vendredi 22 mars 2013

Trois bouts dans sa main

Elle a continué à me parler de son ex. Me parlant de ses multiples maîtresses, de ses histoires d'un soir : "Marco est un type très 'sexuel'. Moi parfois. Parfois seulement".

Avec le recul, ce « parfois » me fait sourire.

 

Une maîtresse a fini par prendre trop de place dans la vie de son ex. Présente aux soirées de l'agence. Et puis son ex il l'a envoyé un mois en vacances, loin de lui, avec ses beaux enfants à gérer.

 

Et puis sa maîtresse est tombée enceinte. Elle est devenue celle qui aller s'installer dans son appartement à sa place, appartement qu'elle avait refait.

Appartement dans lequel, dix ans durant ils avaient vécu.

Appartement dans lequel il ne voulait pas lui faire un bébé.

Appartement dans lequel de toute façon elle lui aurait refusé.

A fleur de peau, c'est l'état dans lequel, suite à cette situation elle se sentait.

 

Puis elle a demandé à quoi correspondaient mes initiales.

 

J'aurais pu répondre simplement à sa question, mais je ne sais pas trop pourquoi, j'ai étalé mes 4 dernières années, suivi de l'épisode tragique de la veille. Il parait que c'est une bonne thérapie que de se confier, lorsque des choses tragiques se sont passées.

Elle a été ma confidente, comme j'ai été le sien.

 

Un appartement à deux c'est chiant à gérer.

Mais qu'en est-il lorsque son ex est son boss ?

Que seules ses fiches de paye tiennent lieu de contrat ?

C’est compliqué.

 

Les choses matérielles sont et restent toujours au final, les choses les plus chiantes à gérer lors d'une séparation.

 

Et puis elle a lâché cette information. Cruciale. Si importante.

"Marco est mon premier et unique mec".

 

30 ans, et un seul ex.

Une histoire de 10 ans.

 

Quelle conclusion doit-on en tirer ?

C’est compliqué. Très, compliqué.

 

J'ai toujours pensé qu'il fallait avoir plusieurs expériences amoureuses dans une vie avant de se caler, une bonne fois pour toute, avec le bon ou la bonne. Sans quoi, le démon de midi fini toujours par nous chatouiller. A 30 ans, 35 ans, 40 ans, 45 ans... En fait, je crois qu'il n'y a plus d'âge pour le démon de midi. Je ne crois même pas qu'il y ait une règle, qui protège ou non un couple de la séparation à un âge donné. Tellement de paramètres rentrent en cause...

Le passé peut être.

Les rencontres du quotidien, sûrement.

Le caractère, inévitablement.

 

Une seule histoire donc.

Un seul ex.

Ce qui rajoute une qualité supplémentaire à sa longue liste de qualités : "Le premier".

"Je devrais m'effacer de la vie de ses enfants" me confiait telle, tout en m'apprenant que sa seule famille était sa grand-mère et son grand- père, en Argentine.

Ni frère, ni sœur.

Ni parents.

 

Un univers de 10 ans, qui s'effondrait. Et comme tout le monde qui rencontre ce même genre de cataclysme, aucun mode d'emploi pour savoir par quoi commencer pour reconstruire son présent et son futur.

Une seule certitude : 10 ans d’histoire, ne se tournent pas en 10 jours. Peut-être pas plus en 10 semaines.

 

Seule la problématique « financière » ne semblait pas lui poser problème. Un ou des gros comptes bloqués en banque, alimentés par 10 ans dans une vie de couple, nourrie, logée et blanchie, à ne rien dépenser (rien n'incluant pas les sacs, les fringues, et les chaussures... mais qui représentait un certain budget, plus que conséquent).

 

Et puis, c'est arrivé comme un cheveu sur la soupe.

Sans aucun rapport cause conséquence.

"Côté sexe je suis assez traditionnelle en fait je crois. Marco a une sexualité plutôt 2.0. lol. J'imagine que tu ne vois pas à quoi cela correspond ? Comment faire un résumé de ça sans être choquante... Voyeur ? Joueur ? C'est un chapitre délicat. T'en parler pourrait te faire fuir plus vite que ton ombre. Et puis il est peut-être un peu tôt pour parler sexe 2.0"

 

Voyeur.

Joueur.

Que de mots intrigants pour un concept obscur.

 

J'ai mis de longs mois, avant de comprendre ce dont elle parlait, en parlant de ce concept sexe 2.0.

J'aurais pu rebondir sur plein d'autres choses, mais cette fin de chapitre a été la première chose sur laquelle j'ai rebondi.

 

Je lui ai parlé de mon fétichisme et mon attirance pour les bas chez les femmes d'une manière générale, de mon côté voyeur, ou juste, visuel pour un mec au final. J'ai repensé à son profil, sur Meetic, profil dans lequel elle précisait apprécier "la littérature érotique".

Détail qui m'avait fortement intrigué sur la véracité de son profil.

Puis j'ai répondu à d'autres sujets.

 

Si je devais résumer les mails qui m'ont le plus marqué dans notre histoire, celui-ci doit en faire partie.

 

Je me souviens que lorsque je l'ai reçu, j'étais en train de jouer au tarot avec des amis. Oui, tous les hobbies étaient bons pour être le moins souvent possible à l'appartement. Alors pourquoi ne pas jouer aux cartes entre amis ?

 

"Visuel. Un mec quoi" ont été les premiers mots de son e-mail.

Ce n'est plus tard, que j'ai fini par comprendre que la provocation du sujet orienté 'sexuel' était volontaire de sa part.

 

Elle m'a alors expliqué son histoire par rapport aux bas. Son début avec son ex également, les deux sujets étant étroitement liés.

 

"Visuel... un mec quoi. Mais as-tu déjà réglé les sièges de ta voiture de façon à ce que les genoux de ta passagère soient plus hauts que ses fesse, de telle sorte à ce que sa jupe s'obstine à glisser sur ses cuisses ? "

 

Marco, faisait ça. »

C'est lors de son stage, au tout début de son travail chez son ex, lors d'une visite chez l'un de ses clients que cela s'est passée. Elle s'est assise, enfoncée comme dans un trou dans ces sièges, dévoilant ainsi le haut de ses Dim up.

 

"D'aussi jolies jambes devraient être gainées dans des bas de soie..."

 

Le lendemain, il lui offrait une paire de bas en soie et un porte-jarretelles. La semaine d'après, elle a sûrement fait exprès de ne montrer aucun doute quant au fait qu'elle portait ce qu'il lui avait offert...

Au retour, de ce rendez-vous, il lui a affirmé la chose suivante : "d'aussi jolies fesses ne devraient pas porter des culottes qui marquent".

 

Tout a commencé comme ça.

Des cadeaux coquins, des flirts.

De la baise au bureau, lors d'heures supplémentaires tard le soir. Faisant tomber les dossiers par terre. Ou sur la photocopieuse, dans la salle des fournitures.

Il était marié à l'époque. Puis elle m'a expliqué qu'elle était devenue sa maîtresse. La situation était terriblement excitante. Il lui a fait découvrir la vie, petite vierge d'une famille traditionnelle d'Amérique Latine qu'elle était.

 

Ils baisaient, et il se confiait à elle.

Lui parlait de sa femme qui perdait la boule. Et puis le divorce suite à l'expertise médicale a été prononcé. Sa « maîtresse » en semaine, elle devenait la belle-mère le week-end.

 

Et puis les enfants ont grandi.

L'agence a pris de l'ampleur.

Le sexe était alors sa seule détente.

Ça a été l'avènement du sexe 2.0.

Et puis il a commencé à aller voir ailleurs, maintenant qu'elle était devenue dépendante de lui, physiquement et mentalement.

 

Voilà. C'était ça son histoire.

 

Autant de questions que de réponses.

Vierge d'un homme, mais sûrement beaucoup plus expérimentées que moi.

Mère par intérim, mais sûrement une future mère expérimentée.

Amoureuse, et trahie.

 

Aussi détruite que moi.

Peut-être plus.

Sûrement plus.

Ma vie était partout ailleurs, mes amis, ma famille.

 

Elle, elle n'avait que lui.

Lui et son monde.

Tout s’était effondré d’un coup.

 

Elle m'a également dit qu'elle avait gardé mon numéro de téléphone, mais qu'elle n'était pas prête à passer au mode 'voix'. Qu'elle n'aimait pas le téléphone.

 

Avec le recul, je pense pouvoir dire qu'il lui rendait bien.

 

Si un jour j'y tenais cependant, elle m’appellerait.

 

Ce soir-là, elle m'a également confié qu'elle n'allait plus sur Meetic.

Qu'elle continuait à discuter avec 2 personnes en mode amical.

2 personnes.

Et moi.

 

Ce soir-là, elle m'a demandé si je gagnais ou non au tarot.

Je lui ai répondu que j'avais plutôt tendance à perdre...

 

"Est-ce lié au fait que tu ne tires pas des bonnes mains ? ou parce que je trotte dans ta tête " me demanda-t-elle

"Non, j'ai 3 bouts dans ma main. Est-ce que cela répond à ta question ? "

 

"C'est adorable... A très vite. "

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