22/02/2011
Au
premier SMS, j’étais en accord avec moi-même, la marche à suivre était assez
claire : elle m’avait fait croire 4 jours durant qu’elle était morte, alors
elle aurait droit à la même torture mentale : 4 jours de silence.
D’un
autre côté, au boulot, je ne pouvais plus avancer la moindre ligne de code…
Impossible
de ne pas cogiter sur « … Elle est revenue vers moi… que s’est-il passé ?
Pourquoi ? Comment ? Son ex ? Non… Enfin si, il ne pouvait pas n’y avoir que
ça. Son ex. »
Quelle
excuse allait-elle encore me donner, sur quelle énorme histoire complètement
abracadabrante allait-elle se reposer pour me faire avaler son absence ? Ce
supplice intense de froid, d’humiliation, de colère, d’irritation, de peine et
d’autres sentiments atroces du pont des arts ?
Le
temps de rassembler toutes mes pensées, un 2ème SMS arrivait déjà
« C’est
atroce ce que je t’ai fait, mais tu as le droit de savoir. Appelle-moi,
stp… »
Oui
je l’appellerais.
Dans
4 jours.
Dans
3 jours, 23 heures et 46 minutes.
Puis
un coup de fil, qui lui a permis de laisser sur le répondeur un message, comme
quoi elle savait que j’étais là, que je ne répondais pas volontairement, que je
« filtrais ». Un message à moitié en pleurs, durant lequel elle me
disait qu’elle allait m’envoyer un message qu’elle mettrait sur son blog, pour
que la terre entière soit au courant de la raison pour laquelle elle n’était
pas venue au pont des Arts.
Le
mail est arrivé.
Et
a directement saturé l’intégralité de ma boite email, tellement l’excuse à
l’intérieur était grosse.
Trop
grosse.
Enorme.
Même
dans un film avec Meg Ryan, un rebondissement n’aurait jamais pu être aussi
énorme. Ou alors, le film aurait été vendu dans les catégories
« science-fiction », « fantastique » voire
« paranormal ».
Aussi
improbable.
Inimaginable,
sauf dans le cerveau d’une tarée, ou dans la vie d’une madame pasdebol.
Elle
est arrivée à l’aéroport, avec sa belle-fille. C’est là que le transfert devait
avoir lieu, c’est là qu’elle devait recroiser son ex, à qui elle confierait sa belle-fille,
avant de s’envoler vers la France, où je l’attendais.
Une
bise amicale. Il l’a invité à aller boire et grignoter un morceau.
- J’ai plaqué ma copine du moment (pour toi).
Elle
s’est étouffée en entendant la nouvelle…
- Ah tiens ? … et que fais-tu de l’enfant qu’elle
attendait de toi ?
- Il n’est pas de moi…
Les
dates ne collaient pas. Toutes les fois durant lesquelles il avait juré qu’il
s’était protégé, et qu’il ne comprenait pas par quel miracle l’immaculée
conception avait eu lieu, c’était donc vrai. Elle était enceinte d’un autre.
Tout
l’argent qu’elle lui avait pompé entretemps, c’était donc une espèce de vieille
arnaque.
Il
l’avait plaqué pour un leurre.
Pour
une manipulatrice.
Juste
retour des choses…
Sauf
qu’il était donc de nouveau célibataire…
- Je veux recommencer avec toi. Je te promets… Je ne te
tromperais plus comme avant. Tu verras, nous deux ça sera différents… Je veux
que tu deviennes ma femme.
Le
tout avec les grands yeux larmoyants de sa belle-fille, l’implorant de redevenir
la mère qu’elle avait tant aimé…
- Tu vas revenir ? Hein oui tu vas revenir ? S’il te
plait…
Mais
non, elle n’allait pas revenir. Sa nouvelle vie était avec son amoureux,
amoureux que j’étais dont elle avait longuement parlé à sa belle-fille la
semaine précédente.
- Ecoute, c’est très bien pour toi, mais je ne suis plus
libre. Je dois revenir en France refaire ma vie.
Et
puis ça s’est arrêté là.
Les
sujets de discussions se sont enchainés. Puis elle s’est levée, leur a fait ses
adieux.
Il
lui a répété, murmuré dans le creux de l’oreille : « s’il te plait… ne
pars pas… Ton avenir est ici… avec nous… Nous sommes ta famille »
Elle
s’était alors enfuie vers le duty Free de Buenos Aires.
C’est
à ce moment que j’avais eu son SMS « Je suis dans le Duty Free de BA. Tout
va bien. »
Mort
d’inquiétude, c’est à ce moment que j’avais plusieurs fois essayé de la
joindre, mais à chaque fois elle laissait sonner son téléphone, s’excusant d’un
SMS peu crédible « Je vais faire quelques achats, tout va bien ne t’en
fais pas. Repose toi bien et à demain mon amoureux ».
Ce
n’est que plus tard que j’ai appris, que je n’étais pas le seul à essayer de
l’avoir. Son ex aussi lui téléphonait sans cesse…
« Nous
sommes à l’entrée de l’aéroport… Ta belle-fille ne veut pas partir sans
toi… »
De
rage, elle avait débranché son téléphone, pour ne plus avoir à lui parler, et à
l’entendre lui répéter qu’ils l’attendaient.
Comme
souvent dans les moments un peu chauds, elle avait décidé pour aller mieux, de
se prendre 2 shots de vodka dans la zone d’embarquement business de son vol.
Affalé
sur un siège, à moitié pompette, elle commençait à se sentir mieux.
A
fuir un passé, pour s’élancer vers un nouvel avenir avec moi.
A
moitié déjà dans les vapes, elle put percevoir néanmoins la voix de l’hôtesse,
l’appelant au téléphone « un certain Mr Marco au téléphone aimerait vous
parler… Voulez-vous le prendre ? »
Tout
s’est joué à ce moment-là. Peut-être qu’un « non » aurait fait que
l’histoire de cette rencontre se serait achevé quelques heures plus tard, sur
le pont des arts. Peut-être que j’aurais eu raison de ne pas aller à Lyon.
Peut-être que ça n’aurait duré que quelques heures, ou pas.
Oui
bien sûr qu’elle a pris le fameux « coup de fil d’un certain Mr
Marco ».
Grand
mal lui prit.
« Veronica,
nous sommes à l’entrée. On ne partira pas sans toi. Reviens s’il te plait… Ta
vie est avec nous… »
Cela
faisait plus de 3 heures qu’ils attendaient…
« Non,
non et non je ne reviendrais pas ! »
La
colère monta en elle.
Et
tout devint flou. Elle s’écroula par terre.
Les
2 shots de vodka qu’elle venait de prendre pour se sentir mieux, sa basse
pression sanguine montée subitement sous le coup de la colère, le stress
aidant, elle venait de s’affaler dans un malaise vagal.
…
Il
est arrivé.
Il
s’est occupé d’elle.
Il
l’a aidé à marcher. Le tout dans un brouillard imperceptible.
Il
a demandé à ce que l’on récupère ses valises déjà embarquée (les 40 minutes de
retard à l’atterrissage en France...).
Puis
il l’avait remmené à l’hôtel.
Avant
qu’elle ne sombre dans un profond sommeil, afin de récupérer de l’excès
d’émotion qu’elle avait vécu les 3 heures précédentes.
Lorsqu’elle
en est sortie, il était quasiment l’heure de notre rendez-vous au pont des
arts.
Mais
ce jour-là, elle n’avait pas trouvé la force de m’envoyer un SMS, un message,
un email, un pigeon voyageur ou un nuage de fumée, pour m’annoncer qu’elle ne
rentrerait pas.
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