui ai cachée cela depuis le début.

Dans un mail un peu corrosif, elle m'a fait comprendre son agacement face à mon mensonge, à mon secret. Un e-mail sous forme de bombe, à retardement... Une provocation ?

 

Puis elle l'a regretté. Sans savoir pour quelle raison, elle avait peur de me perdre. Peur que je ne réponde jamais. Que je ne lui réponde plus.

 

Nos mails se faisaient de plus en plus fréquents, parsemés de son côté par d'innombrables "Je n'arrête pas de penser à toi. Aujourd'hui tu as été dans ma tête toute la journée".

De mon côté, étant toujours discret par rapport à mes sentiments, je me contentais d'attendre ses mails avec impatience, et d'y répondre dès lors que je les recevais.

 

Une semaine s'était écoulée depuis notre première rencontre qui n'avait pas eu lieu. Gentiment, je l'ai taquiné à ce sujet, mais ça ne l'a pas beaucoup fait rire. Le soir anniversaire en question, elle était en train de boire avec sa colocataire, de passage dans son appartement.

 

L'alcool faisait-il donc partie de son quotidien ?

 

Elle m'écrivait que la fin "supposée" de son travail à l'agence n'avançait pas comme convenu. Les 15 jours initialement discutés sont devenus 3 mois.

Pas de nouvelles personnes pour la remplacer.

Un souhait pour qu'elle reste à l'agence, tout en faisant une croix sur la vie "amoureuse", pour ne garder que la vie professionnelle.

 

Perdue, c'est l'impression qu'elle donnait.

 

Elle m'a expliquée qu'elle avait besoin d'être amoureuse, pour oublier Marco, pour avoir de l'énergie au quotidien pour pouvoir avancer.

Tomber amoureuse de moi par exemple.

Moi et mon côté tellement insaisissable.

 

Elle m'a expliqué qu'elle n'avait pas de Smartphone pour prendre une photo le premier jour de notre rencontre, mais un vieux téléphone, qui ne tenait plus la charge.

Téléphone que d'ailleurs elle n'utilisait pas souvent car n'aimant pas le téléphone, lui préférant les SMS. Que d'ailleurs, elle n'envoyait pas plus souvent...

Je crois même qu'elle m'a confié ne jamais en avoir envoyé autant à partir du moment où nous nous sommes connu...

 

Mystérieuse.

 

Mystique.

 

Mythique également.

 

Dans un long mail dans lequel elle me fournissait pas mal de réponses à mes questions en suspens, elle a fini par me donner son nom. Ses noms devrais-je dire.

Le nom de son père, et celui de sa mère.

Précisant bien : "ma famille est une grande famille. C'est compliqué. Je t'expliquerai le jour où on dansera le tango, si tu veux bien".

 

Je suis de la génération Google.

La googliser a été ma première réaction. Peut-être comme pour mettre de côtés tous les premiers doutes que je commençais à avoir à son sujet. Concernant ses photos, trop différentes les unes des autres, son histoire, tellement incroyable avec son ex, à la fois ex et boss. Et puis ce paradoxe, entre son côté "fille de bonne famille Argentine, élevée chez les sœurs" et le fait de porter des Dim up, bien plus sexy et aguicheurs que de sages collants. Sans parler du sexe 2.0, et du fait d'aimer la littérature érotique. Une semaine seulement, et déjà si mystérieuse.

 

Google n'a rien retourné à son sujet. Pas une page. Rien.

 

Mais, une partie de son nom m'a renvoyé vers le nom d'un parrain de la mafia.

Un mafioso Italien, basé à New York.

Ses mots concernant sa grande famille, "c'est compliqué", mêlé à la mort de ses parents, dans des circonstances "étranges", m'ont fait cogiter un peu plus…

 

Un règlement de compte ? Une mauvaise affaire ? Quelque chose de louche planait là dessous...

 

Je suis le genre de personne qui aime connaître 100% d'une histoire.

Un de mes gros défaut (ou une qualité ?), est que lorsque je ne possède que 80% d'une histoire, j'ai souvent tendance à essayer d'en déduire, ou de deviner les 20% restant.

 

Romancer pourrait être le mot juste...

Ça m'occupe...

 

Néanmoins, le problème, c'est que cette règle s'applique aussi lorsque je n'ai que 20% de l'histoire, et que je dois deviner le 80% restant... Et là, ça se complique rapidement...

 

Je crois que c'est à ce moment-là, qu'elle a commencé à comprendre que je marchais comme ça. Et qu'elle s'est amusée à ne fournir que des bribes d'information, pour me faire cogiter encore plus.

 

Forcément... j'ai continué à cogiter de plus en plus...

Jusqu'à recommencer à douter de son existence.

 

Comment réagir, face à quelqu'un qui repousse tous les jours, la première rencontre ? Personne... inconnue de Google. Il y a dix ans, pourquoi pas.

En 2010... Ça devient bizarre.

 

Et puis, c'est tombé début décembre. Une dizaine de jours après le début de nos échanges.

"J’ai une bonne nouvelle. Mais je veux t'en parler tout de suite, car elle implique quelques contretemps dans notre relation naissante…".

vendredi 22 mars 2013

Trois bouts dans sa main

Elle a continué à me parler de son ex. Me parlant de ses multiples maîtresses, de ses histoires d'un soir : "Marco est un type très 'sexuel'. Moi parfois. Parfois seulement".

Avec le recul, ce « parfois » me fait sourire.

 

Une maîtresse a fini par prendre trop de place dans la vie de son ex. Présente aux soirées de l'agence. Et puis son ex il l'a envoyé un mois en vacances, loin de lui, avec ses beaux enfants à gérer.

 

Et puis sa maîtresse est tombée enceinte. Elle est devenue celle qui aller s'installer dans son appartement à sa place, appartement qu'elle avait refait.

Appartement dans lequel, dix ans durant ils avaient vécu.

Appartement dans lequel il ne voulait pas lui faire un bébé.

Appartement dans lequel de toute façon elle lui aurait refusé.

A fleur de peau, c'est l'état dans lequel, suite à cette situation elle se sentait.

 

Puis elle a demandé à quoi correspondaient mes initiales.

 

J'aurais pu répondre simplement à sa question, mais je ne sais pas trop pourquoi, j'ai étalé mes 4 dernières années, suivi de l'épisode tragique de la veille. Il parait que c'est une bonne thérapie que de se confier, lorsque des choses tragiques se sont passées.

Elle a été ma confidente, comme j'ai été le sien.

 

Un appartement à deux c'est chiant à gérer.

Mais qu'en est-il lorsque son ex est son boss ?

Que seules ses fiches de paye tiennent lieu de contrat ?

C’est compliqué.

 

Les choses matérielles sont et restent toujours au final, les choses les plus chiantes à gérer lors d'une séparation.

 

Et puis elle a lâché cette information. Cruciale. Si importante.

"Marco est mon premier et unique mec".

 

30 ans, et un seul ex.

Une histoire de 10 ans.

 

Quelle conclusion doit-on en tirer ?

C’est compliqué. Très, compliqué.

 

J'ai toujours pensé qu'il fallait avoir plusieurs expériences amoureuses dans une vie avant de se caler, une bonne fois pour toute, avec le bon ou la bonne. Sans quoi, le démon de midi fini toujours par nous chatouiller. A 30 ans, 35 ans, 40 ans, 45 ans... En fait, je crois qu'il n'y a plus d'âge pour le démon de midi. Je ne crois même pas qu'il y ait une règle, qui protège ou non un couple de la séparation à un âge donné. Tellement de paramètres rentrent en cause...

Le passé peut être.

Les rencontres du quotidien, sûrement.

Le caractère, inévitablement.

 

Une seule histoire donc.

Un seul ex.

Ce qui rajoute une qualité supplémentaire à sa longue liste de qualités : "Le premier".

"Je devrais m'effacer de la vie de ses enfants" me confiait telle, tout en m'apprenant que sa seule famille était sa grand-mère et son grand- père, en Argentine.

Ni frère, ni sœur.

Ni parents.

 

Un univers de 10 ans, qui s'effondrait. Et comme tout le monde qui rencontre ce même genre de cataclysme, aucun mode d'emploi pour savoir par quoi commencer pour reconstruire son présent et son futur.

Une seule certitude : 10 ans d’histoire, ne se tournent pas en 10 jours. Peut-être pas plus en 10 semaines.

 

Seule la problématique « financière » ne semblait pas lui poser problème. Un ou des gros comptes bloqués en banque, alimentés par 10 ans dans une vie de couple, nourrie, logée et blanchie, à ne rien dépenser (rien n'incluant pas les sacs, les fringues, et les chaussures... mais qui représentait un certain budget, plus que conséquent).

 

Et puis, c'est arrivé comme un cheveu sur la soupe.

Sans aucun rapport cause conséquence.

"Côté sexe je suis assez traditionnelle en fait je crois. Marco a une sexualité plutôt 2.0. lol. J'imagine que tu ne vois pas à quoi cela correspond ? Comment faire un résumé de ça sans être choquante... Voyeur ? Joueur ? C'est un chapitre délicat. T'en parler pourrait te faire fuir plus vite que ton ombre. Et puis il est peut-être un peu tôt pour parler sexe 2.0"

 

Voyeur.

Joueur.

Que de mots intrigants pour un concept obscur.

 

J'ai mis de longs mois, avant de comprendre ce dont elle parlait, en parlant de ce concept sexe 2.0.

J'aurais pu rebondir sur plein d'autres choses, mais cette fin de chapitre a été la première chose sur laquelle j'ai rebondi.

 

Je lui ai parlé de mon fétichisme et mon attirance pour les bas chez les femmes d'une manière générale, de mon côté voyeur, ou juste, visuel pour un mec au final. J'ai repensé à son profil, sur Meetic, profil dans lequel elle précisait apprécier "la littérature érotique".

Détail qui m'avait fortement intrigué sur la véracité de son profil.

Puis j'ai répondu à d'autres sujets.

 

Si je devais résumer les mails qui m'ont le plus marqué dans notre histoire, celui-ci doit en faire partie.

 

Je me souviens que lorsque je l'ai reçu, j'étais en train de jouer au tarot avec des amis. Oui, tous les hobbies étaient bons pour être le moins souvent possible à l'appartement. Alors pourquoi ne pas jouer aux cartes entre amis ?

 

"Visuel. Un mec quoi" ont été les premiers mots de son e-mail.

Ce n'est plus tard, que j'ai fini par comprendre que la provocation du sujet orienté 'sexuel' était volontaire de sa part.

 

Elle m'a alors expliqué son histoire par rapport aux bas. Son début avec son ex également, les deux sujets étant étroitement liés.

 

"Visuel... un mec quoi. Mais as-tu déjà réglé les sièges de ta voiture de façon à ce que les genoux de ta passagère soient plus hauts que ses fesse, de telle sorte à ce que sa jupe s'obstine à glisser sur ses cuisses ? "

 

Marco, faisait ça. »

C'est lors de son stage, au tout début de son travail chez son ex, lors d'une visite chez l'un de ses clients que cela s'est passée. Elle s'est assise, enfoncée comme dans un trou dans ces sièges, dévoilant ainsi le haut de ses Dim up.

 

"D'aussi jolies jambes devraient être gainées dans des bas de soie..."

 

Le lendemain, il lui offrait une paire de bas en soie et un porte-jarretelles. La semaine d'après, elle a sûrement fait exprès de ne montrer aucun doute quant au fait qu'elle portait ce qu'il lui avait offert...

Au retour, de ce rendez-vous, il lui a affirmé la chose suivante : "d'aussi jolies fesses ne devraient pas porter des culottes qui marquent".

 

Tout a commencé comme ça.

Des cadeaux coquins, des flirts.

De la baise au bureau, lors d'heures supplémentaires tard le soir. Faisant tomber les dossiers par terre. Ou sur la photocopieuse, dans la salle des fournitures.

Il était marié à l'époque. Puis elle m'a expliqué qu'elle était devenue sa maîtresse. La situation était terriblement excitante. Il lui a fait découvrir la vie, petite vierge d'une famille traditionnelle d'Amérique Latine qu'elle était.

 

Ils baisaient, et il se confiait à elle.

Lui parlait de sa femme qui perdait la boule. Et puis le divorce suite à l'expertise médicale a été prononcé. Sa « maîtresse » en semaine, elle devenait la belle-mère le week-end.

 

Et puis les enfants ont grandi.

L'agence a pris de l'ampleur.

Le sexe était alors sa seule détente.

Ça a été l'avènement du sexe 2.0.

Et puis il a commencé à aller voir ailleurs, maintenant qu'elle était devenue dépendante de lui, physiquement et mentalement.

 

Voilà. C'était ça son histoire.

 

Autant de questions que de réponses.

Vierge d'un homme, mais sûrement beaucoup plus expérimentées que moi.

Mère par intérim, mais sûrement une future mère expérimentée.

Amoureuse, et trahie.

 

Aussi détruite que moi.

Peut-être plus.

Sûrement plus.

Ma vie était partout ailleurs, mes amis, ma famille.

 

Elle, elle n'avait que lui.

Lui et son monde.

Tout s’était effondré d’un coup.

 

Elle m'a également dit qu'elle avait gardé mon numéro de téléphone, mais qu'elle n'était pas prête à passer au mode 'voix'. Qu'elle n'aimait pas le téléphone.

 

Avec le recul, je pense pouvoir dire qu'il lui rendait bien.

 

Si un jour j'y tenais cependant, elle m’appellerait.

 

Ce soir-là, elle m'a également confié qu'elle n'allait plus sur Meetic.

Qu'elle continuait à discuter avec 2 personnes en mode amical.

2 personnes.

Et moi.

 

Ce soir-là, elle m'a demandé si je gagnais ou non au tarot.

Je lui ai répondu que j'avais plutôt tendance à perdre...

 

"Est-ce lié au fait que tu ne tires pas des bonnes mains ? ou parce que je trotte dans ta tête " me demanda-t-elle

"Non, j'ai 3 bouts dans ma main. Est-ce que cela répond à ta question ? "

 

"C'est adorable... A très vite. "

lundi 18 mars 2013

23/11/2010

La drague 2.0 a ses subtilités.

 

Je ne l'avais pas vraiment étudié, et pratiqué auparavant.

Elle non plus semble-t-il.

 

Dans la vraie vie, c'est souvent assez simplement que ça se passe. Un regard échangé, quelques mots, la femme a les pupilles dilatées, l'homme inconsciemment bombe le torse. Ensuite, ce n'est qu'une question d'heures ou de jour avant le premier baiser, la première baise, et la conjugaison d'un futur à deux. Ou d’un lendemain sans nouvelles.

 

Pour ça, il faut qu'il y ait une vraie rencontre, dans la vraie vie.

Le virtuel n'est qu'une porte d'entrée, ou de sortie, pour arriver à cette première rencontre.

 

Cependant, ce même virtuel n'a pas que des inconvénients, si la rencontre, dans le monde réel arrive assez tôt. Cela permet de faire plus amples connaissances, de laisser transparaître des choses qui n'auraient peut-être pas pu être décelées en ne faisant que discuter.

Elle a alors commencé un genre de question réponse, par mail.

Des questions aussi diverses et variées que : ma nourriture préférée, un souvenir d'enfance, un endroit dans lequel j'aimerais vivre...

Mes projets, mes envies...

Ce que je regarde en premier chez une femme…

 

J'ai reçu ce mail, le lendemain, d'une grosse crise avec mon ex ; après que j’eus découvert que son amant était venu la baiser dans notre appartement, symbole de notre union.

Une grosse claque également dans ma vie.

Le jour même où je me suis rendu compte, que la colère ne faisait pas se sentir mieux une fois évacuée.

 

Bizarrement, dans ce genre de moment dans une vie, la motivation professionnelle prend un sérieux coup. N'étant déjà pas très motivé dans la société dans laquelle j'étais à l'époque (peut être aussi car, de bosser dans un placard n'est jamais très motivant...), j'ai alors passé mes journées à correspondre avec elle.

Et la mailer… et à attendre ses réponses.

 

Mon souvenir d'enfance : mes aventures que je me faisais quand j'étais gosse, et que je jouais tout seul à m'inventer mon monde.

Mon travail : ne pas passer ma vie à la gagner... Et puis, musicien professionnel ne paye pas, sauf peut-être pour 1 musicien sur 10 000...

Mes futurs enfants : bien sûr, voir grandir la chair de ma chair, tout en étant meilleur père que le mien l'a été... tout en ayant peur du bouleversement et de l'impact que ça aura sur ma vie...

Mes projets : oui. Mais non. C'est encore trop secret.

Ce que je regarde chez une femme : sa taille... ses jambes... son visage... ses mains...

 

Mes projets l'ont rapidement intéressé.

Forcément, niveau teasing, je suis assez mauvais. Mais, étant mauvais menteur, je ne pouvais pas lui mentir à ce sujet, pas lui mentir trop longtemps. J’ai malgré tout tenu quelques jours.

 

Le processus administratif pour partir un an au Québec était en marche, et j'attendais d'avoir la confirmation que je faisais bien partie des 7 000 chanceux qui auraient l'opportunité de partir l'année prochaine, vivre au pays des caribous, et de Céline Dion.

 

Allez chercher une femme sur Internet, pour autre chose qu'un plan cul, en précisant dans les 3 premiers jours : au fait, dans 3 mois j'envisage de quitter la France... Que tu le souhaites ou non.

 

Ses réponses étaient désordonnées.

 

Elle m'a parlé de son pays, comme quoi ils naissent avec des skis au pied (j'imagine la douleur à l'accouchement...). Elle m'a demandé si j'avais visité l'Amérique latine. Elle m'a parlé de ses beaux enfants, de leurs âges lorsqu'elle avait rencontré son ex. De la fierté qu'elle en tirait suite à leur réussite scolaire. Elle m'a également parlé du décès de ses parents 7 ans plus tôt. Puis, elle m'a parlé de son implication dans la société de son ex, qui était en partie devenue la sienne.

 

Avant d'aller prendre un café, elle m'a demandé cette question, simple, nette et précise : "Qu'as-tu commandé au père Noël ? Moi une nouvelle vie, avec un nouvel amoureux, et un nouveau job qui n'aient aucune liaison entre eux".

 

Je lui ai alors donné ma liste de Noël :

 

- Un couple d'acheteurs, super pressé d'acheter notre appartement, afin que ma collocation se termine au plus vite.

- Une belle grande femme, qui a vécu, qui sait ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas. Avec laquelle pouvoir commencer à écrire un SMS, un livre, ou l'encyclopédie d'une vie de couple.

- Le mode d'emploi pour arriver à tutoyer le bonheur au quotidien, et arriver à se dire que d'avoir beaucoup de choses simples à foison, parfois, ça suffit pour être heureux.

 

Sa réponse, comme la mienne semble-t-il, m'a attendri au possible.

 

"J'espère que ton père Noël rencontrera le mien. Ça m'a touchée ce que tu as écrit, et maintenant je suis toute gnangnan. Je crois que tes mots m'ont tiré mes premières larmes…

vendredi 15 mars 2013

20/11/2010

"Je veux bien faire connaissance, j'ai cependant une question qui me tient à cœur... J'ai flashé sur toi, car tu étais le mieux du lot, très différent de mon ex. Mais toi tu me trouves comment ? Je ne crois pas t'avoir vu dans la liste très longue, des jeunes hommes ayant 'flashé sur moi'. Comment tu me trouves ? "

 

Comment je la trouvais.

 

Plus de 500 visites.

300 flashs.

Des tonnes de mail.

 

Mais pas le mien.

 

Alors pourquoi ?

 

Peut-être car les 4 photos de son profil étaient très différentes les unes des autres.

Sa photo de profil, était un gros plan d'elle. Cheveux frisés très bruns.

Puis deux autres. Une sur laquelle elle paraissait plutôt petite, une autre avec une robe immonde, et des cheveux en bataille.

Enfin une quatrième, trop éloignée pour vraiment distinguer son visage.

 

Par la suite, j'ai montré ses photos à d'autres proches ; des femmes qui m'ont affirmées qu'on pouvait avoir plusieurs visages, plusieurs visages dans la vie d'une femme.

Non, je ne la trouvais pas belle sur ses photos de profil.

Tout simplement.

Ou peut-être sur une photo sur quatre.

 

Mais allez dire ce genre de choses à une femme qui vient vous voir sur Meetic. Lorsque pas mal de critères semblent correspondre... En rajoutant le fait que parfois, certaines personnes ne sont pas photogéniques... Alors dans ce cas on brode.

 

"Je te trouve mimi, peut-être même trop, ceci expliquant ma parano d'hier".

 

Mimi.

 

Quel adjectif débile.

 

Avec le recul, je me demande comment j'ai pu être si... pathétique dans ma conviction ? Mais il faut croire que ça a marché.

 

Je lui ai alors parlé de son profil, et des fausses convictions que j'avais eues sur elle en regardant son profil.

 

"Tu aimes sortir et faire la fête non ? "

 

Dans ma tête, la phrase complète étant : "Tu aimes sortir et faire la fête non ? ... Contrairement à moi qui passe ma vie à tutoyer mon ordinateur, et à ne pas boire d'alcool..."

 

"Je suis ouverte à beaucoup de choses" m'avait-elle répondu.

 

Et puis, elle est rentrée dans le vif du sujet.

 

Parlant de drague 2.0, elle a fini par m'expliquer sa vision des choses :

"Je suis partagée entre le fait de me dire que tu peux m'intéresser, et le fait que tu sembles avoir une basse opinion de toi-même... J'ai besoin de quelqu'un de gentil, tu es gentil. Je cherche quelqu'un de différent de ce que j'ai vécu, tu es différent. Je donne l'impression... mais les impressions sont souvent trompeuses. Reste à voir ce qui ne se voit pas à première vue. Toujours partant ? "

 

Une basse opinion de moi-même.

Qui rime aussi avec le fait que je sois à peu près tout sauf prétentieux.

Je suis à l'opposé de ce qu’on appellerait un mec prétentieux.

 

J'ai été prétentieux.

Extrêmement prétentieux. Égocentrique.

Et puis, la vie m'a donné une bonne baffe pour me remettre les idées en place, et j'ai cessé de me sur vendre. De faire "mon commercial avec les femmes", de vendre de la fausse came.

Je le fais déjà au quotidien dans mon travail, lorsqu'à chaque entretien je dois "broder" pendant une demi-heure, en faisant croire que je suis une personne que je ne suis pas. Je n'aime pas mentir, je n'ai d'ailleurs jamais réussi à être un bon menteur.

En entretien, c'est cependant un art que j'ai fini par maîtriser. Le plus dur, est ensuite de faire illusion.

Mais dans la vie réelle, je n’ai jamais réussi.

 

Je suis quelqu’un de franc.

Très franc.

Trop franc d'ailleurs par moment.

La vérité n’est toujours pas bonne à dire (d’ailleurs, Mickael Jackson lui-même, disait que la vérité ne sort pas QUE de la bouche des enfants…).

 

Ma franchise m'a trahie, lorsqu'elle est rentrée en contact avec moi.

La plupart des autres contacts que j'ai pu avoir sur Meetic, étaient tous très souvent très loin de mon idéal féminin.

 

Du genre "Fat and proud".

 

Je ne sais pas, quelle magie dans son profil me donnait l'impression qu'elle était bien mieux que je ne puisse l'être.

Peut-être aussi que 4 ans durant, j'étais resté avec une femme que je n'aimais pas de toute mon âme, à qui à aucun moment je n’ai dit le fameux « je t’aime », et qu'à aucun moment je n'ai eu le courage de voir les choses en face, étant intimement persuadé que de toute façon, je ne trouverais pas mieux que ce que j'avais, pas mieux, surtout avec ce critère primordial, le premier, le plus important : « que la femme veuille bien de moi ».

 

Moi, mes cheveux longs, mes hobbies chronophages, mes idées tellement paradoxales.

Mon grand nez, mes lèvres pulpeuses.

Mes traits irréguliers.

Ma vision de la vie, et ma recherche perpétuelle du bonheur.

Mon présent, façonné par un passé qu'un psy n'a pas pu décrypter.

Mon avenir... tellement improbable et imprévisible.

 

Peut-être, que c'est tout simplement son style d'écriture, qui m'a laissé sous le charme.

Un style d'écriture similaire au mien.

Maîtrisé suite à de nombreuses années d'écriture dans la blogosphère. Chaque mot étant choisi et pesé. Une écriture sans aucun point. 

 

"Toujours partant ? Toujours partant !"