vendredi 12 juillet 2013

la fête à Bastille


11/05/2011

Incapable de comprendre le contenu de ce SMS, et voyant mon désarroi, elle a essayé de l'appeler. En vain.

Veronica savait qu'on déjeunait tous les deux ce midi-là.

 

J’ai alors quitté Aliénor, blasé de voir qu’une fois de plus la soirée était mal partie, avortant mon repas, et estimant que « non, pas de couilles de Yéti aujourd'hui ».

 

Oui, pour Aliénor, les « perles de coco » sont des couilles de Yeti.

Classe, glamour.

Mais ce jour-là je m'en foutais pas mal, et avec le recul je me dis qu'un Yeti aura peut-être eu la vie sauve (en tout cas les couilles) grâce à ce SMS.

 

Alors Aliénor lui a envoyé un SMS, comme quoi je n'étais plus là.

Quelques instants plus tard elle la rappelait...

« Une hystérique... Manquant de s'étouffer à chaque respiration... J'ai pas trop bien compris toute son histoire, mais ce serait pas mal que tu la rappelles... Car elle ne va pas bien... »

 

Un SMS envoyé plus tard, lui demandant l'autorisation de m'appeler, mon téléphone sonne.

 

Hystérique.

Manquant de s'étouffer à chaque sanglot.

Un gosse qui sortirait d'une grosse crise de colère, qui exploserait en larmes de crocodile ne ferait pas pire qu'elle.

Et puis son explication était venue, petit à petit, sanglot après sanglot.

 

« Rien ne se passe comme je le veux ».

Ses règles.

La présence de ses règles en ce jour qui devait être l'apogée du sexe, était problématique. Mais s'il n'y avait eu que ça...

Et bon, pour le coup moi je lui avais expliqué que j'étais habitué... Toutes mes ex avaient leurs règles le premier soir durant lesquelles je les avais rencontrées...

S'il n'y avait eu que ça...

Son rendez-vous chez l'esthéticienne, (dans un grand salon) qu’elle avait loupé.

Mais ça aussi j'étais habitué. Une ex avait... une toison pubienne très 'nature' lorsque nous avions couché ensemble pour la première fois... ça se fait quand même. Comment faisaient-ils dans le temps...

Parfois même, les deux excuses en même temps ne permettaient pas de se faire repousser...

 

S'il n'y avait eu que ça...

 

« C’est Marco. Il a fermé à clé mon dressing (12m²...). Et il m'a mis un gros tas de dossier sur mon bureau avec des étiquettes dessus 'à faire pour lundi soir, pour mardi soir, pour fin de semaine' etc... De plus il a subtilisé les clés de ma voiture, et de l'appartement de Wendy... »

 

La merde.

La merde avec un grand M.

La mouise.

La malchance.

 

Ou le destin.

« Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous ».

 

Avec elle, il n'y avait pas de rendez-vous, il n'y avait que des merdes.

 

Que pouvais-je dire...

-       Calme-toi... Souffle... Reprends ta respiration... 

-       J'ai déjà essayé de me calmer, de souffler, ça ne marche pas !

 

Rien à faire.

Incalmable.

Flippante.

Hystérique.

 

20 minutes durant j'ai essayé de lui dire que tout cela n'était pas grave, qu'on se verrait malgré le fait qu'elle ait son minou en jachère, les anglaises, pas coiffée ou même brushée, et qu'elle aurait pu aller à l'hôtel pour la première nuit, si elle ne voulait pas que je l'accueille (ce que j'étais néanmoins prêt à faire).

 

Mais rien n'y faisait.

 

A un moment néanmoins, j'ai perçu, entre deux longues séries de sanglots qui l'empêchaient de parler un timide

-       Est-ce que tu pourrais demander à Aliénor, de venir me voir ?

 


Non, tu es grande, tu vas te débrouiller toute seule. C'est bien beau de ne vouloir voir mes amis que lorsque tu es au plus bas...

-       Bien sûr, je vais voir ce que je peux faire... Tu me promets que tu vas essayer de te calmer ? 

-       Oui... je te le promets... 

 


Que faire...

Appeler Aliénor ? Savoir que oui, bien sûr, elle ira ?

Qu'à cause de ça, je lui serais redevable jusqu'à la fin de mes jours, et que ma famille jusqu'à sa 3ème génération lui sera redevable ?

Je me suis excusé auprès de mes futurs descendants, et je l'ai appelé.

 

Elle m'agace, lorsqu'à chaque fois que je lui dis « écoute, fais le comme tu le sens, si tu n'y vas pas je ne t'en voudrais pas », qu'elle me répond « toi, que souhaites tu ? Que j'y aille ou pas ? »

 

Bien sûr que je voulais qu'elle y aille. J'étais prêt à y aller, poser ma demi-journée et aller la rejoindre, mais forcément, Veronica avait refusée, de peur que je la trouve moche, le visage défiguré par les larmes qui coulaient sans cesse depuis la découverte de son infortune.

D'un autre côté, malgré la lâcheté de ce qu'avait fait son ex, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire, que quasiment 2 semaines durant, elle n'avait pas donné de signe de vie à son ex, qui est malgré tout son employeur. Et vu son boulot... Deux semaines de travail non réalisés auraient pu se ressentir au quotidien...

 

J'ai toujours eu du mal avec le fait qu'elle puisse prendre des vacances en urgence, ou des congés à l'autre bout du monde, sans que cela pose de problèmes

« Je travaille à distance » se justifiait-elle à chaque fois que je lui en parlais...

Sauf que là, elle n'avait fait qu'assister sa grand-mère, pleurer, angoisser, et laver son jean et ses sous-vêtements, seul vêtement qu'elle avait emmené.

 

Ça aussi, mes amies trouvaient ça louche, qu’une propriétaire de 12m² de dressing parte avec à peine de quoi se changer une fois sur place…

 

-       OK, je lui envoie un SMS pour savoir où on se retrouve, et j'y vais. 

 

20 minutes plus tard, elle m'expliquait qu'elle arrivait sur place, mais que c’était bouché comme jamais.

Enfin comme jamais...

Comme un trentième anniversaire de l'arrivée de la gauche au pouvoir.

Tant qu'à faire hein...

Du coup, vers République, et le Panthéon, on ne pouvait pas dire que ça roulait bien.

-       On s'est donné rendez-vous dans une rue. Je dois l'appeler une fois sur place.

 

Mon cœur battait durant toute cette attente.

Beaucoup trop longue.

-       Envoie un SMS dès que tu la vois...  lui avais-je demandé.

 

Mais son SMS n'arrivait pas...

 

-       Alors ? 

-       Je lui ai dit que j'étais sur place. Elle m'a appelé, et a demandé si tu étais avec moi. J'ai répondu que non. Elle ne veut pas descendre. Je lui ai dit que j'allais attendre une petite vingtaine de minutes.

 

Elle descendrait. Bien évidemment, elle descendrait, pour pleurer dans les bras de cette « seule » amie qui n'était pas une connaissance de son ex.

Aliénor la rassurerait, lui dirait que malgré tout ça, ça n'empêche pas de nous rencontrer... nous serrer dans nos bras... nous aimer...Sentir nos lèvres se toucher... Nos langues s'entremêler.

 

Elle était sûrement avec elle maintenant, à la rassurer.

Peut-être à une terrasse d'un café, ou dans sa voiture.

Peut-être même qu'Aliénor la ramènerait avec elle, irait chercher ses enfants et la déposerait au pied de mon immeuble, et que je la découvrirais au retour de mon travail... Comme un paquet surprise au pied du sapin de Noël, comme l'arc en ciel après la mousson.

 

Elle devait aller mieux maintenant.

Sûrement.

Evidemment.

Aliénor devait être contente d'enfin avoir pu mettre un visage sur ma moitié virtuelle. Sur celle qui se disait être la future femme de mes enfants.

Sur celle qui disait m'aimer.

Sur celle qui était triste.

 

Trop triste pour me voir.

Trop triste pour la voir également.

 

-       Allo ? Alors, tu l'as vu ? 

-       Non. Elle m'a mis un lapin... 

 


Non...

Ce n’était pas possible...

Il y avait dû y avoir un problème quelque part...

Elle n'avait pas pu repousser la main qui venait lui donner du réconfort, la main qui venait l'aider, à la sortir de cet enfer.

 

Elle n'avait quand même pas caillassé les pompiers qui seraient venus éteindre des poubelles en flamme...

Et pourtant si.

Elle l'avait fait.

Une fois de plus.

 

-       Que s'est-il passé ? 

-       Je lui ai dit que je lui donnais 20 minutes, après quoi je devais partir. Je suis sorti de ma voiture, je l'ai attendu. Et comme dans la chanson, elle n'est jamais venue. 


 

Je ne sais pas pourquoi je ne peux pas m’empêcher de me dire que si j’avais sifflé la première fois au pont des arts, peut-être qu’elle serait venue dès le premier rendez-vous…

 

Autant vous dire qu'à ce moment-ci, la crédibilité de Veronica, tout du moins de sa véracité « physique », du fait qu'elle était vraiment celle qu'elle disait être sur ses photos, sur les photos qu'elle m'envoyait, cette crédibilité a pris un grand coup dans l'aile.

Un coup fatal.

Celle qui était sans doute l'une des dernières défenseuse de l'existence de Veronica, et de la beauté de son histoire, celle-là même a d'un coup cessé d'y croire. Ne parvenant décemment pas à comprendre pourquoi, pourquoi ce lapin.

 

C'est ce SMS, de Veronica qui m'a au moins prouvé que même si elle n'était peut-être pas celle qu'elle disait être, elle était au moins à l'endroit où elle disait habiter :

« Aliénor est très belle et moi très moche. Elle a un zèbre sur son T-shirt, et ce n'est pas toi. Je suis perdue. Je t'appelle plus tard. »

 

Cette fois-ci, je n'ai même pas essayé de l'appeler sur son téléphone suite à son SMS.

D'ailleurs, j’étais une fois de plus arrivé sur son répondeur, répondeur qu'une fois de plus, j'aurais pu pourrir, mais qu'une fois de plus j'ai écouté...

Sans laisser de message.

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