vendredi 19 juillet 2013

desperate housewives


12/05/2011

 

J’étais en voiture lorsque qu’elle m’avait appelé. Il faisait incroyablement beau en cette moitié du mois de mai, et je pestais nonchalamment d’avoir à aller à un entretien en plein Paris en costard/Cravate.

 

Une main sur le volant, l’autre tenant mon téléphone à l’oreille, je l’écoutais me raconter son histoire.

 

Je pouvais sentir sa colère et sa rancœur au téléphone.

Son manque de sommeil aussi.

Sa voix tremblait.

Elle était incroyablement triste, tout en tentant (en vain) d’être forte malgré tout…

 

Elle m'a dilué mot par mot quelques détails supplémentaires à l’histoire avouée auparavant sous gtalk... Le dénouement de cette soirée immonde.

Mais elle était encore sous le choc.

Elle ne voulait pas trop en parler, de peur d’exploser en larmes.

Elle ne voulait pas non plus que je la sente fragile.

Alors nous avons parlé d’autre chose.

 

Et puis je ne sais pourquoi, nous avons été amenés à reparler du lapin qu'elle avait fait à Alienor, la veille.

Du fait qu'on avait été deux à remettre en cause son existence physique.

Du fait qu’elle avait la chance de prouver par A plus B son existence, tellement de fois remise en cause ces derniers jours, tant par l’un que par l’autre.

Du fait qu’elle avait échoué.

 

Elle n'a pas aimé cet instant de doute chez moi.

Cet instant qui durait pourtant depuis bientôt 6 mois.

Elle n’a vraiment pas aimé.

 

J'ai d'ailleurs bien cru, qu'elle ne m’en reparlerait plus.

Qu’elle ne me reparlerait plus.

 

J’étais à l’entrée d’une bouche de métro, espérant remonter le temps pour arriver à l’heure à mon entretien lorsqu’elle m’a expliqué, larmoyant à moitié, que si effectivement, « nous » doutions de son existence, alors je ne valais pas le coup d’être son amoureux, et elle ne voulait plus être « mon amoureuse ».

« C’est fini entre nous » quelque chose comme ça.

 

J’étais donc à l’entrée de métro.

Transpirant dans mon costard cravate. En retard.

Avec le cœur brisé.

 

Quel idiot, j'avais été de lui parler de ça, à ce moment tellement critique pour elle...

Mais une fois de plus... Ma franchise...

 

Moi et ma putain de franchise. Elle finira par me perdre un jour.

 

Je suis arrivé en retard à mon entretien. Comme il fallait s’y attendre.

Prétextant un retard à cause d’un problème sur le métro, cette excuse toute aussi bidon soit-elle est passée comme une lettre à la poste.

 

L’entretien était pour un poste à Boulogne Billancourt, pour une société dans la communication.

2 femmes me recevaient.

Sans doute une commerciale, la petite trentaine, et une DRH, la cinquantaine bien tassée.

Une présentation de mon parcours sans faute. Comme je les maitrisais.

 

Alors que je me levais après la fin du premier entretien pour aller chercher de l’eau, j’avais cru entendre, lorsqu’elles s’étaient isoler pour « débriefer » que la personnalité était bonne, et autres éloges dans le genre.

L’entretien s’était prolongé, afin de me parler de la mission qui m’était proposé.

 

Je n’avais que Veronica en tête.

J’espérais qu’elle me rappellerait… Qu’on se reparlerait, que sa situation s’arrangerait.

 

Je ne sais pas dans quel instant d’incertitude, « d’humour » noir, lorsque suite à la présentation de la mission, juste d’avant d’aborder la partie « tests techniques » (test décrit comme n’étant pas éliminatoires dans un premier temps, alors qu’ils l’étaient devenus le lendemain…), après avoir refusé pour la seconde fois un café (il devait être aux alentours de 19h30, et passé 16h, les cafés, ça m’empêchent de m’endormir convenablement), car l’ambiance avait l’air « bon enfant », j’ai lâché un timide mais maitrisé : « Pas de petit café mais un petit rail de coke si vous avez je suis preneur ! »

Ah, ah.

 


Je ne me doutais pas de la connerie que je venais de faire. Mais bon, on fait des conneries qu’on regrette plus tard… Celle-ci, je l’ai regretté lorsque le lendemain je recevais dans ma boite email un message de mon responsable : « tu as loupé la mission d’hier. Il paraitrait que tu as demandé un ‘rail de coke’, qui était éliminatoire. C’est intolérable. Appelle-moi de toute urgence.».

Ambiance.

 

Mais la soirée d’après entretien avait été mouvementée malgré tout.

 

J’avais tenté de joindre Veronica plusieurs fois au téléphone, mais sans réponse.

SMS de « je suis sorti de l’entretien ».

SMS de « je suis bien arrivé chez moi, comment vas-tu ? »

E-mail, gtalk, elle n’était visiblement pas connectée.

Ou alors, en mode invisible, comme elle avait l’habitude de l’être.

 

Et puis, elle a fini par se connecter.

Incroyablement froide, comme elle savait l’être.

 

-       Je suis content de te voir connectée.

-      

-       Je ne peux pas te dire « ça va »,

-       Non.

-       je ne peux pas te dire « je peux t’appeler »,

-       Non.

-       je ne peux pas te dire « m’en veux-tu »…

-       Non.

-       Je suis juste content que tu me répondes.

-      

-       Tu es à l’hôtel ?

-       Non.

-       Bon, tu ne veux pas plus me parler… Tu es occupé peut être ?

-       Non. Je regarde « desperate housewife », sur canal.

-       Tu es chez Marco ?

-       Non. Chez moi.

-       Chez toi…

-       Prise de guerre.

-       Tu as un nouveau chez toi ?

-       Non. J’ai fait venir un serrurier.

-       Chez Marco ?

-       Chez MOI.

-       Chez TOI anciennement l’appartement avec lequel tu étais avec Marco ?

-       C’est ça.

-       Et Marco est au courant ? ou pas encore ?

-       Hier je suis venue, et il n’était pas là. Alors j’ai fermé à clé, et laissé la clé sur la serrure et il n’a pas pu rentrer et ce matin j’ai fait venir un serrurier.

-       Il n’a pas insisté vu que tu étais à l’intérieur ? te demander de retirer la clé ?

-       Si, un peu. Mais je lui ai dit que j’appellerais les flics.

-       Et les flics, ne lui auraient pas donné raison ? Qu’un mec veuille rentrer chez lui ?

-       Et chez moi aussi. Il y a toutes mes affaires, et j’ai une main courante. S’il me touche…

-       Tu as demandé au serrurier de s’occuper de la penderie aussi j’imagine ?

-       Oui aussi.

-       Bonne nouvelle. Bon, il a toujours les clés de ta voiture, et de chez Wendy (la copine chez qui elle s’était réfugiée au tout début de notre histoire).

-       Oui

-       Ma pauvre… je te sens sur les rotules… ou alors tu continues à m’en vouloir terriblement. Ou les deux….

-       Non je regarde la télé. Ça fait longtemps que je n’avais pas regardé.

-       Donc tu n’as pas envie que je t’appelle par exemple ?

-       … Non pas ce soir. Peut-être demain.

-       Ok. Ce n’est pas un « non plus jamais », c’est déjà ça…

-       Qu’est-ce que ça peut faire puisque tu crois que je n’existe pas ? Je croyais qu’on avait déjà eu cette conversation il y a plusieurs mois…

-       Il y a plusieurs mois, Aliénor n’était pas au pied de chez toi à attendre une amie pour l’aider à passer une mauvaise passe. Elle voulait t’emmener et te déposer chez moi après… si tu avais été consentante bien sûr…

-       Je n’étais pas en état de voir qui que ce soit.

-       Dans ce cas, pourquoi m’as-tu demandé qu’elle vienne ? Je voudrais tant t’aider bébé… oui, je t’appelle « bébé » même si tu ne veux plus… (souvenir de la conversation de l’après-midi, durant lequel elle m’avait interdit de l’appeler comme ça, vu que je ne croyais « plus » en elle)

-      

-       Dans le pire des cas, tu viendras me frapper pour que je ne t’appelle pus comme ça…

-       Je ne suis pas violente habituellement.

-       Je n’ai pas envie que tu le sois… et je n’ai pas envie d’être violent avec toi…

-       Sûrement. Mais tes mots m’ont fait plus mal que ses coups…

-       Alors quoi ? je te laisse du temps pour digérer ?

-      

-       Je suis franc, toujours trop franc. C’est mon défaut. C’était clair dans ma tête pour ton existence… et j’avoue que oui, l’histoire avec Aliénor m’a fait douter…

-       Je dois résoudre mes problèmes d’abord.
Oui je me doute. J’aimerais que tu comprennes que… je suis avec toi

-       Avec moi ? Que veux-tu dire ?

-       Par la pensée, à défaut de l’être pour de vrai…

-       Ah, c’est gentil. J’aimerais pouvoir faire plus pour toi… Vraiment…

-       Arrête de douter de moi. Ça m’aidera. « Vraiment ».

-       Dire que j’ai vu un taxi, hier soir, vers 1h15, s’arrêter, et faire demi-tour. Je me suis dit « c’est elle mais… elle a décidé que ça ne serait pas ce soir...

-       … 

-       Je t’embête, tu préfères peut-être regarder ton film ?

-       Je peux faire les deux.

-       Je prends ça pour un « non, tu ne m’embêtes pas »

-       … Ton côté 80/20… (ponctué d’un petit smiley souriant)

-       80 pour la télé ?

-       Non. Pour ton extrapolation…

-       Bon, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué j’ai Internet (cela faisait plusieurs semaines que je me battais pour l’avoir, dans mon nouvel appartement…)

-       Non, je ne l’avais pas remarqué.

-       C’est pour ça que je te le dis. Tu sais, je sais que tu n’as pas envie de faire ça… Surtout avec ton visage du moment. Mais une simple photo de toi, avec un petit bout de papier, avec marqué dessus : « coucou bébé » m’aurait convaincu, définitivement. Voilà. Fin de sujet. Alors, Desperate Housewife ? c’est quelle saison ?

-       Ecoute. Si tu ne crois pas en moi, je préfère arrêter tout de suite parce que tu es un psychopathe, capable de t’accrocher à un rêve pendant des mois. Soit tu veux ouvertement me forcer la main et faire ce que je ne veux pas. Et en plus tu es monomaniaque. Psychopathe ou manipulateur ?

-       Je suis amoureux de quelqu’un que je n’ai jamais depuis 6 mois. Voilà la réalité.

-       Ou tu es « tellement » désespéré, que je suis ta béquille depuis 6 mois ? Je ne peux pas assumer ça. Pas en ce moment.

-       Ne suis-je pas ta béquille, depuis 6 mois ?

-       Aujourd’hui je ne peux pas t’aider ; Je suis amoureuse de toi, mais ce que tu me dis m’a fait douter de toi. M’aimes-tu, moi ? ou l’image que tu as de moi ? Avec les 80/20 que tu imagines pour boucher les trous ?

-       Je voudrais juste, que tu arrives à comprendre, que le doute est possible, tant pour toi que pour moi. Juste ça.

-       Oui, et qu’il peut l’être pour moi aussi. Tu lis mon blog. Tu couches avec une blonde. Tu m’as caché ton projet de Québec.

-       (…) Ecoute, aujourd’hui tu es ma chose positive. Très clairement. « ma petite fleur dans mon monde de merde ».

-       Alors dans ce cas, pourquoi doutes-tu de moi ?

-       Car tout ce qui t’arrive est tellement incroyable, que ça dépasse mon imagination. Je sais que ça te parait débile…

-       Et toi, tu n’es pas incroyable ? De t’accrocher à moi ? Pourquoi ? après tout ce que je t’ai fait ?

-       Car il y beaucoup de choses qui me plaisent chez toi.

-       Je suis si différente de toi, tu me l’as dit…

-       Et toi alors… je peux te retourner la question. Non ? Je suis si différent de toi, alors toi aussi, pourquoi t’accroches tu ?

-       Moi je crois en la magie d’un moment. Je crois à l’inexplicable, comme un destin, comme une fatalité.

-       J’y crois aussi tu vois… 80/20. C’est pareil pour mes doutes. 80 de certitudes, et 20 de doutes. Un combat de tous les jours…

-       Ou le contraire, quand ta ‘pouffe’ (ndlr : mon ex PC) te fait douter.

-       Ce n’est pas la ‘pouffe’, qui me fait douter. Ce sont les faits réels… je ne veux pas te manipuler, sincèrement… Tu sais que je suis tout ce qu’il y a de plus sincère, mais oui. Je n’ai pas compris pourquoi tu voulais voir Aliénor, et tu n’as plus voulu la voir une fois en bas de chez toi.

-       Parce qu’elle avait l’air trop sûre delle.

-       Elle venait pour t’aider, et tu l’as repoussé…

-       Brushing, fringues sympas, sac de marque… même obèse, elle a plus d’allure que moi.

-       On s’en fout de l’allure Veronica… Elle venait t’aider…

-       Avec mes yeux rouges, mes cheveux poisseux, et mon jean sale… Et ma crise de nerfs…

-       Penses-tu qu’elle t’aurait jugé ? d’une quelconque manière ?

-       Elle t’aurait dit que j’étais laide. Tu étais peut être caché non loin…

-       Non.

-       Je ne veux pas que tu me voies pas belle…

-       J’étais au boulot. Le cœur battant… Bébé, tu seras belle à mes yeux, car je sais une partie de ton histoire… 20% (ponctué d’un smiley)

-       Au boulot, ou caché… Quelque part le cœur battant.

-       J’étais au boulot.

-       Sûrement. Ou pas.

-       J’étais au boulot, mais je vois que tu veux arriver à me faire comprendre que toi aussi tu peux douter

-       (smiley souriant)

-       T’attendre… savoir que tu ne seras pas là pour mon dernier match ce week-end… que tu ne seras probablement pas là à mon concert début juin… ne pas savoir si je dois te parler de ma future semaine de vacances en juin… ou j’aimerais à aller plonger.

-       Ou me parler de ta relation avec toutes ces femmes qui t’entourent, et avec qui tu couches ?

-       Je ne couche avec personne depuis mon PC. Je t’attends. Je me « purge » seul.

-       Mais tu continues à la voir ?

-       Non. Je ne l’ai vu qu’une fois. Deux si on compte le rendez-vous.

-       A lui parler ? A échanger avec elle ?

-       Non (lui avais-je menti)

-       Moi aussi, je peux douter.

-       Et bien doute.

-       Tu voulais continuer avec elle, en attendant de me voir. Non ?

-       L’idée m’a traversé l’esprit… Mais un PC n’est pas un bouche-trou. Il y a un minimum de respect. Et la « baiser » en attendant que tu sois enfin « prête » est peu respectueux pour toi, et pour elle.

-       Et tu en as pour moi du respect ? Quand tu doutes de moi ?

-       Et toi ? Quand tu ne fais rien pour m’aider ? Quand tu décoches un Appareil photo numérique un soir à l’hôpital, que tu demandes à une infirmière de te prendre en photo… Mais c’est le seul moment où tu le fais ?

-       Je n’aime pas les photos. Et alors ? Tu m’as demandé des photos, je l’ai fait.

-       Tu n’aimes pas les photos… Tout en étant incroyablement photogénique. C’est moche le destin.

-       Tu aimes les photos, tout en étant pas photogénique. « c’est moche le destin », comme tu dis.

-       Merci pour le compliment… Comment se prendre une bonne claque pour ramener à la réalité… Je pensais que mes dernières photos (celles que je lui avais envoyées lorsqu’elle était à l’hôpital, qu’elle s’était empressée de montrer à sa grand-mère) te plaisaient…
-     C’est le cas. Mon film est fini. Je vais me coucher. Bonne nuit.

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