lundi 27 mai 2013

Final countdown


Les jours avançaient et se ressemblaient.

 

Ils étaient assez régulièrement bercés de longs coups de fil durant mes heures de travail avec Veronica, qui prenait toujours mal le fait que je raccroche. Le départ au Québec en tête, et Veronica au téléphone, le tout dans un nouvel environnement à manipuler des nouvelles techniques de programmation que je ne maitrisais pas, j’avais multiplié les semaines de retard.

 

J’avais dû gérer en plus les multiples visites de l’appartement d’avec mon ex, qui tardait à se vendre. Nous avions finalement réussi à trouver un acheteur, et à signer le compromis de vente début mars.

 

Il était temps pour moi de changer, de partir vite de cet environnement. Croiser mon ex tous les jours, l’entendre roucouler avec son nouveau Jules au téléphone me rendait fou. J’étais de plus victime de son humeur. Nous devions malgré tout continuer à cohabiter, pour des raisons financières entre autre.

 

Elle ne comprenait pas pour quelle raison j’étais prêt à payer un double loyer 2 mois durant, plutôt que de continuer à partager cet appartement, l’appartement de la trahison. La cohabitation avait duré malgré tout presque 6 mois. Le temps pour moi d’apprendre à la détester.

Le temps pour moi de trouver des acheteurs, avant de trouver enfin un appartement à louer.

 

Ma deadline approchait à grand pas : je me devais de trouver un appartement rapidement, avant que Veronica mette fin à son histoire. Je devais m’installer « seul ». Un point qu’elle avait mis du temps à comprendre. Qu’elle avait par la suite compris avec beaucoup de pleurs… « Je pensais que notre prochain appartement, on le choisirait tous les deux… »

Elle n’avait pas de colocation aussi douloureuse que la mienne à gérer. Et puis, elle était du genre à fuir, là où j’avais tendance à aller de l’avant.

 

En quelques coups de fil, avec énormément de chances, je finis par trouver un appartement correspondant dans les grandes lignes à ce que je souhaitais.

De toute façon, le choix était limité… C’était le seul.

Le seul que j’avais visité, le seul de disponible.

Le seul qui concordait avec mon budget, ma localisation, la superficie souhaitée.

 

Veronica ne comprenait pas que je ne pouvais pas signer un bail en disant « oui, en fait je vais payer avec une seconde personne, ma future femme, mais je ne l’ai pas encore vue. Mais ne vous inquiétez pas, elle viendra, et en plus elle a plein d’argents sur des comptes bloqués ! »

Elle était dans son monde de Bisounours, logée à l’œil chez son ex, propriétaire, 10 ans durant. Elle n’était pas vraiment consciente de l’offre et de la demande de l’immobilier à Paris et dans sa région.

 

Les jours avançaient donc.

Ponctués par nos longs coups de fil.

Par les coups de fil qu’elle donnait à Aliénor.

Par les coups de fil qu’Aliénor me donnait, tentant de résumer comme elle pouvait les précédents coups de fils d’avec Veronica tel un hibou. Tel Hedwige dans Harry Potter.

 

Quelques évènements venaient néanmoins pimenter le quotidien.

La fois, durant laquelle, j’avais exigé qu’elle vienne au pied de mes bureaux, étant donné qu’étant en arrêt maladie, ça ne lui coutait rien de prendre la voiture.

Sans quoi, j’envisageais de tout arrêter.

Elle avait alors réclamé les clés à son ex, lequel avait refusé de les lui donner.

Elle lui avait alors demandé qu’il l’emmène au pied de mes bureaux. Chose qu’il avait bien évidemment refusé.

En pleurs, fébrile, elle avait alors appelé Aliénor, pour lui demander de faire le taxi.

 

Aliénor ne savait que faire… hésitant entre faire l’aller et retour, mais embêtée par l’urgence de la situation, ainsi que le timing serré avec l’heure de sortie d’école de ses gosses.

Alors qu’elle était dans tous ses états, partagée entre la colère et la tristesse de me perdre, une voix d’homme la coupa :

« Non mais vous allez arrêter d’embêter Veronica ? Elle est fragile en ce moment… alors laissez la tranquille. Merci. »

 


Aliénor fut bouche bée.

L’ex de Veronica venait de lui raccrocher au nez. Pensant sûrement que c’était moi.

Rapidement, il l’a rappela, s’excusant platement, pensant effectivement m’avoir au bout du téléphone.

Après s’être confondu en excuses, il lui expliqua que Veronica était une bonne fille, mais était un peu perdue, très fragile et très dépendante en ce moment. Toute cette histoire (sa maladie, l’annonce à l’aéroport, la demande en mariage, le mois de test) l’avait épuisée, et elle peinait à se remettre d’aplomb.

Aliénor lui demanda, s’il connaissait mon existence. Il confirma.

-       Pourquoi ne pas l’appeler une bonne fois au téléphone, pour crever l’abcès ? 

-       Je suis un peu trop vieille France pour ça… 

 

Tout était dit.

En quelques mots, l’existence de son ex venait d’être démontrée, ex qui était au courant de mon existence, conscient de la place que je prenais dans le cœur de Veronica, et au petit soin pour elle, le temps de la remettre en forme.

 

Malgré sa faiblesse, elle était assez en forme pour s’envoyer en l’air (dans les 2 sens du terme) les week-ends. Un week-end à Amsterdam… durant lequel, elle confiera à Aliénor « à quel point c’est trop bon de s’envoyer en l’air en étant complètement drogué », et un autre week-end à Barcelone…

 

De mon côté, je m’accrochais à mes projets à courts termes (mon déménagement essentiellement), pour ne pas trop penser aux parties de jambe en l’air de mon amoureuse… avec son ex, qu’elle appelait sur son blog (et lorsqu’elle en parlait avec Aliénor) : « mon mec ».

 

Il n’y a que pour moi qu’elle faisait la différence.

 

Et puis il y eu cet autre petit épisode sortant un peu du commun.

Après avoir eu confirmation auprès de mon responsable, comme quoi ma mission dans cette nouvelle entreprise se déroulait bien, (et en d’autres termes que je pouvais l’esprit léger déménager tout à côté de cette nouvelle entreprise, sans avoir l’appréhension de perdre ma mission dans les semaines qui venaient), j’organisais mon déménagement. Celui-ci était prévu le lendemain de mon anniversaire.

 

J’avais profité de cette journée pour poser un jour de congé afin de préparer mon déménagement.

Je devais le matin aller récupérer un fauteuil de bureau pour mon ordinateur, qu’un particulier m’avait vendu via eBay, suite à quoi je déjeunerais avec Aliénor, avant de signer l’état des lieux, et déposer quelques affaires dans mon nouvel appartement.

 

Je n’ai jamais aimé rouler en voiture à Paris.

Une perpétuelle appréhension liée au fait que sans mon GPS je suis complètement perdu, et qu’un automobiliste perdu à Paris, est un automobiliste qu’on va klaxonner.

Et j’ai juste horreur qu’on me klaxonne.

 

De plus, les places de stationnement libres à Paris, on en parle souvent, mais on n’en voit jamais.

 

Je me rendis néanmoins comme convenu chez le vendeur pour récupérer mon siège d’ordinateur quasi neuf.

Hasard ou destinée, le bureau de Veronica, se trouvait tout à côté de là où j’étais.

Ni une ni deux, je décidais de me rendre au pied du bureau, et de la guetter.

 

Elle m’avait dit que 4 fois par an, elle participait à une réunion, une sorte de bilan comptable. Un truc chiant, auquel elle se devait d’assister, et qu’elle n’aurait probablement pas la possibilité de venir me rejoindre en bas.

Et pour une fois, elle avait vu juste.

Pour une fois, notre première rencontre n’aurait pas lieu.

Pour une fois.

Comme une impression de déjà-vu…

 

Je lui ai envoyé un SMS pour lui signaler que j’étais en bas de son immeuble, que je l’attendais.

Elle m’a répondu qu’elle ne pouvait pas. Qu’elle n’était pas disponible.

 

J’aurais pu rester plus longtemps, mais d’une part je n’avais pas de carte de stationnement (et les pervenches à qui j’avais assuré que j’étais sur le départ ne semblaient pas d’humeur à plaisanter), d’autre part j’avais un déjeuner de prévu avec Aliénor.

 

Déjeuner un peu entaché par le coup de fil de l’agent immobilier qui me louait l’appartement, qui m’annonçait du plus simplement possible, que l’état des lieux n’aurait pas lieu à 14h ce jour comme cela était initialement prévu.

-       Ecoutez-moi bien, on est moins de 24h avant le début de mon déménagement, je ne vais pas pouvoir faire l’état des lieux, je n’aurais pas les clés, et vous ne voulez pas que je panique ? 

-       Vous n’avez qu’à venir les chercher demain, à la première heure… 

-       Demain j’ai un déménagement de prévu. J’aurais un peu autre chose à faire que de venir chercher des clés… 

 

Tout fini par s’arranger.

Le premier jour de mes 31 ans, j’étais donc nouvellement locataire d’un chouette 52m² vierge de toute femme.

Loin de ma précédente histoire.

 

De plus… Le mois de Mars touchait presque à sa fin. Et avec lui, se terminait le mois d’engagement de Veronica envers son ex.

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