lundi 22 juillet 2013

des fiançailles virtuelles


16/05/2011

 

            Je l’avais attendu à mon match, le dimanche… Mais elle s’était endormie l’après-midi, et n’aurait de toute façon pas réussi à cacher les traces de lutte derrière un maquillage forcé.

 

            Nous avions pas mal communiqué ce lundi 16 mai. Le matin dans un premier temps. Peut-être parce que frustré réciproquement de ne pas avoir pu s'être téléphoné la veille car elle ne voulait pas que je l'entende pleurer comme quelques jours auparavant.

 

Pas de sommeil réparateur, un sommeil « médicamenteux ».

Provoquant forcément un réveil difficile. Mais un réveil malgré tout.

Elle m'avait expliqué plus en détails les raisons de son coup de fil compliqué de la veille.

 

Son ex. Et son packaging «global » à savoir sa « belle fille ».

Celle à cause de qui nous ne nous étions pas vu fin Février.

Celle qui était une des raisons de ses vacances au ski.

Celle qui pleurait de ne plus l'avoir comme « mère ».

 

« Marco voudrait que je la garde tu comprends... Cette semaine et pendant dix jours, c'est le festival de Cannes, alors il ne sera pas beaucoup disponible, et sa mère fait exprès de lui balancer dans les pattes, en sachant pertinemment qu'il galérera à la garder ».

 

J’étais toujours abasourdi par rapport au fait qu'elle puisse encore essayer de lui pardonner, de l’aider. Mais semble-t-il, elle l'avait vraiment envoyé bouler.

Pour que sa belle-fille ne voit pas ses traces de lutte.

« Tu voudrais que je lui dise quoi ? Que je suis tombé dans les escaliers ? »

« Et moi, lui avait répondu Marco, que veux-tu que je lui dise ? Que je suis tombé dans les rosiers ? »

 

Et ça, ça la rendait malade. Malade et fragile.

Le traiter de salaud, de connard est un fait... mais elle se sentait toujours Fragile par rapport à lui... Et il en abusait. Ou peut-être qu'elle me disait qu'il en abusait, mais qu'elle appréciait qu'il en abuse.

 

Comme à chaque fois, nos conversations se sont confondues en roucoulements mutuels... Comme à chaque fois, nos conversations se sont terminées en dessous de la ceinture. J'ai dû néanmoins écourter la conversation de l'après-midi pour cause de boulot avec un remplaçant que je devais former.

 

Mon téléphone s'est mis à bipé, pour me signaler la réception d'un nouvel email...

« Veronica vous propose d'être son ami ».


 

Une invitation Facebook.

Enfin.

Enfin ?

 

La dernière fois que je lui avais parlé de s’inviter réciproquement sur Facebook, nous devions le faire après avoir baisés comme des lapins, le jour même du rendez-vous au pont des Arts...

« Lorsque nous nous serons vu In Real Life » m’avait-elle sagement précisé.

 

Mon espoir de pouvoir découvrir quelque chose de louche s'était alors envolé... Un compte sacrément bien verrouillé pour une personne nulle en informatique.

Admettons.

J'accepte, et ne prends pas le temps d'aller voir son profil, qu'un second email m'est signalé...

 

« Veronica a modifié votre statut à 'Fiancé' »


 

Me voilà passant de simple « inconnu » à Fiancé.

 

Un peu trop rapide ma foi...

 

De plus, elle n'avait vraiment rien à foutre, pour « s'éclater » sur Facebook comme elle était en train de le faire...

Je laisse son mail sans réponse, avant de me faire rappeler à l'ordre quelques minutes plus tard par un autre commentaire Facebook

« Tu ne réponds pas ? Je risque de mal le prendre ».

 

Tout est dit.

Le chantage...

La manipulation...

Même si c’était pour de rire, c’était ce qui la résumait le mieux…

 

« Si tu ne réponds pas, d’autres accepteront l’invitation ». L’homme à la moto avait déjà été contacté, pour éventuellement devoir accepter son invitation à devenir « Fiancé ».

Pour me rendre jaloux bien sûr. Mais par chance, il n’avait pas eu le temps de répondre…

 

J’avais fini par accepter sans avoir la moindre idée des conséquences éventuelles de l'acte en soit.

OK, j'avoue, je les avais en tête les conséquences...

Tous mes amis, brièvement au courant de notre histoire étaient sur le point de me spammer en mode « ??? Enfin vous vous êtes vu ? »

 

Le premier commentaire fut néanmoins d'elle, un innocent « <3 » signifiant en langage SMS un cœur.

Puis s'en est suivi deux emails avec plein de points d'interrogation à l'intérieur... Et un commentaire désobligeant, et peut être au final si réaliste « On dirait que c'est toi qui vient de te fiancer avec un profil créé à l'instant... »

 

Point de vue intéressant.

 

Alors j'ai repris mon chapeau pointu d'inquisiteur, et je me suis mis à parcourir son mur, le cœur battant, à la recherche d'informations qui pourraient la trahir, ou qui seraient bizarres..

 

25 amis... Dont de la famille portant son même nom, pourquoi pas.

 

Sa Photo de profil : la petite robe noire dont elle me parlait quelques heures plus tôt... Drôle de coïncidences, surtout que cette photo était quelques jours plus tôt sur son profil gmail...

 

Je continue à parcourir son mur... Peu de publications.

 

Des délires sans beaucoup de sens.

Des changements de statut de couple, dont le dernier remontant à la période durant laquelle nous aurions dû nous rencontrer.

 

Passage de « c'est compliqué » à « En partenariat domestique ».

 

Foutu statuts Facebook qui ne veulent rien dire.

 

Et puis, ce mot, sur son mur, aux alentours du 2 février, date durant laquelle j'avais préféré tout cesser, plutôt que d'attendre encore un mois son retour en France.

«como estar sin vos
como estar sin vos
como ser sin vos
como hacer sin vos »

 

Le commentaire, l'unique commentaire était venu de Wendy.

2 personnes étaient mentionnées, dont un certain « Meetic Boy ».

Est-ce que la première personne mentionnée était le surnom de Marco ?

Mystère... Le tout avec un commentaire assez cach « Arrête tout de suite de déprimer, les cons n'en valent pas la peine ! »

 

Puis j’ai continué à remonter le temps.

Le 28 janvier, j'ai reconnu une des photos, au bord de la piscine, qu'elle m'avait envoyée. Précisant ces quelques mots : « plage, et plage, et encore plage...  (et seule) »

 

Je continuais à remonter son mur avant de tomber, stupéfiait sur sa toute première vraie photo, en maillot de bain.

Date à laquelle, sur son blog, un certain « homme à la moto » était arrivé dans sa vie.

 

C'est le commentaire, je crois, de toujours cette même Wendy, qui m'avait le plus qu’interpellé :

«Ma belle, si ton french lover voit ça ! Il n’a pas fini de courir le pauvre ! »

 

La réponse de Veronica fut d'autant plus surprenante :

« Lequel ? Mouahahahah... »

 

Délire ?

Private joke ?

Les deux solutions étaient concevables.

 

Dans le premier cas, on aurait bien pu imaginer une discussion entre les deux personnes, Veronica précisant que c'était la première photo « bien » d'elle qu'elle m'avait envoyé, mais que malgré ça, je ne croyais pas en son existence. Et puis ce « french lover », avec sa réponse « lequel » ?

Tellement mystérieux... y en avait-il eu plusieurs ? Son ex ? Le motard ?

D'autres inconnus ?

 

... 

Facebook, en plus de diffuser la vie de tout le monde en temps réel, pour ceux qui ne savent pas paramétrer les règles de confidentialité, permet aussi de faire des genres de questions réponses.

 

Wendy avait participé à ce genre de petit jeu, créant toute une suite de troublantes « questions réponses », en parlant d’elle (des questions qui en fait recueillent des données pour les sites de rencontre) :

-      Est-elle du genre à coucher du premier soir ?

-      Serait-elle une bonne amante ?

-      Coucherait-elle avec quelqu'un qui a déjà des enfants ?

-      Est-elle un cas désespéré ?

-      Serait-elle du genre à poser un lapin ?

-      Aimerait elle les histoires d'un soir ?

-      Embrasserait elle le copain de ton meilleur ami ?

-      Doit-elle boire pour se sentir confiant avec quelqu'un ?

-      Mentirait elle sur son âge pour attirer quelqu'un ?

-      Jouerait-elle à «action ou vérité » ?

-      Embrasserait-elle son voisin ?

-      Coucherait-elle avec un ami proche ?

-      Utiliserait elle des phrases préconstruites pour briser la glace ?

-      Oserait elle aborder quelqu'un dans un bar ?

 

Ces questions étaient restées sans réponse, car je n’avais pas voulu me « griller » à en découvrir les réponses.

Très étrange.

 

Tant par rapport aux choses se rapportant à moi, tant par rapport aux choses, improbables chez elle, du moins par rapport à ce qu'elle me donnait l'impression d'être. Ou plutôt de ne pas être.

 

Et puis il y avait sa photo de son profil.

Photo que j'ai pu voir au tout début, lorsque je la cherchais sur Facebook, et qu'elle n'existait pas.

 

Déjà à l'époque, un point m'avait troublé.

Le fait que la date de la photo de sa colocataire soit exactement la même que la sienne.

Hasard troublant.

Avaient-elles créées leur Facebook en même moment ?

Etaient-elles 2 personnes différentes ?

 

J'ai alors tout fait pour l'avoir au téléphone, pour... habilement essayer de comprendre certaines choses. Mais en vain.

« Je dois travailler un peu... » M’avait-elle répondu par SMS…

 

Quel bonheur de ne pas être joignable au téléphone, et de toujours brancher son répondeur.

Avait-elle sentie que j'allais recouvrer mon costume d'inquisiteur pour tâcher d'en savoir plus, sur ces 20% de choses bizarres sur son profil ?

Était-elle réellement en train de travailler ? Un soir, vers 19h ?

 

J'ai malgré tout essayé de la provoquer, par email, mais celui-ci était resté sans réponse.

Une quasi-certitude, qu'elle n'était pas derrière son ordinateur.

 

Je ne sais pas ce qui m'a le plus perturbé dans la soirée.

Le fait de découvrir que subitement, ses 25 contacts ne m'étaient plus accessibles ?

Ou la réception de son SMS, totalement improbable, comme tout le reste : «En faisant une fausse manipulation, j'ai effacé tous mes SMS... Peux-tu me les renvoyer sur gmail stp ? Besos mio novio» (ndlr : Bisous mon fiancé en Espagnol)

 

L'appel de son portable, et le fait de tomber directement sur son répondeur, m'a rassuré quant au fait qu'elle était toujours aussi injoignable que les autres jours...

 

Enfin une certitude à laquelle je m'étais habitué...

 
Le même jour, un certain DSK annonçait à une France voyeuse, et inquiète, que non, il n'avait violé personne.

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