lundi 13 mai 2013

Sept jours de doutes


22/02/2010

Tout était écrit noir sur blanc dans le mail qu’elle venait de m’envoyer.

La copie conforme de la note qu’elle venait de diffuser sur son blog.

Les mots me manquaient.

 

Ce soir-là, j’allais rejoindre comme à mon habitude des amis pour jouer aux cartes, dans un bar Parisien. Un bon moyen de décompresser, tout en racontant sur le ton de la rigolade cette étrange histoire avec cette inconnue au cœur fragile.

Ce soir-là, mon téléphone était à moitié chargé.

 

Les Smartphones sont géniaux pour plein de choses, mais ils ont la mauvaise habitude de se décharger beaucoup trop vite, dès lors que la 3G est branchée. Critère essentiel qui rend le Smartphone si utile : avoir la possibilité de lire ses emails de partout.

 

Ce soir-là, je ne comptais pas, lui répondre. Pas avant 4 jours.

 

Elle n’a pas cessé d’appeler.

Entre 2 cartes à jouer, je filtrais. Puis j’écoutais. Puis je re filtrais.

 

Elle savait, bien évidemment que je filtrais…

 

Et puis ses messages sont devenus de plus en plus insistants.

Elle pleurait au téléphone.

Elle m’implorait.

 

Faible que je suis face à des pleurs au téléphone, j’ai fini par décrocher. Agacé, énervé.

Lui crachant au visage toute ma haine, ma colère, et ma rancœur par rapport à ce rendez-vous une fois de plus manqué.

Elle se laissait insulter, en répétant toutes les 2 phrases qu’elle était un boulet. Le genre de boulet qu’on se traine au pied toute une vie.

 

Et puis elle a fini par m’expliquer avec un peu plus de détails tout ce qui s’était passé.

La révélation de son ex… Les coups de fil incessants… Le duty Free Argentin… le malaise… L’hôtel.

Le réveil… la honte.

Et la suite.

 

L’ex, se montrant incroyablement gentil, et compréhensif.

La déclaration de mariage, qu’il lui avait fait. Avec un diamant gros comme le poing.

Les excuses, par milliers qu’il lui donnait, pour essayer de tout recommencer.

Les promesses, d’avoir dorénavant une vie sans maitresses.

Les pleurs de sa belle-fille, voulant absolument qu’elle redevienne la belle-mère qu’elle avait tant adorée.

 

La honte.

Encore et toujours.

La peur de ma réaction. La peur de m’avoir perdu.

 

J’étais partagé.

Sous le choc de l’avoir au téléphone dans un tel état. Je crois bien que jusqu’à ce moment, je ne l’avais jamais entendu pleurer et se mettre dans des états pareils.

Mais son histoire était trop improbable. Tellement incroyable… Je n’arrivais pas à y croire.

Une nana aurait fait un coup aussi gros à ce multi entrepreneur, chef d’entreprise, commercial, séducteur, père de famille… et il aurait plongé ?

« Il est assez naïf » me confirma-t-elle.

Stupide aurait été le mot juste.

 

Son histoire ne pouvait pas être vraie.

Et pourtant, pourtant… tout semblait coïncider.

 

« Bon très bien. Et maintenant on fait quoi ? »

La suite devenait floue.

Contrairement à ce qui était initialement prévue, elle ne reviendrait plus en étant une célibataire en quête d’une nouvelle vie, mais bien une femme en couple. En couple « fébrile », mais en couple malgré tout.

Tous nos plans étaient tombés à l’eau.

 

Et mes poils pubiens commençant à repousser me faisaient souffrir le martyr. Dire que j’avais fait tout ça pour elle.

 

« Ok, maintenant tu te sens mieux, pourquoi ne reviens tu pas maintenant ? » lui demandais-je.

Mais c’était trop simple.

 

« Il y a ma belle-fille tu comprends… Et puis je crois que j’ai envie de donner une seconde chance à mon ex. En plus tu sais, il a… »

Ça avait coupé.

Plus de batterie.

Presque 35 minutes d’excuses. Et j’étais toujours aussi dubitatif.

Tout s’expliquait. C’est bien ça qui clochait.

 

Ce qui était sûr, c’est qu’elle ne reviendrait pas avant la fin de semaine.

Et qu’elle ne reviendrait pas seule.

 

Ce soir-là… Malgré mon humeur assez morose, j’ai gagné quasiment toute la soirée aux cartes.

 

Malheureux en jeu… Heureux en amour.

Et inversement.

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