18/02/2011
Son
dernier SMS est arrivé plein d’espoir : « Je suis dans la zone Duty Free
de Buenos Aires. Tout va bien. Repose toi bien ce soir, et à demain
midi. »
Tout
semblait aller sur des roulettes.
Tout
sauf peut-être le fait qu’elle n’avait pas souhaité répondre à mes appels dans
la zone de Duty Free, appels « inquiets » de ma part.
Je
voulais innocemment savoir comment s’était passé les retrouvailles avec son ex
pour qu’il récupère sa fille, moment pas forcément évident à gérer.
Je
redoutais la confrontation avec l’ex, et la rechute potentielle qui pourrait
avoir lieu.
Moi
aussi, ce jour-là, mon sixième sens était affuté…
Mais
son « tout va bien » a finalement permis de me rassurer.
Partiellement
tout du moins, car le doute subsistait.
La
nuit trop longue s’est passée.
Le
nez sur le site « ADP », affichant en temps réel les atterrissages
des avions à Paris, afin de savoir où en était son avion, j’ai remarqué qu’un
retard de 45 minutes avait lieu.
Petit
SMS de ma part « Appelle moi lorsque tu atterris ».
Sans
réponse de sa part.
Pas
de réponse non plus à mes coups de fil, son téléphone n’était pas branché.
12h
en France. Potentiellement 6h du matin à Buenos Aires.
Probablement,
avait-elle une fois de plus laissé son téléphone débranché, et elle n’aura eu aucun
moyen de me joindre pour me dire qu’elle était bien arrivée. Mais devant sa
conviction de la veille, je n’avais aucune crainte à avoir.
Aucune.
Convaincu
que je n’avais plus que quelques minutes avant de la voir je me suis habillé de
mes plus beaux atours, et je me suis mis en route.
Il
faisait froid en cette fin d’hiver, peut-être 4 ou 5 degrés, et une petite
pluie glaciale perlait.
Je
suis arrivé avec une petite dizaine de minutes d’avance sur le lieu du
rendez-vous.
Au
milieu du pont des Arts, pont que je découvrais.
Le
pont des Arts est un pont sur lequel tous les amoureux Parisiens (et du reste
du monde) attachent sur les côtés du pont des cadenas, en ayant gravé
auparavant leurs initiales ou des mots doux dessus.
Quoi
de plus romantique pour une première rencontre… Si, il aurait peut-être fallu
un arc en Ciel géant, une Meg Ryan divorcée et amoureuse ou un enfant qui
mourrait dans les heures qui viennent d’une affreuse maladie des pieds, pour
rendre la rencontre encore plus belle, improbable, et inoubliable.
J’allais
enfin la voir.
Celle
qui avait bercé mes nuits, conquis mes rêves, rythmé mes journées, tantôt par
nos roucoulades, tantôt par sa colère, tantôt par ma maladresse, tantôt par son
égoïsme.
J’allais
enfin la reconnaître.
Ne
pas douter.
Je
dévisageais inquiet et timidement toutes les grandes brunes qui s’aventuraient
sous cette pluie glaciale d’un mois de Février trop gris. Tout en surveillant
pour ne pas dire en attendant un coup de fil, ou un SMS de sa part…
Quelque
chose comme « je suis là », « je t’attends » ou pourquoi
pas « j’aurais du retard ».
L’heure
a fini par arriver.
Maintenant,
c’est elle, qui serait en retard.
Mais
elle allait enfin être là. Car elle viendrait, bien évidemment qu’elle
viendrait.
Elle ne m’aurait jamais posé de lapin…. Pas avec tout ce qu’on s’était dit la veille. Elle était folle de joie, tout en ayant un peu d’appréhension néanmoins, de me rencontrer. De rencontrer « cette voix », qui la rendait toute chose dès lors qu’elle m’entendait.
Elle ne m’aurait jamais posé de lapin…. Pas avec tout ce qu’on s’était dit la veille. Elle était folle de joie, tout en ayant un peu d’appréhension néanmoins, de me rencontrer. De rencontrer « cette voix », qui la rendait toute chose dès lors qu’elle m’entendait.
Peut-être
est-ce elle ? Non. Elle est beaucoup trop petite.
Elle
alors ? Non, elle a un copain.
Elle
peut-être ? Non, sûrement pas.
…
Ah, cela doit être elle au loin ?
Je
scrutais inquiet tous les taxis, qui auraient pu venir la déposer.
Mais
à vrai dire, je n’avais pas la moindre idée, de quel côté du pont elle pourrait
arriver…
Je
l’imaginais grande, magnifique avec sa longue chevelure brune. Avec ses talons.
La peau encore chaude de son séjour dans son pays. Ses joues encore fatiguées
par sa longue convalescence.
Les
minutes se prolongeaient. Elle arriverait bientôt.
Elle
m’aurait prévenu si elle n’avait pas pu venir. Mais elle était là, bien
évidemment elle était là.
Elle serait bientôt là.
Elle serait bientôt là.
Nous
serions bientôt le couple que nous n’étions pas une semaine auparavant.
Les
minutes sont devenues des quarts d’heure.
La
pluie, toujours aussi glaciale s’introduisait sous mon long manteau noir,
faisant fi de mon parapluie, fraîchement ressorti pour l’occasion.
Je
commençais à avoir froid.
Et
puis le quart d’heure est devenu une demi-heure.
Méthodiquement,
chaque quart d’heure, je tentais de la joindre, afin d’espérer l’entendre
décrocher, et s’excuser dans un « j’arrive… » que j’aurais bien
évidemment pardonner.
La
demi-heure est devenue une heure.
Et
comme dans la chanson, j’ai attendu, attendu… mais elle n’est jamais venue.
Peut-être
aurais-je dû siffler…
Tout
un tas de sentiments se sont succédé dans ma tête.
La
trahison.
L’inquiétude.
La
colère.
Une
incroyable déception.
L’interrogation.
La
suspicion.
La
peur.
Et
puis, j’ai fini par partir. Avançant un peu au hasard des quais parisiens. A la
recherche d’un restaurant pour manger. Alors que je n’avais pas faim.
Je
ne sais pas pourquoi j’ai appelé une amie, une dénommée Aliénor, dépité. A peu
près autant qu’elle après qu’elle apprenne mon malheur. Amatrice assez
fréquente de ce genre de vols, elle m’a conseillé de retourner l’attendre, elle
avait sûrement eu un problème de timing, et elle ne tarderait plus.
Oui,
c’était ça, elle avait eu un problème de timing…
Et
elle ne tarderait plus.
Je
suis retourné l’attendre sur le pont des Arts. En courant à moitié.
Seul.
Seul
parmi tous les couples d’amoureux courageux ou de touristes curieux, venus
admirer ce fameux édifice Parisien.
J’étais
trempé.
Gelé.
Perplexe.
Épuisé
moralement.
Elle
n’était pas là.
Elle
ne viendrait plus.
Elle
venait de me poser un lapin. Un atroce lapin.
J’ai
fini par rentrer à l’appartement, non sans lui avoir envoyé un ultime message
sur son répondeur, lui expliquant que j’étais inquiet de ne pas avoir de ses
nouvelles.
Épuisé
par l’émotion, j’ai dormi quelques heures…
J’espérais
avoir un message à mon réveil.
Mais
il n’y en avait pas.
Ni
même le soir.
Ni
même le lendemain, le surlendemain.
J’étais
dans le flou le plus total.
Je
n’arrivais pas à comprendre, ce qui s’était passé, quel évènement il y avait
entre son dernier SMS, et ce lapin qu’elle venait de me poser.
Et
que dire à ma copine la Lyonnaise… « Tu avais raison, elle n’est pas
fiable… C’est toi que j’aurais dû écouter… Au lieu de passer un week-end sous
le signe du bad trip »…
4
jours sans donner de nouvelles.
Et
puis il y a eu ce SMS.
Qui
est arrivé vers 15h. Le mardi.
« Si
tu veux savoir pourquoi je ne suis pas venu, appelle-moi… »
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