jeudi 9 mai 2013

Les découvertes du garçon


22/02/2011

Au premier SMS, j’étais en accord avec moi-même, la marche à suivre était assez claire : elle m’avait fait croire 4 jours durant qu’elle était morte, alors elle aurait droit à la même torture mentale : 4 jours de silence.

 

D’un autre côté, au boulot, je ne pouvais plus avancer la moindre ligne de code…

Impossible de ne pas cogiter sur « … Elle est revenue vers moi… que s’est-il passé ? Pourquoi ? Comment ? Son ex ? Non… Enfin si, il ne pouvait pas n’y avoir que ça. Son ex. »

 

Quelle excuse allait-elle encore me donner, sur quelle énorme histoire complètement abracadabrante allait-elle se reposer pour me faire avaler son absence ? Ce supplice intense de froid, d’humiliation, de colère, d’irritation, de peine et d’autres sentiments atroces du pont des arts ?

 

Le temps de rassembler toutes mes pensées, un 2ème SMS arrivait déjà

« C’est atroce ce que je t’ai fait, mais tu as le droit de savoir. Appelle-moi, stp… »

Oui je l’appellerais.

Dans 4 jours.

Dans 3 jours, 23 heures et 46 minutes.

 

Puis un coup de fil, qui lui a permis de laisser sur le répondeur un message, comme quoi elle savait que j’étais là, que je ne répondais pas volontairement, que je « filtrais ». Un message à moitié en pleurs, durant lequel elle me disait qu’elle allait m’envoyer un message qu’elle mettrait sur son blog, pour que la terre entière soit au courant de la raison pour laquelle elle n’était pas venue au pont des Arts.

 

Le mail est arrivé.

 

Et a directement saturé l’intégralité de ma boite email, tellement l’excuse à l’intérieur était grosse.

 

Trop grosse.

Enorme.

 

Même dans un film avec Meg Ryan, un rebondissement n’aurait jamais pu être aussi énorme. Ou alors, le film aurait été vendu dans les catégories « science-fiction », « fantastique » voire « paranormal ».

 

Aussi improbable.

Inimaginable, sauf dans le cerveau d’une tarée, ou dans la vie d’une madame pasdebol.

 

Elle est arrivée à l’aéroport, avec sa belle-fille. C’est là que le transfert devait avoir lieu, c’est là qu’elle devait recroiser son ex, à qui elle confierait sa belle-fille, avant de s’envoler vers la France, où je l’attendais.

Une bise amicale. Il l’a invité à aller boire et grignoter un morceau.

-        J’ai plaqué ma copine du moment (pour toi).

Elle s’est étouffée en entendant la nouvelle…

-       Ah tiens ? … et que fais-tu de l’enfant qu’elle attendait de toi ?

-       Il n’est pas de moi… 

 

Les dates ne collaient pas. Toutes les fois durant lesquelles il avait juré qu’il s’était protégé, et qu’il ne comprenait pas par quel miracle l’immaculée conception avait eu lieu, c’était donc vrai. Elle était enceinte d’un autre.

Tout l’argent qu’elle lui avait pompé entretemps, c’était donc une espèce de vieille arnaque.

Il l’avait plaqué pour un leurre.

Pour une manipulatrice.

Juste retour des choses…

 

Sauf qu’il était donc de nouveau célibataire…

-       Je veux recommencer avec toi. Je te promets… Je ne te tromperais plus comme avant. Tu verras, nous deux ça sera différents… Je veux que tu deviennes ma femme.

 

Le tout avec les grands yeux larmoyants de sa belle-fille, l’implorant de redevenir la mère qu’elle avait tant aimé…

-       Tu vas revenir ? Hein oui tu vas revenir ? S’il te plait… 

 

Mais non, elle n’allait pas revenir. Sa nouvelle vie était avec son amoureux, amoureux que j’étais dont elle avait longuement parlé à sa belle-fille la semaine précédente.

-       Ecoute, c’est très bien pour toi, mais je ne suis plus libre. Je dois revenir en France refaire ma vie. 

 

Et puis ça s’est arrêté là.

Les sujets de discussions se sont enchainés. Puis elle s’est levée, leur a fait ses adieux.

Il lui a répété, murmuré dans le creux de l’oreille : « s’il te plait… ne pars pas… Ton avenir est ici… avec nous… Nous sommes ta famille »

Elle s’était alors enfuie vers le duty Free de Buenos Aires.

 

C’est à ce moment que j’avais eu son SMS « Je suis dans le Duty Free de BA. Tout va bien. »

Mort d’inquiétude, c’est à ce moment que j’avais plusieurs fois essayé de la joindre, mais à chaque fois elle laissait sonner son téléphone, s’excusant d’un SMS peu crédible « Je vais faire quelques achats, tout va bien ne t’en fais pas. Repose toi bien et à demain mon amoureux ».

 

Ce n’est que plus tard que j’ai appris, que je n’étais pas le seul à essayer de l’avoir. Son ex aussi lui téléphonait sans cesse…

« Nous sommes à l’entrée de l’aéroport… Ta belle-fille ne veut pas partir sans toi… »

De rage, elle avait débranché son téléphone, pour ne plus avoir à lui parler, et à l’entendre lui répéter qu’ils l’attendaient.

 

Comme souvent dans les moments un peu chauds, elle avait décidé pour aller mieux, de se prendre 2 shots de vodka dans la zone d’embarquement business de son vol.

Affalé sur un siège, à moitié pompette, elle commençait à se sentir mieux.

A fuir un passé, pour s’élancer vers un nouvel avenir avec moi.

A moitié déjà dans les vapes, elle put percevoir néanmoins la voix de l’hôtesse, l’appelant au téléphone « un certain Mr Marco au téléphone aimerait vous parler… Voulez-vous le prendre ? »

 

Tout s’est joué à ce moment-là. Peut-être qu’un « non » aurait fait que l’histoire de cette rencontre se serait achevé quelques heures plus tard, sur le pont des arts. Peut-être que j’aurais eu raison de ne pas aller à Lyon. Peut-être que ça n’aurait duré que quelques heures, ou pas.

Oui bien sûr qu’elle a pris le fameux « coup de fil d’un certain Mr Marco ».

 

Grand mal lui prit.

« Veronica, nous sommes à l’entrée. On ne partira pas sans toi. Reviens s’il te plait… Ta vie est avec nous… »

Cela faisait plus de 3 heures qu’ils attendaient…

« Non, non et non je ne reviendrais pas ! »

 

La colère monta en elle.

Et tout devint flou. Elle s’écroula par terre.

Les 2 shots de vodka qu’elle venait de prendre pour se sentir mieux, sa basse pression sanguine montée subitement sous le coup de la colère, le stress aidant, elle venait de s’affaler dans un malaise vagal.


 

Il est arrivé.

Il s’est occupé d’elle.

Il l’a aidé à marcher. Le tout dans un brouillard imperceptible.

Il a demandé à ce que l’on récupère ses valises déjà embarquée (les 40 minutes de retard à l’atterrissage en France...).

Puis il l’avait remmené à l’hôtel.

Avant qu’elle ne sombre dans un profond sommeil, afin de récupérer de l’excès d’émotion qu’elle avait vécu les 3 heures précédentes.

 

Lorsqu’elle en est sortie, il était quasiment l’heure de notre rendez-vous au pont des arts.

Mais ce jour-là, elle n’avait pas trouvé la force de m’envoyer un SMS, un message, un email, un pigeon voyageur ou un nuage de fumée, pour m’annoncer qu’elle ne rentrerait pas.

 
Qu’elle ne rentrerait pas « célibataire » en tout cas.

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